Dévitalisation déplorable d’une artère principale de campagne

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Par Gina Philie


Photo de Gina Philie – Tous droits résérvés

Le village de Saint-Mathieu a vu le paysage de son chemin principal progressivement dénué d’une vingtaine d’arbres matures sur 2.5 km dû à des coupes par le Ministère du Transport (MTQ), le Canadien Pacifique et des propriétaires privés.  La plus récente surprise fut les travaux d’abattage de cinq arbres matures dans l’emprise du MTQ.

Pourtant, le Plan territorial de mobilité durable (PTMD) de la Direction Ouest de la Montérégie du MTQ a comme buts d’intégrer le développement durable dans leurs activités et de consolider les relations avec ses partenaires. Cependant, la Municipalité de Saint-Mathieu a été ni consultée, ni avisée des raisons et de la nature des travaux. Jusqu’à présent, aucune réponse de la part du MTQ. Ainsi, les citoyens découvrent confus et impuissants des traits orangés sur leurs arbres. Ils doivent deviner qu’ils seront coupés, réduisant la beauté du paysage, leur qualité de vie et la valeur foncière du terrain.

L’arboriculteur questionné sur place trouve désolant que le MTQ lui a affirmé ne pas avoir l’obligation de communiquer ses intentions. Selon lui, les arbres auraient été sélectionnés pour des motifs opérationnels de déneigement et de sécurité. Les arbres ont peut-être été jugés trop près du chemin selon de nouvelles directives de gestion du risque, malgré que la zone soit en ligne droite.

 

La vitesse et ses conséquences

D’après les critères du MTQ, le contrôle policier et l’éducation des conducteurs sont utilisés pour tenter de faire respecter la limite de vitesse de 50 à 80 km/h sur cette collectrice municipale utilisée par des cyclistes et des piétons.  Ces actions ne suffisent pas selon le consensus local. La vitesse est élevée considérant que cette voie transite vers l’autoroute 15.

D’ailleurs, la vitesse excessive est un facteur important dans la gravité des accidents et affecte négativement la consommation énergétique, les émissions de gaz, la pollution sonore et aérienne.

Selon un rapport européen de 2007 sur la gestion de la vitesse fait par l’Organisation de coopération et de développement économique, «les sorties de route et les collisions avec des obstacles implantés en bord de route dans les accidents impliquant un seul véhicule constituent un problème majeur sur le réseau de rase campagne. » Du même avis, le MTQ estime que les routes «pardonneraient» davantage dans les zones dangereuses lorsque les arbres sont supprimés.

 

Outiller le conducteur à mieux lire la route

Par contre, depuis les années 90, le Danemark, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne aménagent des infrastructures (incluant des arbres) sur les routes de rase campagne afin de moduler la vitesse.

En effet, plusieurs études récentes publiées sur le site Safe Streets de l’Université de Washington indiquent que les arbres rendraient le conducteur plus relaxe, lui donnerait une meilleure perspective facilitant la bonne évaluation des risques, donc la conduite serait adaptée en conséquence. Si un nombre plus significatif d'études prouvaient hors de tout doute que les arbres sont un moyen d’atténuation de la vitesse (5 à 10 km/h) en milieu urbain et rural, considèrerait-on modifier de telles pratiques dévitalisantes?  

 

Source: GaïaPresse

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