Face à la hausse des maladies d’origine animale, il faut une nouvelle approche de santé

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Photo de Myrabella – Wikipedia commons

La croissance démographique, l'expansion de l'agriculture et l'essor de filières alimentaires mondiales ont considérablement modifié la façon dont les maladies apparaissent, franchissent les barrières d'espèces et se propagent, affirme un nouveau rapport de la FAO paru aujourd'hui, World Livestock 2013: Changing Disease Landscapes.

L'ouvrage préconise l'adoption d'une nouvelle approche plus holistique de gestion des menaces de maladies à l'interface animal-homme-environnement. Soixante-dix pour cent des nouvelles maladies apparues chez l'homme au cours des dernières décennies sont transmises par les animaux, ce qui s'explique en partie par notre quête croissante d'aliments d'origine animale.

Avec l'empiètement des terres agricoles sur les zones vierges et l'essor mondial de la production animale, "le bétail entre davantage en contact avec les animaux sauvages, et nous-mêmes n'avons jamais été autant en contact avec les animaux", a déclaré Ren Wang, Sous-Directeur général de la FAO pour l'agriculture et la protection des consommateurs.

"Cela signifie que nous ne pouvons affronter séparément les unes des autres la santé de l'homme, des animaux et des écosystèmes, mais que nous devons les appréhender ensemble et nous attaquer aux causes de l'émergence, de la persistance et de la diffusion des maladies, plutôt que de nous contenter de contre-attaquer après l'apparition des maladies", a-t-il ajouté.

 

Impacts multiples de la maladie

Le nouveau rapport de la FAO présente une série de raisons impérieuses pour nous inciter à changer de cap en matière d'émergence des maladies.

Les pays en développement sont accablés par un fardeau de maladies humaines, zoonotiques et animales entravant le développement et la sécurité des aliments. Les épidémies à répétition chez les animaux de ferme compromettent la sécurité alimentaire, les moyens d'existence et les économies nationales et locales des pays pauvres comme des pays riches.

Dans un même temps, les risques liés à la sécurité sanitaire des aliments et la résistance aux antibiotiques augmentent dans le monde entier.

La mondialisation et le changement climatique favorisent la propagation des agents pathogènes, des vecteurs et des hôtes, et les risques de pandémie causée par des pathogènes d'origine animale constituent une préoccupation majeure.

 

Un paysage de plus en plus complexe

Les changements occasionnés par l'activité humaine ont créé un paysage infiniment plus compliqué de maladies, affirme le rapport World Livestock 2013.

La croissance démographique et la pauvreté – associées à des systèmes sanitaires et des infrastructures d'hygiène inadéquats – restent les principales causes de la dynamique des maladies.

Mais pour produire davantage de nourriture, l'homme a transformé des zones de nature vierge en vastes étendues de terres agricoles, avec pour effet de faire entrer en contact les populations humaines et leurs animaux avec les maladies transmises par la faune sauvage.

De fait, une majorité de maladies infectieuses apparues chez l'homme depuis les années 40 trouvent leur origine dans la faune sauvage, souligne le rapport de la FAO. Par exemple, il est probable que le virus de la SRAS ait été transmis au départ par des chauves-souris à des civettes masquées qui ont, à leur tour, contaminé l'homme par le biais des marchés d'animaux. Dans d'autres cas, c'est le contraire qui se produit: les animaux d'élevage introduisent dans les zones vierges des agents pathogènes qui se répercutent sur la santé des animaux sauvages.

Par ailleurs, les déplacements des hommes et la circulation des marchandises à l'échelle mondiale ont atteint des niveaux sans précédent, permettant aux organismes pathogènes de parcourir le globe sans difficulté.

Quant à la variabilité du climat, elle a un impact direct sur le taux de survie dans l'environnement des agents pathogènes, en particulier dans les zones chaudes et humides, tandis que le changement climatique influence les habitats des hôtes, les régimes de migration et la dynamique de transmission des maladies.

 

Le rôle de l'élevage 

La nouvelle étude de la FAO se concentre en particulier sur la façon dont l'évolution des pratiques d'élevage et d'échange des animaux a influé sur l'émergence et la propagation des maladies.

"En réponse à la croissance démographique, à l'augmentation des revenus et à l'urbanisation, l'alimentation et l'agriculture mondiales ont basculé d'un approvisionnement en céréales de base vers une alimentation toujours riche en protéines reposant sur les produits de l'élevage et de la pêche", souligne le rapport.

Si la production animale offre un certain nombre d'avantages économiques et nutritionnels, la croissance rapide du secteur a engendré divers problèmes de santé, affirme-t-il.

Le risque de transmission de pathogènes de l'animal à l'homme varie considérablement en fonction du type de production et de la présence d'infrastructures de base et de services.

Si les systèmes de production intensive sont généralement exempts de maladies animales et zoonotiques à forte incidence, ils présentent néanmoins certains écueils, en particulier dans les pays en développement et les pays en transition.

La production intensive à grande échelle implique le rassemblement de grands nombres d'animaux génétiquement identiques. Des mesures rigoureuses de biosécurité et de protection sanitaire empêchent généralement les risques de maladies infectieuses, mais il peut arriver que des foyers  éclatent lorsqu'un agent pathogène gagne en virulence, échappe au vaccin, acquiert une résistance aux antibiotiques, ou se déplace le long de la chaîne alimentaire.

Toutefois, le rapport précise que l'émergence des maladies du bétail n'est pas spécifique aux systèmes intensifs à grande échelle.

Les petits systèmes d'élevage – caractérisés par le pâturage des animaux en liberté, mais avec des densités relativement élevées – facilitent souvent la diffusion des maladies, tant parmi les populations animales locales que sur de grandes distances.

 

Une nouvelle approche de la maladie

"Les enjeux multiples et variés liés aux maladies examinés dans cette publication requièrent une attention majeure à la prévention", soutient le rapport World Livestock 2013. "Une approche de statu quo à la gestion des risques ne suffit plus".

A cet égard, la FAO préconise l'approche 'Une seule santé' portant sur l'interaction entre facteurs environnementaux, santé animale et santé humaine, qui amène les professionnels de santé publique, experts vétérinaires, sociologues, économistes et écologistes à se pencher sur la question dans un cadre holistique.

En même temps, "la santé des animaux est le plus faible maillon de notre chaîne de santé publique. La maladie doit être prise en charge à sa source – et tout particulièrement chez les animaux", a-t-il ajouté.

Le rapport de la FAO recense quatre principaux axes d'intervention:

  • Atténuer chez l'homme et l'animal le fardeau des maladies endémiques dues à la pauvreté
  • Affronter les menaces biologiques résultant de la mondialisation et du changement climatique
  • Fournir des aliments d'origine animale plus sûrs, issus d'élevages plus sains
  • Empêcher les pathogènes de la faune sauvage de contaminer les animaux domestiques et l'homme.

Pour la FAO, la priorité absolue doit être la collecte de preuves plus probantes sur les causes principales des maladies animales, et l'amélioration des mesures d'évaluation et de prévention des risques.

Il faut, en outre, dans le cadre de l'approche 'Une seule santé', instituer des mécanismes plus énergiques pour l'échange international d'informations sur les maladies animales en général, et sur les meilleures pratiques en matière d'élevage et de gestion des risques de santé animale, en particulier.

 

Source: FAO

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