Coupes forestières dans le parc de la Vérendrye : la colère monte

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Par Bénédicte Filippi


L'aîné Robert Robinson qui a entamé mercredi dernier une grève complète de la faim, était de la manifestation organisée par SOS Poigan. Photo de Bénédicte Filippi – Tous droits réservés

Mots-clés: coupes forestières, forêt Poigan, Algonquins, SOS Poigan, réserve faunique de la Vérendrye

Une quinzaine de manifestants s’est rassemblée jeudi devant le siège social montréalais de la compagnie Produits Forestiers Résolu(PFR), afin de dénoncer les « coupes à blanc » effectuées sur le territoire de la forêt Poigan, au cœur de la réserve faunique de la Vérendrye en Outaouais. Répondant à l’appel du collectif montréalais SOS Poigan, les protestataires ont affiché leur solidarité vis-à-vis des familles algonquines habitant sur le territoire où se déroule l’intense activité forestière.

 

Du déjà-vu 

C’est la deuxième fois que le collectif se mobilise contre la plus grande compagnie de produits forestiers au Canada. L’été dernier, les militants avaient soutenu les grand-mères algonquines qui s’étaient levées contre PFR pour éviter la destruction du territoire de la forêt Poigan, encore épargné des coupes. 

Or, moins d’un an plus tard, c’est plus de 60% de la couverture forestière de ce site qui a disparu. « Un drame humanitaire », selon le co-porte-parole de SOS Poigan, Vincent Dostaler, qui rappelle que les opérations forestières sont réalisées sur un territoire à haute valeur symbolique pour les Algonquins. « Poigan signifie calumet de paix en algonquin. Cette forêt, c’est leur garde-manger, leur pharmacie, leur université, leur temple. Et on la supprime », déplore-t-il.

 

Provocation


Ainsi, lorsque le président de PFR se présente, comme cela a été le cas hier, à l’Empire Club of Canada à Toronto afin de vanter la politique de développement durable de sa compagnie auprès des gens d’affaires et des gestionnaires, c’est la goutte de trop pour SOS Poigan. « À travers les 25 dernières années, plus de la moitié du territoire du parc de la Vérendrye a été coupé. On reboise en faisant de la monoculture. Ça a un impact sur la biodiversité, les animaux déclinent. On ne parle plus de forêt à la Vérendrye, mais de plantations », s’indigne le second porte-parole du regroupement, Marc-André Toupin.


Défi de cohabitation


Une situation d'autant plus préoccupante qu’elle a lieu dans une réserve faunique censée « constituer un lieu privilégié pour l’acquisition de connaissances et de savoir-faire en matière de conservation et de gestion de la faune et des habitats », indique la Société des établissements de plein-air du Québec (SÉPAQ) sur son site web. Si l’exploitation des ressources naturelles reste permise dans les réserves fauniques, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) désire toutefois harmoniser ces activités avec la vocation de conservation et de mise en valeur de la faune des réserves fauniques.

Or, il n’y a pas d’harmonisation qui tienne sans le consentement des Algonquins, soutient SOS Poigan. « On réclame que ces familles algonquines soient entendues des gouvernements. On souhaite qu’il y ait un moratoire sur les coupes forestières et qu’un véritable plan de gestion d’aménagement du territoire soit établi », martèle Marc-André Toupin. 

Pour l’instant, il n’y a toujours pas de gestes concrets de la part du MRNF. SOS Poigan a envoyé cet hiver une lettre exposant la gravité de la situation des Algonquins et réclamant une rencontre avec la ministre responsable, Martine Ouellet. Il n'y a jamais eu de réponse.

« Le SOS qui est dans le nom de notre collectif renvoie à l’urgence d’intervenir. C’est assez. Il faut sauver la vie. Si l’échéance est passée pour Poigan, elle ne l’est pas encore pour les autres réserves fauniques », maintient Vincent Dostaler. 

 

Source : GaïaPresse

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