Déchets nucléaires, un rapport explosif à BURE

0
Photo de Moucha – Flickr

Chaude ambiance, très chaude, hier lundi dans la région de Bure (Champagne/Lorraine). La présentation d’un rapport commandité par le Comité local d’information et de suivi (Clis) explose 15 années de pratiques mensongères. Avec un lot de questions à la clé : à quoi servent les organismes de contrôle, l’enjeu du projet de Bure étant énorme n’a-t-on pas affaire en réalité à une manipulation d’Etat… ?

 

Règle fondamentale de sûreté

Surtout, ne pas envisager un site d’enfouissement de déchets nucléaires là où il y aurait une ressource potentielle (minérale, énergétique, etc). Préconisation de bon sens, pour éviter qu’après fermeture du site et sa mémoire perdue nos descendants n’aillent forer pour exploiter une « poule aux œufs d’or ». Cette préconisation forte, sous forme de Règle fondamentale de sûreté (RFS) (1), était émise par le Ministère de l’Industrie dès 1991, soit bien avant le processus qui allait lancer le projet de ‘laboratoire’ à Bure (tout début 1994).

 

Surprise

Au début des années 2000, le géophysicien A.Mourot mettait ses compétences dans l’analyse du dossier et découvrait des documents officiels décrivant une ressource dans la région de Bure, de l’eau chaude dans le sous-sol profond. Cette eau chaude qui, ailleurs, est exploitée sous le nom de géothermie. S’ensuivra des publications, une large campagne d’information vers les élus, des demandes – restées vaines – pour qu’un forage aille étudier la couche géologique… et des interventions continues de l’Andra (promoteur de l’enfouissement à Bure) minimisant et contestant les caractéristiques (température, débit, etc)

 

Le pot aux roses

L’enfouissement étant acté par le vote d’une loi  (28 juin 2006), l’Andra réalisait alors le seul forage ‘profond’ parmi les dizaines qu’elle avait diligenté sur le territoire régional. Et il fallut là encore la démarche d’un expert, indépendant et bénévole, le docteur en géologie A.Godinot, pour analyser le rapport technique du forage (complexe et en anglais). Godinot accusait, Andra niait. La polémique enflait, au point que des associations locales saisissaient la justice, tandis que le Comité local d’information et de suivi (Clis) de Bure organisait un débat entre les experts puis saisissait un cabinet spécialisé hors de France (2) pour étudier le dossier du forage et enfin en avoir le coeur net.

 

Le rapport explosif

Devant les membres du Clis et un nombreux public, le cabinet Géowatt AG, rendait hier soir lundi ses conclusions [dernière minute : rapport version définitive ici, cf particulièrement pages 15 à 17]. Oui, il y a bien de l’eau chaude dans le sous-sol local, oui les qualités sont bonnes, oui il y a bien un potentiel d’exploitation. Grosse colère dans la salle. Près de 15 ans pour enfin savoir !

 

Les questions

       Comment un organisme d’Etat, l’ANDRA, a-t-il pu mentir ainsi, depuis l’origine ? Comment croire cette agence, comment croire en son honnêteté dans le dossier – déjà ô combien polémique et décrié – de l’enfouissement des pires déchets nucléaires ?

       A moins d’en être complices, comment comprendre que les innombrables « évaluateurs/surveillants » de l’ANDRA l’aient toujours soutenu dans ses dénégations des caractéristiques géothermiques ? Quel jeu jouent réellement ces ASN, IRSN, OPECST, CNE… ?

       Mensonge de l’Andra et de ses ‘surveillants’, ou plus crûment manipulation d’Etat ?

       Que va faire le CLIS pour aller plus loin ? Que va faire le Clis envers les cabinets, mandatés et financés par ses soins, qui lui avaient rendu des études pipées ?

       Que vont faire élus locaux et organismes professionnels, développer l’économie locale par une réflexion sur l’exploitation de la ressource, ou continuer à recevoir une manne financière facile, anesthésiante, mais à échéance limitée ? (3)

 

GOUVERNANCE : voilà le thème retenu pour un prochain exercice internet de la CPDP (Commission particulière du débat public), mercredi 20 novembre (4). Gouvernance, voilà bien le fond du sujet, et ce rapport explosif sur la géothermie à Bure illustre combien les dés sont pipés, combien notre démocratie a été pervertie, combien la confiance et l’éthique sont trahies. Alors….

 

"Ne plus subir > à présent AGIR !"

 

Déchets nucléaires : Ni ici, ni ailleurs, mais autrement !

 


(1)   Règle fondamentale de sûreté RFS III.2.f

(2)   Sollicitée voici quelques années pour apporter des informations devant le Clis, la Compagnie française de géothermie dévoilait qu’elle était filiale à 100% du BRGM et que celui-ci, en ce domaine, n’était pas indépendant, que le système français était fait de manière à ce que des indépendants ne peuvent se trouver qu’à l’étranger (Suisse, Allemagne…) ou chez un expert… à la retraite (ne craignant plus pour sa carrière). Et, en effet, à cette époque le CEDRA ayant eu l’occasion d’entendre parler d’un accord « secret » entre l’Andra et le Brgm, il lui fallut saisir la justice pour obtenir le dit accord, en passant par CADA, Tribunal administratif, rebondissements, Conseil d’Etat…. plus de 2 ans de procédure !

(3)   Lors de la réunion d’hier, et fort curieusement, nombre de responsables locaux freinaient des quatre fers face au potentiel géothermique décrit. C’est l’un d’entre eux, à l’issue de la réunion et en aparté, qui en a dévoilé les causes : soit Cigéo et sa manne d’argent facile, soit l’exploitation de la géothermie mais en se cassant les méninges. Cigéo piège à gogo

(4)   http://www.debatpublic-cigeo.org/informer/22-11-13-la-gouvernance.html

 

Source: CEDRA

Partager.

Répondre