Financement du transport au Québec : le gouvernement encourage l’étalement urbain et menace l’environnement

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Par Boualem Hadjouti


Photo de SimonP – Wikipedia commons

L’organisme Vivre en ville réclame une révision du mode de financement du réseau de transport au Québec.

Dans un rapport incendiaire publié jeudi, il accuse le gouvernement québécois de financer les autoroutes et par conséquence l’étalement urbain au détriment du transport en commun.

« … L’État Québécois a fait le choix de soutenir un seul mode de développement urbain : celui privilégiant les déplacements automobiles. Il a considérablement réduit son appui à un mode d’urbanisation davantage articulé avec le transport en commun ».

C’est en résumé ce qui ressort du rapport intitulé Deux poids Deux mesures présenté  lors d’une table ronde organisée à la Maison du développement durable.  

Selon le directeur général de Vivre en ville, Christian Savard, le mode de financement des transports tel qu’il est orienté actuellement « invite au resquillage », nommant, à titre d’exemple, les municipalités, les commerces qui se développent aux alentours des autoroutes, les spéculateurs immobiliers et les navetteurs.   

 

Un mode de financement qui encourage l’étalement urbain

Le rapport précise que ce sont surtout les municipalités qui  sortent gagnantes de cette politique. « Une ville qui fait le choix du transport en commun assumera une part importante des coûts de transport de ses habitants. Au contraire, si elle crée un développement résidentiel à proximité d’une autoroute, tout sera à la charge de l’État », peut-on lire dans le rapport.

Le directeur de l’organisme donne les exemples de l’A-30 qui profite au centre commercial Quartier  DIX30 ( qui accueille des consommateurs de la région Beauharnois-Valleyfield)  ou encore la construction d’une bretelle sur l’autoroute 20 qui desserte un Costco.

Ce système de financement des transports est responsable de la croissance urbaine sous forme de « ville des autoroutes » précise le rapport.

 

De graves conséquences sur l’environnement

Pour Christian Savard, les conséquences de cet étalement urbain sont nombreuses. « On va toujours plus loin dans des milieux vierges, on va détruire les milieux naturels et on va aussi puiser dans notre garde-manger, c'est-à-dire dans les terres agricoles qu’ont fini par bâtir. Évidemment, il y a des conséquences par rapport au gaz à effet de serre et à la pollution atmosphérique ».

C’est également l’avis de M. Gérard Beaudet, professeur à l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal. Selon lui, il est nécessaire de prendre des décisions pour tourner à notre profit cet étalement urbain dépassé.

Et puisqu’on est parti pour vivre avec ce lègue, « le plus grand défit de l’urbanisme est de chercher comment faire fonctionner les agglomérations métropolitaines distantes telles qu’on les connaît pour sortir de la sur-dépendance à l’auto », questionne l’universitiaire.

Selon le directeur de Vivre en ville, il faut prendre l’exemple des villes européennes qui ont fait des choix différents pour un urbanisme limité. Certaines encouragent des modes de transport durables, faisant du même coup reculer l’utilisation des voitures de 50 %, au profit du vélo ou du transport en commun.

« Ici on parle plutôt de 80 à 85% de déplacement en voiture », déplore Christian Savard. Et d’ajouter que tant qu’on construira des autoroutes qui permettent d’aller plus loin, les gens iront encore plus loin et nous seront obligés de construire d’autres autoroutes. « C’est la bête qui se nourrit d’elle-même », affirme M. Simard.

 

Source: GaiaPresse

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