Nature Québec recommande d’interdire la fracturation

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Photo de Loadmaster – Wikipedia commons

Nature Québec juge très sévèrement le projet de Règlement sur les prélèvements des eaux et leur protection dans un mémoire déposé hier à la toute fin d’une famélique consultation de 30 jours. « S’il veut vraiment protéger les eaux, Québec doit interdire les opérations de fracturation que soit pour l’exploration ou l’exploitation du gaz et du pétrole tant et aussi longtemps qu’on n’aura pas fait la preuve de son innocuité », selon Christian Simard, directeur général de Nature Québec.

Nature Québec considère que Québec a calqué son règlement sur les besoins de l’industrie et n’a qu’accessoirement considéré la protection de l’eau, de l’environnement et des citoyens.

Ainsi, l’organisme juge nettement insuffisante la bande de protection terrestre de 300 mètres entre les installations des gazières et pétrolières et les sources d’eau potable alimentant moins de 20 personnes, incluant les puits artésiens. Une récente étude en Pennsylvanie démontre la contamination des eaux de surface par les gaz errants issus de la fracturation dans un rayon d’au moins 1 kilomètre d’un puits de gaz.

Nature Québec considère totalement arbitraire et non justifiée sur le plan scientifique la limite de 400 mètres sous les nappes aquifères à l’intérieur de laquelle il serait interdit de faire de la fracturation. Des études indépendantes, et même certaines émanant de l’industrie, ont pourtant démontré que des puits, même profonds (plus d’un kilomètre), peuvent étendre leur impact sur près de 600 mètres. L’industrie, dans le shale de Marcellus, juge sécuritaire une zone tampon de 1 à 1,5 km entre les zones d’extension de la fracturation et la limite inférieure des aquifères.

Comme par hasard, la limite arbitraire fixée par Québec permet à l’industrie d’avoir accès à la quasi-totalité de l’Île d’Anticosti. On rappelle que si Anticosti est peu peuplée, elle contient des populations de saumons aux caractéristiques uniques et des conditions hydrogéologiques particulières.

 

Un registre non public qui pourra être détruit seulement 10 ans après la fermeture des puits

Nature Québec est également renversé par le fait que l’industrie pourra mettre fin à ses opérations de suivi de la contamination de ses puits et même détruire son registre, par ailleurs non public, seulement 10 ans après la fermeture officielle d’un puits. On sait que les structures sous-terraines vieillissent qu’une contamination importante peut survenir 10, 15 et plus de 30 ans après leur fermeture. Cette mesure aura pour effet la destruction de preuves et la prise en charge par l’ensemble des Québécois de tout impact excédant cette période.

Bien que Nature Québec soit en accord avec le principe de réglementer le prélèvement des eaux et leur protection, il est grandement préoccupé par la teneur du texte proposé et ne recommande pas son adoption sans de profondes modifications et une consultation digne de ce nom.

On peut avoir accès en ligne au contenu du mémoire et aux recommandations.

 

Source: Nature Québec

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