Entreposage du coke de pétrole : l’AQLPA s’inquiète des conséquences

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Photo de Flcelloguy – Wikipedia commons

L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) s’inquiète des conséquences pour la santé humaine et des écosystèmes de l’entreposage de coke de pétrole (petcoke) comme cela se fait présentement aux abords de la rivière Détroit. « Contrairement à ce qu’affirment les représentants de l’industrie, nos recherches démontrent plutôt que l’entreposage du petcoke doit se faire de façon sécuritaire afin de protéger la santé des populations et des écosystèmes» souligne André Bélisle, président de l’AQLPA.

 

Qu’est-ce que le petcoke ?

Le raffinage du pétrole, c’est aussi la production de sous-produits dont le coke de pétrole (petcoke) : Les contaminants indésirables générés par le processus de raffinage sont concentrés en un sous-produit appelé coke de pétrole. Le petcoke est composé essentiellement de carbone et généralement de 2 à 10 % de soufre. Il peut comprendre de 5 à 15% de matières volatiles.

En termes de pollution atmosphérique le coke de pétrole utilisé comme combustible dégage une intensité carbonique beaucoup plus élevée que le charbon et émet de 5 à 10% plus de CO2, notoire gaz à effet de serre. Ainsi, une tonne de petcoke serait responsable de l’émission de 53,6% plus de CO2 qu’une tonne de charbon». D’autres analyses indiquent que les émissions de CO2 pourraient être encore plus importantes, la combustion d’une tonne de petcoke pourrait produire jusqu’à 80% fois plus de CO2 comparativement à une tonne de charbon. En plus du CO2, la combustion de petcoke émet également un autre gaz polluant, le SO2 qui contribue à la formation du smog et des pluies acides.

 

Des tas de petcoke laissés à tous les vents

Outre les impacts sur les émissions atmosphériques causés par l’utilisation du petcoke comme combustible, d’autres types d’impacts doivent être considérés. Notamment, ceux liés à l’entreposage inadéquat du produit, laissé à tous les vents comme cela s’est vu au printemps 2013 aux abords de la rivière Détroit.

Le petcoke contient des volumes significatifs de particules de poussières de l’ordre de 10 microns de diamètres (PM10) et de particules de 2,5 microns (PM 2,5). Ces particules sont connues comme pouvant occasionner des problèmes cardiaques et des problèmes respiratoires comme l’irritation des voies respiratoires, l’asthme et l’emphysème. Dans le port de Los Angeles où il y avait d’importants monticules non protégés de petcoke, des études ont démontré un lien entre les poussières provenant de ces monticules et le taux d’incidence des problèmes respiratoires et cardiaques de la population avoisinante. Il faut savoir que les particules de petcoke, en plus du carbone, sont composées d’azote, de soufre, de produits organiques et de métaux. Deux métaux sont en concentrations importantes dans le petcoke ; le nickel et le vanadium. Il s’agit de métaux reconnus comme pouvant avoir des effets négatifs sur la santé et potentiellement cancérigènes.

Il faut donc considérer que la présence de monticules de petcoke peut représenter un danger pour la santé en fonction de l’exposition aux matières particulaires fines. D’ailleurs les fiches toxicologiques des compagnies productrices et/ou utilisatrices ne laissent planer aucun doute sur la dangerosité du produit pour la santé. Partout on y souligne d’éviter d’inhaler les poussières et d’éviter que le produit ne soit en contact avec les sols et/ou cours d’eau.

« C’est stupéfiant de constater la négligence dont on fait preuve présentement en laissant à tous les vents des tas de petcoke sans égard pour la santé des populations et de l’environnement ! Sachant que le Québec est le plus gros utilisateur canadien de coke de pétrole et que l’augmentation prévue de la production et du raffinage du pétrole sale des sables bitumineux ne pourra que faire augmenter l’utilisation et la combustion du coke de pétrole, il y lieu de s’inquiéter grandement au Québec pour la qualité de l’air. Nous demandons une évaluation environnementale et une audience publique par le BAPE au Québec pour assurer le respect de nos engagements environnementaux qui sont maintenant  sur la ligne de feu » conclut André Bélisle, président de l’AQLPA.

 

Source: AQLPA

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