Les populations riveraines ne sont pas prêtes à accepter l’exploitation des hydrocarbures dans le golfe

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Le Canada, Québec et Terre-Neuve ne sont pas prêts à procéder à une exploitation des hydrocarbures sécuritaire et responsable. Le développement de l’exploitation des hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent n’est pas accepté par les populations et il pose un risque important qui va à l’encontre des engagements pris en matière de développement durable et de conservation par le Québec et le Canada. Stratégies Saint-Laurent émet une série de recommandations sur la question.

Les connaissances écologiques nécessaires à la conservation, la législation actuelle et les conditions financières encadrant les éventuels exploitants sont insuffisantes. De plus, les nombreuses critiques et préoccupations soulevées dans les consultations publiques démontrent que l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures n’est ni acceptable d’un point de vue social, ni souhaitée par les populations et les groupes d’intérêts concernés.

Stratégies Saint-Laurent, regroupement des comités de zones d’intervention prioritaire (ZIP), considère que le golfe du St-Laurent est une entité écologique indivisible par des frontières administratives et qu’il se doit d’être géré de manière intégrée. Étant donné les caractéristiques propres du golfe en terme de migration des espèces et de circulation, les impacts environnementaux pouvant découler de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures ont le potentiel de se répercuter sur l’ensemble du golfe. En ce sens, les préoccupations soulevées par les risques engendrés par l’exploration et l’exploitation gazière et pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent sont applicables à son entièreté quelle que soit la zone particulière exploitée.

Aussi, dans le développement d’une telle filière, qui comporte des risques environnementaux et socio-économiques importants, il s’avère primordial d’appliquer le principe de précaution avant toute chose. Pour Marie-Pier Cloutier, Vice-présidente (zone marine) de  Stratégies Saint-Laurent, « dans ce dossier, le risque zéro n’existe pas. Les incidents récents aux quatre coins du monde le démontrent de façon, malheureusement, fort éloquente. Le golfe du Saint-Laurent est un milieu extrêmement riche, mais vulnérable en termes de biodiversité et associé à des phénomènes complexes et dynamiques. » Il faut donc agir avec prudence et discernement avant d’intégrer ou d’envisager toute nouvelle activité économique susceptible de provoquer des impacts et de mettre en péril le fragile équilibre qui subsiste actuellement à l’échelle du golfe du Saint-Laurent.

Par ailleurs, dans le cadre de la période d'examen public de l'ébauche du rapport de mise à jour de l'évaluation environnementale stratégique (ÉES) de l'Ouest de Terre-Neuve et du Labrador,  Stratégie Saint-Laurent a déposé un mémoire à l’Office Canada–Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers. La date limite pour déposer les mémoires a été repoussée au vendredi 27 septembre 2013.

Ce mémoire, disponible en ligne sur le site Internet de Stratégies Saint-Laurent, liste une série de recommandations qui pourraient aussi être utiles à la population dans le cadre de la consultation publique actuelle, organisée par le ministère des Ressources naturelles, pour commenter le rapport d’étude final de l’ÉES2 sur la mise en valeur des hydrocarbures dans les bassins d’Anticosti, de Madeleine et de la baie des Chaleurs.

Ainsi, Stratégies Saint-Laurent recommande, entre autres, de surseoir à toute exploitation d’hydrocarbures dans le golfe tant et aussi longtemps que les conditions favorisant l’acceptabilité sociale de ces exploitations ne seront pas réunies. Ces conditions sont associées aux éléments suivants :

 

  • pallier au manque de connaissances en investissant massivement dans des programmes de recherche scientifique universitaire, par l’entremise du développement d’une chaire de recherche indépendante et de l’identification d’un budget conséquent dédié à l’acquisition de ces connaissances – ces dernières devront être de nature publique et accessibles à tous les intervenants, sur simple demande;
  • établir un réseau d’aires marines protégées selon des critères scientifiques visant la conservation de l’intégrité des écosystèmes du golfe Saint-Laurent et répondant aux engagements gouvernementaux;
  • viser le risque zéro sur la santé et le bien-être des collectivités riveraines;
  • assurer que l’exploitation n’ait aucune répercussion négative sur les activités économiques et sociales des collectivités riveraines;
  • mettre sur pied un train de mesures réglementaires et juridiques complémentaires;
  • remédier au manque de fiabilité des technologies (de la fracturation hydraulique notamment);
  • pallier à la faiblesse des garanties financières : une révision du montant des dédommagements en cas de déversement doit être établie en fonction des coûts réels des impacts notamment sur la pêche, le tourisme, la biodiversité, les services écologiques, etc. Cette évaluation des coûts devrait être obligatoire, inscrite dans tout contrat d’exploitation et établie par un groupe d’experts indépendant;
  • assurer une démarche plus transparente et mieux intégrée à l’échelle du golfe;
  • réviser en profondeur et adapter toute l’infrastructure d’intervention d’urgence dans le golfe.

 

Source: Stratégies Saint-Laurent et Comité ZIP de la rive nord de l’estuaire

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