Des îlots de verdure en ville

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Par Boualem Hadjouti 


Dans des endroits insoupçonnés de Montréal, la végétation s’installe. Sur les toits des bâtiments, les nouveaux occupants bousculent l’asphalte et le béton, créant de superbes îlots verdoyants. Une visite guidée animée par Antoine Trottier et Patrice Godin, co-fondateurs de la Ligne verte, entreprise spécialisée dans l'installation de toits verts et dans l'agriculture urbaine, nous a permis de  découvrir des îlots verts dans trois bâtiments de la métropole.

 

Photo de Boualem Hadjouti – Tous droits résérvés

Le mur végétal

La Maison du développement durable, au cœur du quartier des spectacles est la première halte de la tournée. La trentaine de participants ont été tout ouïe de découvrir un mur végétal de cinq étages (40 m2) filtrant l’air de l’immeuble, situé dans le hall d’entrée de l’immeuble.

« 400 plantes ornent le mur vert. Elles jouent le rôle de recycleur de l’air. Elles absorbent 25 % du CO2 présent à l’intérieur », explique Antoine Trottier. « On y a planté 15 sortes de plantes tropicales, mais le mur est dépourvu de terreau, précise notre guide.

Les plantes poussent dans un matelas de fibres synthétiques et l’arrosage se fait grâce au système hydroponique. L’eau sert aussi de transporteur de nutriments ». Le mur est fait pour donner une impression de continuité avec le parc situé à l’extérieur du bâtiment.

Le toit du même édifice est un véritable îlot de verdure. C’est la deuxième halte de la visite guidée. Sur une superficie de  800 m2 s’étend un matelas de végétation extensive qui exige moins d’entretien et d’eau.

L’endroit offre un paysage aux multiples couleurs. « Le toit est garni de sedum avec huit différentes variétés. Cette plante vivace résiste aux terrains secs et rocailleux et aux températures extrêmes même avec peu d’eau.

Sous cette plante rustique, il y a trois pouces de terreau. Il faut au moins cinq ans avant que le système ne devienne mature et survive de lui-même », explique notre guide.

Concernant la résistance du bâtiment à toute la charge qui pèse sur lui, il précise que les normes de construction aux Québec exigent que le toit puisse supporter 50 livres par pied carré. « Le toit est renforcé de sorte à ce qu’il puisse résister à 85 livres au pied carré.

De plus, le couvert végétal draine toute l’eau qui s’y trouve », ajoute notre interlocuteur.

À la question de savoir plus sur les bienfaits de ce toit vert, Patrice Godin affirme qu’ils sont multiples. « Il permet de protéger du soleil et du froid et fait durer la vie du toit jusqu’à 50 ans. Il améliore l’efficacité énergétique puisqu’il coupe jusqu’à 90 % de la chaleur qui rentre dans l’édifice et permet des économies d’énergie d’un dollar par an sur un pied carré ».

 

Photo de Boualem Hadjouti – Tous droits résérvés

Un potager sur le palais

Après la Maison du développement durable, nous prenons la direction du Palais des congrès de Montréal. L’édifice imposant du centre-ville est plutôt calme en ce samedi matin.

Sur le toit de l’édifice, une multitude de plantes apportent une vague de fraicheur en cette journée caniculaire. Les abeilles butinent en toute tranquillité.

Il s’agit du projet Culti-vert mené conjointement par le Palais des congrès et le Centre d’écologie urbaine de Montréal. Il vise à lutter contre les îlots de chaleurs urbaines. Ce projet expérimental, lancé en 2011, occupe près de 6000 pieds carrés.

L’objectif est de verdir le toit et de démontrer qu’il est possible de créer des écosystèmes sur les bâtiments du centre-ville, explique Patrice Godin.  « Ça peut inspirer les gestionnaires des autres immeubles », insiste-t-il.

« On a différents bénéfices surtout pour la santé publique puisque les îlots de chaleur au centre-ville constituent un véritable problème de santé publique et puis ça permet d’améliorer la qualité de l’air et accroît la rétention des eaux pluviales », précise notre guide.

L’endroit est aménagé en plusieurs sections avec un jardin potager en bacs, une zone garnie de plantes grimpantes et une autre couverte de sedum. « C’est un projet expérimental de nouvelles tendances vertes, propres et durables », affirme Antoine Trottier.

La section où est cultivé un jardin potager en bacs offre une variété de légumes. On y trouve plusieurs aliments biologiques, dont des concombres, de la laitue, des aubergines, des tomates etc. « La première année, on a récolté 750 kilogrammes de légumes. Une partie de la production est remise à des organismes communautaires dont le comité social Centre-Sud et La rue des femmes ».

L’endroit est doté d’une station de mesure de la température d’Environnement Canada.

 

Photo de Boualem Hadjouti – Tous droits résérvés

Une forêt occupe l’hôtel !

Le toit vert de l’hôtel Hilton clôture la tournée, avec son jardin suspendu datant de 1967, l'année de l’Expo universelle. L’endroit est spectaculaire et offre une image qui contraste avec le lieu.

Il ressemble à une forêt des Laurentides coincée sur une hauteur de plus de 100 mètres d’altitude. Des arbres cinquantenaires surplombent un paysage forestier, avec un étang poissonneux, des cascades et plein de canards qui y ont élu domicile.

« C’est un véritable écosystème suspendu. Il a fallu mettre une couche de deux mètres de terreau pour faire pousser les arbres », révèle Patrice Godin. « On y trouve plusieurs espèces de plantes indigènes capables de survivre aux températures extrêmes » ajoute-t-il.

Le cours d’eau fait le tour au grand bonheur des locataires. Un jardin potager y est même cultivé et la production va directement dans la cuisine du chef. Une allée est spécialement aménagée pour permettre de faire le tour du jardin. 

 

Source: GaïaPresse

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