Trop tard pour le développement durable ?

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Par Denise Proulx


Le 2 mars dernier, un 40e anniversaire est totalement passé inaperçu. Peu des magazines scientifiques, comme le Smithsonina.com, ont rappelé la publication du rapport du Club de Rome, « The limits to Growth » en 1972.

Le rapport était considéré avant-gardiste et provocateur. Ses auteurs ont été trainés dans la médisance et le ridicule. Pour une première fois dans l’histoire de l’humanité, des modèles informatiques produits par des chercheurs du Michigan Institute of Technology devaient fournir une réponse à la question : «  Quand est-ce que les ressources naturelles ne réussiront-elles plus à répondre à la croissance de la population de la planète ? »

Selon les conclusions des chercheurs, ambassadeurs et autres intellectuels membres du Club de Rome, présidé par le scientifique Dennis Meadows, il ne faudrait que 100 ans pour que économie et environnement entrent en profonde rupture. Ceci dû à la population en croissance, à l’industrialisation, à la pollution endémique, à la chute de la productivité de la nourriture et des ressources naturelles, épuisées.

En 1972, le rapport avait fait grand bruit : il a été vendu 10 millions de copies, dans 30 langues. C’était le premier best seller sur l’environnement au 20e siècle.

Par la suite, des versions actualisées ont été publiées en 1992 et 2004 et pose le diagnostic de « surchauffe » – to overshoot – de l’économie. Le terme signifie aller trop loin, aller au-delà des limites, par accident et sans en avoir l’intention.

Et pourtant…

Pour souligner le 40e anniversaire, des experts ont réuni Dennis Meadows et le chercheur Jorgen Randers à Washington, à l’occasion d’un symposium organisé par le Smithsonian Institute et le Club de Rome.

À cette occasion, le scientifique Meadows s’est montré pessimiste.

Le « business as usual » est en train de tuer le développement durable, croit-il. « Si nous ne faisons pas un grand changement, bientôt, nous subirons une décroissance constante entre les années 2030 et 2050 », avertit-il.

A son avis, la production de nourriture,  l’industrialisation et la population atteindront un pic, mais s’écrouleront par la suite. Tout ceci dû aux nombreux problèmes sociaux qui y seront rattachés et qui n’ont pas été pris en compte depuis 40 ans. « Si les paramètres physiques de la planète déclinent, il n’y a virtuellement pas de chance que la démocratie, la liberté et une foule d’idées immatérielles que nous chérissons puissent se maintenir », analyse le chercheur.

Meadows croit que la meilleure façon d’affronter ces menaces à multiples visages qui accableront – et accablent déjà – l’humanité, c’est de se préoccuper de son empreinte écologique, comme l’a expliqué le chercheur Mathis Wackernagel et ses collègues. Nous vivons sur les réserves de la biodiversité, gaspillons l’accumulation des énergies fossiles,  négligeons l’exploitation des sols agricoles et des nappes phréatiques. Lorsque toutes ces réserves seront épuisées, nous devrons revenir à vivre au jour le jour. C’est cela l’empreinte écologique : consommer avec modération afin de ne pas épuiser les ressources en eau et en sol pour gérer nos activités et les déchets qu’elles produisent.

« Cela requiert des changements culturels et sociaux. Nous avons besoin de stabiliser la population.  Nous avons besoin de nous défaire de nos plaisirs de consommation pour une partie immatérielle, soit l’amour, la liberté, l’amitié, l’estime de soi et d’autres bienfaits qui font aussi du bien aux humains », enchaîne Dennis Meadows.

Comment y arriver ? Que chacun s’occupe de sa partie du monde.  Travaille à son petit carré de jardin terrestre. Que des enseignements soient prodigués, pour une meilleure conscience environnementale.

En espérant qu’il ne soit pas trop tard.

 

Source: GaïaPresse

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