Des groupes environnementaux poursuivent Ottawa sur l’utilisation de pesticides liés au cancer et à la contamination de l’eau

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Des groupes environnementaux poursuivent le gouvernement du Canada parce que celui-ci refuse de protéger les Canadiens contre les effets de pesticides nocifs dont l’usage a été banni dans d’autres pays de l’OCDE.

Les avocats d’Écojustice, agissant au nom d’Équiterre et de la Fondation David Suzuki, ont déposé une poursuite contre la ministre de la Santé et l’Agence de règlementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), alléguant que ces derniers ont agi de manière illégale en refusant d'examiner l’homologation de produits contenant trois pesticides: chlorthal-diméthyle, trifluraline et trichlorfon.

Malgré que ces pesticides soient bannis en Europe en raison de préoccupations quant à leur impact sur l’environnement et la santé humaine, leur usage est encore autorisé au Canada.

« Cette poursuite vise à s’assurer que le gouvernement du Canada protège ses citoyens et l’environnement contre les pesticides dont les effets peuvent être dommageables », indique Elaine MacDonald, Ph.D., scientifique principale d’Ecojustice. « D’autres pays ont banni ces pesticides parce qu’ils sont très nocifs et participent à dégrader l’environnement, alors pourquoi le Canada permet toujours leur usage ? ».

La poursuite conteste également les délais déraisonnables que prend l’ARLA pour répondre aux demandes d’examen, soumises en octobre 2012, pour 26 autres pesticides dangereux, dont plusieurs sont soupçonnés de provoquer des cancers. Par exemple, l’ARLA n’a toujours pas répondu à la demande d’examen déposée par les groupes concernant l’atrazine, qui a été banni en Europe depuis 2004. Utilisé communément sur les cultures de maïs, l’atrazine est un des herbicides les plus fréquemment détectés dans l’eau de surface et l’eau souterraine au pays. L’exposition à l’atrazine a aussi été reliée à une fertilité réduite chez les humains.

« La santé des Canadiens devrait être la première priorité du gouvernement », affirme Mara Kerry, directrice – science et politiques à la Fondation David Suzuki. « S’il n’a pas été démontré que les pesticides sont sécuritaires, des solutions de rechange doivent être trouvées ».

L’ARLA a refusé d’examiner les pesticides suivants :

Le chlorthal-diméthyle est un herbicide utilisé pour lutter contre les mauvaises herbes à feuilles larges et les graminées en agriculture et a été banni en Europe depuis 2009. Plusieurs États américains ont rapporté une contamination des eaux souterraines découlant de l’usage de Chlorthal-diméthyle. Il a également été détecté au Canada dans l’eau de surface. L’Environmental Protection Agency des États-Unis a également classé cet herbicide comme cancérigène possible chez l’humain.

Le trichlorfon est un insecticide approuvé pour usage sur les sapins baumier et les épinettes des lots boisés, les plantations d’arbres de Noël et le bétail. Banni en Europe depuis 2007, le trichlorfon est associé à des effets neurologiques, dont des effets sur le système nerveux central des humains. Il est également toxique pour les abeilles et les oiseaux.

Le trifluraline est un herbicide populaire dans les provinces des Prairies et se retrouve dans 17 produits enregistrés au Canada. Il a été banni en Europe depuis 2007 en raison de sa toxicité élevée pour les poissons, de sa grande persistance dans le sol et de son fort potentiel de bioaccumulation.

« Combien de temps encore devrons-nous attendre avant d’obtenir des réponses concernant les pesticides que d’autres pays ont bannis en raison de leurs effets nocifs ? », martèle Isabelle St-Germain, Directrice générale adjointe d’Équiterre. « Il est temps que le Canada fasse ce que d’autres pays ont déjà fait et qu’il protège ses citoyens et leur environnement contre ces produits chimiques dangereux ».

« Il est décevant de voir qu’Ottawa traîne des pieds à remplir l'une de ses obligations les plus fondamentales: celle de protéger la santé et le bien-être des canadiens », conclut Gideon Forman, Directeur général de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement. « Dieu merci, des organisations comme Équiterre, la fondation David Suzuki et Écojustice prennent des mesures pour obliger Ottawa à reconnaître ce qui est déjà connu – que ces pesticides peuvent être dangereux pour la santé humaine et qu’ils doivent être interdits ».

 

Source: Équiterre

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