Quelle valeur pour l’économie écologique?

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Par Marie-Eve Cloutier


Mots-clés : Changements climatiques, biodiversité, Québec, Ouranos, Colloque du CSBQ 2013

 

Photo de Gualberto107 – FreeDigitalPhotos

Les changements climatiques risquent d’avoir de grandes conséquences sur les rendements des cultures et modifier les pratiques agricoles au Québec. Heureusement, il existe des moyens reconnus pour adapter l’agriculture aux changements climatiques : les systèmes de cultures intercalaires (SCI).

Mais, qu’en est-il de leur rentabilité économique? Des scientifiques affiliés au consortium Ouranos ont proposé des réponses lors du Colloque 2013 du Centre de la science de la biodiversité du Québec, du 11 au 13 décembre, à Montréal.

 

Valeur ajoutée

Les SCI sont des systèmes où des arbres sont implantés en rangées largement espacées, de sorte qu’ils ne  compromettent pas la poursuite des activités agricoles. Il faut choisir des arbres qui n’entreront pas en concurrence avec les cultures dans le champ, afin de bénéficier d’une productivité totale. De plus, les SCI sont reconnus pour contribuer à réduire la variabilité des rendements dans un contexte de changements climatiques.

« Dans nos travaux, nous avons constaté que l’agroforesterie peut apporter une contribution à la biodiversité, mais aussi aux corridors écologiques », souligne Alain Olivier, professeur en agroforesterie à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval.  « Je pense que les systèmes de cultures intercalaires pourraient permettre une connectivité supplémentaire [faisant]en sorte que les agriculteurs [puissent]poursuivre leurs activités agricoles », ajoute le chercheur.

Mais, une question demeure : est-ce rentable?

Selon les résultats des travaux de recherche du professeur Olivier, en fonction du climat actuel, les systèmes conventionnels d’agriculture procurent un rendement agricole supérieur à celui des SCI. Cependant, si l’on tient compte des services écosystémiques fournis par les SCI, comme la stabilisation des sols, la valeur économique totale de ce système est 2,4 fois plus élevée.

 

Quel juste prix à payer?

Les biens et services écosystémiques (BSE) sont les bénéfices que nous recevons de l’environnement naturel. La pollinisation ou le prélèvement du bois en forêt en sont des exemples.

Néanmoins, il n’est pas toujours facile d’évaluer la valeur économique des BSE, devenu une valeur essentielle dans la conception et l’évaluation des stratégies de protection environnementale, particulièrement dans un contexte de changements climatiques.

« Ce n’est pas comme mesurer le pH [d’une solution], chiffre sur lequel [les scientifiques]s’entendent rapidement », fait remarquer Jean-Pierre Revéret, professeur au département de Stratégie, Responsabilité sociale et environnementale de l’école des sciences de la gestion de l’UQAM.

C’est pour cette raison que Jean-Pierre Revéret et son équipe ont travaillé au développement d’un guide qui assure une normalisation dans l’utilisation au Québec des outils de valorisation économique des BSE, dans un contexte de changements climatiques.

« On devait évaluer quelles sont les méthodes mises à notre disposition et comment les utiliser de façon optimale », explique le chercheur.  Il ajoute que ces études ont facilité le dialogue entre les sciences de la nature et la science sociale qu’est l’économie.

« Le regard critique est ainsi beaucoup mieux fondé, puisque nous pouvons maintenant donner plus de valeur à des chiffres sur lesquels on s’entend, car on sait que ce qui n’a pas de valeur économique n’est pas pris en compte », conclut-il.

 

Source: GaïaPresse

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