L’acceptabilité sociale comme moteur de décision du gouvernement ?

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Par Marie-Eve Cloutier


Mots-clés : Gaz de schiste, acceptabilité sociale, gouvernement, mouvement citoyen, moratoire

 

Photo de Marina Tymofieva – Tous droits réservés

Il existe des « incohérences et des paradoxes incroyables » dans la dynamique politique entourant la prise de décisions dans le dossier du pétrole et du gaz de schiste, estime Lucie Sauvé, directrice du Centre de recherche en éducation relative à l'environnement et à l'écocitoyenneté de l’UQAM.

« Nous avons déjà entendu le gouvernement nous dire que leurs décisions doivent être prises sur des fondements scientifiques et non sur des idéologies. Ensuite, on nous dit qu’au-delà des considérations environnementales et économiques, le gouvernement ne peut pas faire abstraction de l’acceptabilité sociale.

C’est très inquiétant de voir que l’argument qui met un frein à l’avancée de l’industrie pétrolière et gazière dans la Vallée du Saint-Laurent n’est pas scientifique », a confié Mme Sauvé lors de la 10e conférence du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste au Québec qui avait pour thème l’acceptabilité sociale.

 

Pas de pancarte, pas de moratoire ?

Même si de tels propos semblent consacrer de façon positive le mouvement citoyen en disant qu’il y aura des moratoires là où des pancartes auront été brandies, cela semble aussi dire que même si tous les arguments scientifiques sont là pour nous montrer que l’on ne devrait pas développer l’industrie du gaz de schiste, un manque d’opposition consacrerait l’acceptabilité sociale du projet. 

Lors d’une conférence de presse qui a suivi le dépôt du projet de loi qui formalise le moratoire sur l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste dans les basses terres du Saint-Laurent le 15 mai dernier, le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet, expliquait que si le moratoire ne s’étendait pas sur toute la province, c’était parce que la région ciblée est l’endroit où l’on retrouve le shale de l'Utica.

Il avait aussi ajouté que « les enjeux, selon les régions géographiques, sont passablement différents » et que « dans le cas d'Anticosti, on ne parle pas d'une région densément peuplée, où il y a un problème d'acceptabilité sociale qui se définit, comme ça peut se produire, par exemple, dans la région de Bécancour. »

 

Bien définir l’acceptabilité sociale

Marc Brullemans, chercheur en biophysique à l’UQTR, avoue qu’il n’arrive pas à bien définir le concept d’acceptabilité sociale.

Il préfère citer Corinne Gendron, sociologue et professeur à l’UQAM : « L’acceptabilité sociale est l’assentiment de la population à un projet ou à une décision résultant du jugement collectif que ce projet ou cette décision est supérieur aux alternatives connues incluant le statu quo. »

Àa la suite d’une révision de la littérature sur le sujet, Pierre Batellier, coordonnateur au développement durable à HEC Montréal, constate qu’il existe plusieurs définitions de l’acceptabilité sociale. « Il s’agit parfois de processus ou de conditions minimales, ou bien d’un super équilibre. Les niveaux et les échelles ne sont souvent pas les mêmes », a-t-il remarqué.

«  Je pense que l’on peut voir ici une invitation à la société civile pour l’identification de critères pour mieux formuler leurs argumentaires en terme d’acceptabilité sociale », a conclu Lucie Sauvé.  

 

Source: GaïaPresse

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