Les ICI au cœur de la gestion des matières organiques

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Par Vanessa Cournoyer-Cyr 


Mots-clés : compostage, ICI, matières organiques, Politique québécoise de gestion des matières résiduelles.

 

Selon Sabrina Charron de Recyc-Québec, il reste beaucoup de chemin à faire pour atteindre les objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles.

En 2012, le gouvernement du Québec annonçait la création de la Table de concertation sur le recyclage des matières organiques. À l’approche du dépôt du Plan d’action réalisé par la table de concertation, prévu en mai prochain, les intervenants sont appelés à mettre la main à la pâte.

«Il y a actuellement un manque de communication, de réglementation et de mobilisation de la part des acteurs impliqués dans la gestion des matières organiques. Il faut remédier à la situation rapidement», a déploré Pierre Morency, président du Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE), lors d’un souper-conférence organisé par le CREE.

 

Le défi des ICI

Les objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles sont pourtant clairs : l’atteinte d’un taux de recyclage de 60 % des matières putrescibles en 2015 et la fin de l’enfouissement des matières organiques en 2020. Des objectifs qui semblent ambitieux selon certains. «Actuellement, seulement 20% des 4,4 millions de tonnes de matières organiques générées au Québec sont récupérées. Il reste donc beaucoup de chemin à faire pour atteindre ces objectifs», a clamé Sabrina Charron, de Recyc-Québec.

 

Pour les industries, commerces et institutions (ICI), la gestion des matières organiques représente un véritable défi. «La mission des ICI est de faire des affaires. La gestion des matières organiques n’est donc pas leur priorité», a rappelé Sabrina Charron. Les ICI génèrent environ 2 millions de tonnes de résidus organiques alimentaires. Selon Paul Laroche de Compost-GCPL, pour que les ICI fassent partie de la solution, elles doivent être sensibilisées à la gestion des matières organiques. «Il faut leur vendre l’environnement. Il faut leur en parler sous l’angle de la rentabilité», a-t-il affirmé.

 

Des exemples à suivre

Face aux défis imposants que pose la gestion des matières organiques, certains ont décidé de ne pas rester les bras croisés. Citons l’exemple de la Ville de Sherbrooke, qui a adopté un système industriel de compostage permettant la valorisation de 61% de ses matières. Selon Sabrina Charron, le succès de la Ville de Sherbrooke repose en partie sur la participation citoyenne. «La réponse de la population est très favorable, avec un taux de participation de 97,5%.»

À une plus petite échelle, l’entreprise Compost-GCPL agit afin de faire la promotion du compostage sur site. Elle a mené plusieurs projets d’envergure dans différentes ICI, comme les universités, les écoles secondaires et les épiceries. «L’objectif de l’entreprise est d’accompagner les ICI dans la planification de leur gestion des matières organiques, de façon à favoriser l’implantation du compostage. Le composteur mis en place à l’École de technologie supérieure témoigne de la réussite de ces projets», a mentionné Paul Larouche.

La Régie intermunicipale des déchets de Coaticook est un autre exemple de succès. En 2008, elle a mis sur pied une plateforme de compostage pour plusieurs municipalités des MRC de Coaticook et de Memphrémagog. Ses efforts ont porté fruit, alors que la MRC de Coaticook est devenue la MRC qui enfouit le moins de matières par habitant. La Régie a mené un grand effort de sensibilisation auprès de la population, lequel est primordial pour parvenir à un changement des habitudes. «Plus on parle du compostage, plus les citoyens sont actifs et intéressés à y participer», a souligné Jean-Claude Daoust, président de la régie.

 

Les prochains développements

Selon Pierre Morency, les prochaines années seront déterminantes pour la gestion des matières organiques au Québec. «En interdisant l’importation des déchets solides, la Chine est venue affirmer qu’elle n’est plus le dépotoir du monde. Nous n’avons plus le choix de changer nos pratiques pour mieux gérer notre production de déchets», a-t-il martelé.

À l’aube de l’échéancier de 2015, plusieurs défis devront être relevés en termes d’acceptabilité sociale et de traitement, notamment. Les intervenants demeurent tout de même optimistes. «L’atteinte des objectifs de la Politique québécoise est réalisable, avec beaucoup d’investissement et de volonté», a conclu Jean-Claude Daoust.

 

Source: GaïaPresse

 
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