Feux dans le nord du Québec : la forêt s’est adaptée mais …

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 Par Boualem Hadjouti


Wikipedia commons

Alors que le plus grand feu jamais enregistré au Québec continue de ravager la forêt au nord du 49e parallèle, une interrogation s’impose : quelle est la conséquence de cette catastrophe sur l’écosystème de la région ?

Selon le professeur Yves Bergerons, la forêt s’est adaptée à ce genre de situation. «Les feux sont courants dans la région et chaque année, ils détruisent entre 150 et 200 kilomètres carrés  de forêts.

Le feu qui brûle ces jours-ci dans cette région couvre environ 5000 kilomètres carrés. C’est de loin le plus important jamais enregistré au Québec depuis les années 1970». Il rappelle qu’en 1989, un feu d’un peu plus de 3000 kilomètres carrés avait ravagé le nord.

 

Retard dans la régénération 

«La situation a fait que la forêt, qui est mature dans une grande partie de la région, s’est adaptée et se régénère d’elle-même après un feu». Selon le professeur, la forêt boréale est peuplée essentiellement de conifères dont le pin gris, influencé par les perturbations naturelles et humaines. Il se trouve que cet arbre s’est très bien adapté pour prospérer après un feu. «La régénération se fait parfois très vite. Lorsque la chaleur du feu ouvre leurs cônes, les pins libèrent des graines. Ainsi, les épilobes à feuilles étroites et le peuplier faux-tremble par exemple se régénèrent tout de suite».

Les animaux et les insectes se sont aussi adaptés à ces situations, précise notre interlocuteur. «Nous n’avons pas connaissance d’espèces qui ont disparu suite aux feux, affirme le professeur. Il peut y avoir des morts mais pas d’extinction définitive car il y a suffisamment d’endroits où les animaux peuvent se réfugier lors d'un feu, comme l’eau par exemple. Beaucoup d’insectes migrent aussi vers le bois brulé pour y pendre des œufs et se reproduire».    

Toutefois, «lorsqu’on s’avance plus dans le Nord, les arbres produisent moins de semences et c’est là où il y a un retard dans la régénération», ajoute le professeur-chercheur de l'UQAT et de l'UQAM, titulaire de la Chaire industrielle CRSNG-UQAM en aménagement forestier durable et de la Chaire en écologie forestière et en aménagement forestier durable de l'UQAT.

«La forêt dans cette partie du Nord de la province demeure fort ouverte après un incendie. C’est la nature qui veut ça mais la fréquence des brasiers peut aussi influencer la situation», précise notre interlocuteur qui croit que dans la situation actuelle, on ne contrôle pas le feu en question.

Il affirme que là où il n’y a pas assez de ressources exploitables, les incendies sont laissés s’éteindre d’eux-mêmes.

Toutefois, le professeur croit que les changements climatiques sont des facteurs aggravants et que l’on ne peut pas s’attendre à une diminution du nombre de feux recensés chaque année.

Le risque est d’assister à une baisse de la biomasse et du pouvoir d’autorégulation de la forêt si les feux sont plus fréquents. «La déforestation dans des endroits arides accroît les problèmes humains», insiste le professeur. 

 

La zone d’interdiction de faire des feux étendue

En fin de semaine dernière, la première ministre du Québec avait fait savoir qu’il était difficile de venir à bout de certains feux en les arrosant.

De son côté, la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) vient d’étendre la zone d’interdiction de faire de feux à ciel ouvert au Québec.

Dans un communiqué du 9 juillet, elle indique que les secteurs visés par cette mesure sont limités au nord par la latitude 530 de la Baie-James jusqu’à la frontière avec le Labrador et au sud par la latitude 490 de la frontière de l’Ontario jusqu’au fleuve Saint-Laurent.

 

Source: GaïaPresse

 

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