Destruction d’un des derniers habitats de la rainette à La Prairie

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Nature Québec a écrit aujourd’hui au ministre fédéral de l’Environnement, Peter Kent, pour qu’il fasse adopter un décret d’urgence en vertu de l’article 80 de la Loi sur les espèces en péril, afin de protéger l’habitat de survie de la rainette faux-grillon dans le bois de la Commune, à La Prairie en Montérégie. Ce bois est menacé par un développement résidentiel dont les travaux préparatoires ont déjà commencé. « Cette population de rainette, une magnifique petite grenouille, a déjà subi des pertes supérieures à 50 % depuis le début des années 1990 et la destruction de cet habitat compromettrait directement sa survie », estime Sophie Gallais, chargée de projet et biologiste à Nature Québec.

Nature Québec a récemment obtenu copie d’un compte-rendu de la dernière rencontre de l’équipe de rétablissement de l’espèce au Québec. Les experts qui composent cette équipe, notamment un représentant d’Environnement Canada, reconnaissent que les mesures de protection et de compensation actuellement prévues pour ce qui reste de la métapopulation du bois de la Commune à La Prairie n’offrent pas les garanties nécessaires pour assurer sa survie et compromettent le rétablissement de l’espèce. Le compte-rendu évoque d’ailleurs la possibilité, pour le gouvernement fédéral, d’intervenir avec certaines dispositions de la Loi sur les espèces en péril.

La protection de la métapopulation du bois de la Commune à La Prairie est désignée comme enjeu dans le plan de rétablissement provincial de l’espèce. Les gouvernements canadien et québécois ont d’ailleurs collaboré à la production du plan de conservation de la rainette faux-grillon à La Prairie en 2008. Dans un avis public émis en 2007 et annexé à ce plan de conservation, l’équipe de rétablissement constate le manque d’outils législatifs adéquats dans le droit du Québec pour protéger l’habitat de rétablissement ou de survie de la rainette faux-grillon de l’Ouest. En 2010, l’équipe de rétablissement a rendu public un autre avis, dans lequel elle réitère la faiblesse des outils légaux en place au Québec pour protéger les habitats fauniques sur terres privées.

La situation décrite dans les avis de 2007 et 2010, véritables cris d’alerte, n’a malheureusement rien changé, comme en témoigne le dernier compte-rendu de l’équipe de rétablissement obtenu par Nature Québec.

Le projet domiciliaire, qui menace actuellement ce qui reste de la métapopulation du bois de la Commune à La Prairie, s’amorcera dans les prochaines semaines, voire les prochains jours. Plusieurs arbres ont déjà été abattus cet hiver pour le passage de la machinerie lourde et le tracé des rues. Certains milieux humides ont été altérés par ces travaux. Le caractère imminent de la menace est indiscutable.

La demande au ministre Kent, signée par Christian Simard, directeur général de Nature Québec, se termine par un appel pressant : « Nous vous demandons donc de préparer rapidement un décret à être adopté d’urgence par le Gouverneur en conseil et d’y prévoir la désignation de l’habitat qui est nécessaire à la survie ou au rétablissement de l’espèce dans l’aire visée par le décret, c’est-à-dire à La Prairie, et d’inclure dans ce décret des dispositions interdisant les activités susceptibles de nuire à l’espèce et à cet habitat ».

 

Source: Nature Québec

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