Silos à l’anse au Foulon: « L’exportation massive de granules n’est pas la solution » — Nature Québec

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« Pour l’environnement, le climat et l’économie du Québec, l’exportation massive de granules de bois vers l’Europe, à partir des silos du port de Québec, n’est pas la solution de valorisation de la biomasse qu’elle peut paraître », déclare Amélie St-Laurent-Samuel, spécialiste de la biomasse chez Nature Québec. À l’aube du Rendez-vous national de la forêt québécoise qui aura lieu à Saint-Félicien cette semaine, l’organisme demande au gouvernement du Québec de définir une politique pour l’utilisation de la biomasse qui favoriserait et baliserait clairement l’utilisation de résidus de bois pour le chauffage au Québec, en remplacement du mazout, plutôt que pour l’exportation.

De plus, l’organisme souhaite l’arrêt de la construction des silos par Arrimage Québec, le temps de réaliser une évaluation environnementale complète du projet. Pour Christian Simard, directeur général de Nature Québec « Le gouvernement du Québec doit faire valoir ses droits à cet égard face au Port de Québec et interpeller, au besoin, les tribunaux pour obtenir la tenue d’audiences publiques ».

 

Climat : l’usage au Québec plus profitable

Grâce à l’importation de biomasse, le Royaume-Uni tente d’atteindre la cible fixée pour toute l’Union européenne en matière de lutte aux changements climatiques : 20 % d’énergies renouvelables en 2020. Pourtant, s’il peut paraître à première vue intéressant de remplacer le charbon par la biomasse pour la production d’électricité dans ce pays, une analyse du cycle de vie démontrerait qu’il n’en est rien. « D’un point de vue climatique, l’utilisation de la biomasse n’est intéressante que si elle provient de résidus utilisés pour le chauffage ou la cogénération. L’utilisation d’arbres entiers, surtout pour produire de l’électricité, n’est pas avantageuse, même par rapport au charbon, compte tenu de l’urgence climatique et des objectifs à atteindre l’horizon 2020. Le transport par camion, rail et bateau à partir de forêts éloignées contribue aussi à alourdir le bilan », a expliqué Amélie St-Laurent Samuel. Même à partir de granules provenant de forêts québécoises, une telle analyse s’imposerait.

Très controversé au Royaume-Uni, la production d’électricité à partir de la biomasse venue d’Amérique est perçue comme un moyen de faible valeur pour favoriser l’atteinte des cibles de changements climatiques. Elle repose sur l’hypothèse que les émissions de gaz à effet de serre de la combustion du bois sont immédiatement compensées par la croissance de la forêt alors qu’il faut du temps, parfois plusieurs décennies avant que ça ne soit le cas.

Pour Nature Québec, seule une évaluation environnementale complète, incluant une justification du projet, permettrait de faire le point sur cette question majeure et de faire les meilleurs choix pour le climat.

 

Économie : c’est au Québec que ça se gagne

Un regroupement d’industriels, de coopératives et d’intervenants du milieu municipal, ainsi que d’organismes environnementaux, sociaux et de la recherche, dont fait partie Nature Québec, a développé la Vision biomasse 2025. Cette dernière mise sur une utilisation locale de la biomasse pour le chauffage et sur le respect d’engagements envers l’environnement. Selon cette Vision, la valorisation de 1 million de tonnes métriques anhydres de biomasse résiduelle au Québec permettrait de générer 3  600 emplois récurrents et d’améliorer la balance commerciale du Québec à hauteur de 225 millions de dollars, tout en contribuant à la substitution de 400 millions de litres de combustibles fossiles. « Enfin une proposition gagnante pour la biomasse, réunissant les aspects d’autonomie énergétique, de création d’emplois en région et de lutte aux changements climatiques. Voilà un projet beaucoup plus porteur pour le Québec que la simple exportation de granules vers l’Europe! », se réjouit Christian Simard qui l’appuiera lors du Rendez-vous national de la Forêt Québécoise

 

L’arrêt du projet et la tenue d’audiences apparaissent incontournables

Pour Nature Québec, il apparaît important, pour des raisons d’économie et d’environnement, qui s’ajoutent aux questions de protection du paysage et d’acceptabilité sociale, de stopper le projet du port de Québec, qui se réalise de façon fulgurante et sans consultation. Il sera ainsi possible d’en faire une analyse complète et d’évaluer sa pertinence, non seulement à l’échelle de la Ville de Québec, mais à celle du Québec tout entier.

 

Source: Nature Québec

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