Madagascar a besoin de 41 millions de dollars pour mettre fin à l’invasion de criquets

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Photo de Jonathan Hornung – Wikipedia commons

Madagascar a besoin d'urgence de plus de 22 millions de dollars d'ici juin pour commencer à lutter contre la terrible invasion de criquets qui menace les prochaines saisons culturales et la sécurité alimentaire de plus de la moitié de la population, indique la FAO. L'Organisation souligne toutefois la nécessité de mettre en œuvre une stratégie sur trois ans, qui requiert 19 millions de dollars supplémentaires.

Actuellement, près de la moitié du pays est infestée de bandes larvaires et d'essaims d'individus ailés – chaque essaim étant composé de milliards de ces insectes dévoreurs de plantes. La FAO estime qu'environ les deux tiers du pays seront affectés par l'invasion acridienne d'ici septembre 2013 si aucune mesure n'est prise.

Au vu de la dégradation de la situation, le Ministère malgache de l'agriculture a, le 27 novembre 2012, déclaré l'état d'alerte acridienne et effectué une proclamation de calamité publique sur tout le territoire national . En décembre, le ministère a sollicité l'assistance financière et technique de la FAO pour faire face à l'invasion, mobiliser des fonds, puis coordonner et mettre en œuvre la réponse d'urgence.

Le financement d'urgence, qu'il faut réunir d'ici juin, permettra à la FAO, en collaboration avec le Ministère de l'agriculture, de lancer la première année d'une campagne antiacridienne de grande ampleur.

Près de 60 pour cent des plus de 22 millions d'habitants que compte l'île pourraient être menacés d'une nette aggravation de la faim, dans un pays qui affiche déjà une insécurité alimentaire et une malnutrition extrêmement élevées. Dans les régions méridionales les plus pauvres, où a débuté l'invasion, environ 70 pour cent des ménages souffrent d'insécurité alimentaire.

L'infestation menace actuellement 60 pour cent de la production rizicole malgache; or, le riz est le principal aliment de base à Madagascar, où 80 pour cent de la population vit avec moins d'un dollar par jour.

Les essaims de criquets dévoreraient aussi l'essentiel de la végétation verte qui sert habituellement de pâturage.

 

Du début à la fin

«Nous savons par expérience que cette invasion nécessitera trois ans de campagnes antiacridiennes. Nous avons besoin des fonds maintenant pour assurer les approvisionnements et organiser dans les délais les opérations aériennes de prospection et de lutte», explique Mme Annie Monard, Fonctionnaire principale à la FAO et Coordinatrice de la réponse antiacridienne de l'Organisation.

«Une incapacité à agir maintenant résultera plus tard en des besoins massifs en assistance alimentaire», précise M. Dominique Burgeon, directeur de la Division des urgences et de la réhabilitation.

«Les campagnes des années précédentes n'ont pas été suffisamment financées et toutes les infestations n'ont malheureusement pas pu être maîtrisées», explique Mme Monard, en donnant l'image d'une mauvaise herbe dont on n'aurait pas coupé les racines et qui repousserait ensuite de plus belle.

 

Efforts nationaux actuels

Le Centre national antiacridien a traité 30 000 hectares de terres agricoles depuis le début de la saison des pluies, en octobre 2012. Mais quelque 100 000 hectares qui devaient être traités ne l'ont pas été compte tenu des capacités limitées des pouvoirs publics.

Fin février, la situation s'est encore détériorée avec le passage du cyclone Haruna, qui a non seulement endommagé les cultures et les habitations mais aussi créé des conditions de reproduction optimales pour une nouvelle génération de criquets.

Durant la première année, la stratégie de lutte antiacridienne de la FAO reposerait sur des opérations aériennes à grande échelle. Environ 1,5 million d'hectares seront traités en 2013-2014, puis 500 000 hectares la deuxième année, et seulement 150 000 hectares au cours de la troisième et dernière année d'intervention. Toutes les opérations seront réalisées dans le respect de la santé humaine et de l'environnement.

La stratégie prévoit également:

  • la création et la formation d'une Cellule de veille acridienne au sein de la Direction de la protection des végétaux, pour le suivi et l'analyse des situations acridiennes dans toute la zone d'invasion;
  • les opérations de prospection aériennes et terrestres;
  • le suivi des opérations de lutte antiacridienne et l'atténuation éventuelle de leur impact pour préserver la santé humaine et de l'environnement;
  • des formations à la gestion des pesticides et des opérations de lutte.


Une évaluation de l'impact de la crise acridienne sur les cultures et les pâturages sera réalisée tous les ans pour déterminer le type de soutien dont les ménages agricoles affectés ont besoin.

 

Source: FAO

 

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