Le gazon synthétique, à quel prix ?

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Par Boualem Hadjouti


Photo de Codrin – FreeDigitalPhotos

Un peu partout à travers la province, les terrains de gazon naturel cèdent la place au gazon synthétique.

 
C’est une réalité que déplore Alain Deguise, de l’Association des responsables d’espaces verts du Québec. « Il y a beaucoup de pression sur les municipalités de la part des associations sportives pour la construction de terrains à gazon synthétique » affirme notre interlocuteur. 
 
Les associations veulent allonger la période d’utilisation des terrains jusqu’au mois de novembre au lieu du mois de septembre, ajoute-t-il. Du coup, il y a de plus en plus de demandes pour ce produit. « Le comble, ce sont des terrains à gazon naturel qui sont sacrifiés, faisant fi des dommages que cela puisse provoquer sur la nature et l’environnement », regrette-t-il.  Il cite l’exemple récent de la ville de Terrebonne ou deux terrains de gazon naturel ont été détruits pour faire place à du gazon synthétique. D’autres cas sont signalés aussi à Montréal nord, Cartierville et Mascouche.
 
 

Ilots de chaleur urbains

Alain Deguise attire l’attention sur les problèmes que posent ces installations, qui contribuent à augmenter les températures en créant des ilots de chaleur urbaine.
 
C’est aussi l’avis de l’Institut national de la santé publique qui affirme que« les terrains de gazons artificiels ne permettent pas un rafraîchissement de l’air ambiant. Au contraire, ces terrains, dont les fibres synthétiques absorbent la chaleur, peuvent atteindre une température jusqu’à 10 °C de plus qu’un milieu naturel végétalisé.»
 
Le professeur en géographie de l’université de l’UQAM, Yves Beaudoin, étudie de près le phénomène des ilots de chaleur. Ses observations concluent au fait que les terrains synthétiques contribuent à la dégradation du milieu , non seulement l’augmentation de la chaleur, mais par une perte de contact avec la terre.
 

Compenser les pertes

Pour Alain Deguise, si les municipalités ne sont pas prêtes à questionner cette mode, il faut absolument qu’elles prévoient compenser la perte de ces espaces en plantant des arbres, par exemple. Car elles ont des obligations envers les enjeux climatiques. « Si on décide de transformer un terrain de jeux de 7000 m2, il faut créer un espace équivalent de verdure ». Mais cela dépend avant tout de la volonté de chaque communauté puisqu’il n’y a pas de loi qui les oblige à le faire.
 
Il n’existe pas de statistiques sur le nombre de terrain synthétique au Québec, affirme de son coté l’Association québécoise du loisir municipal.
 
Source: GaïaPresse

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