LETTRE OUVERTE: 14 mars – Journée internationale des actions faites contre les barrages et pour la promotion des rivières

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Photo de Olivier Bouchard-Lamontagne – Tous droits réservés. 

Depuis 1997, lors de la 1ère Rencontre internationale des personnes affectées par les barrages et leurs alliés à Curitiba, au Brésil, le 14 mars est devenu la Journée internationale des actions faites contre les barrages et pour la promotion des rivières; moment privilégié pour rendre spécialement hommage aux communautés en résistance qui luttent contre des projets hydroélectriques. Que l’on soit d'Amérique latine, d'Asie, du Québec, ou de n’importe où dans le monde, l’eau est source de vie et aussi parfois de réconfort, lorsqu’elle se présente sous forme d’une majestueuse chute, ou d’une magnifique rivière. Ce texte, d’une combattante du Lac-St-Jean, témoignage d’amour à la Ouiatchouan, chute de Val-Jalbert, aurait pu être écrit par des gens de partout, d’ici et d’ailleurs, amoureux et défenseurs de leur rivière, faisant face au mutisme, à l’indifférence, à l’incompréhension et à l’inconscience…

Lettre à tous ceux qui ne savent reconnaître la beauté du monde, qui ne savent reconnaître ce qui est plus beau, plus grand qu’eux et qui s’attaquent à ce que l’on a de plus précieux… A tous les castors de ce monde qui marchent debout!

 

Si vous la connaissiez …

Si vous la connaissiez, si vous connaissiez, vous tous, cette chute, si vous aviez déjà contemplé cette beauté. Si, un jour, vous vous étiez recueillis, humbles et tout petits, devant sa majesté. Si seulement vous l'aviez vue, juste une fois, si vous l'aviez entendue gronder sa joie, d'être libre… Si vous aviez vu, vous tous, dans la roche, ce qu'elle a pris le temps de faire, petit à petit, sans compter les heures, jour et nuit. Si vous aviez eu sur la peau, en ces chaudes journées d'été, ces fines gouttes d'eau, douces et fraîches…

Si, par un jour d'orage, assis auprès d'elle, vous aviez eu la sensation de ne faire plus qu'un, de vous fondre l'un dans l'autre, sans savoir où l'une commence, où l'autre fini… Si, dans le froid et le frimas, après une longue marche, vous vous étiez retrouvés devant elle, incapable de parler, de respirer, le souffle coupé, devant cette infinie beauté, cet écrin de glace, ayant l'air de la protéger…

Et si vous étiez allés, un peu plus bas, le long de son cours, vous allonger sur les roches plates, juste pour contempler ses remous blancs, si vous aviez eu l'envie de vous retrouver dedans… Si vous aviez juste une fois regardé cette eau courir et couler le long des rochers.

Si seulement vous aviez fait tout ça, vous tous, alors là, vous sauriez de quoi vous parlez… Alors là, vous verriez toute l’ampleur et l’horreur de votre geste… Alors là, peut-être, pourriez-vous comprendre et faire quelque chose pour que cela cesse!

 

Source: Marie Néron, Citoyenne de Roberval, pour l’eau libre dans le monde, en collaboration avec Fondation Rivières

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