« Le mouvement environnemental a échoué »

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Par Vanessa Cournoyer-Cyr


Mots-clés : économie, énergies fossiles, épuisement, Harvey Mead, pétrole, Québec.

 

Selon Harvey Mead, président de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie entre 2002 et 2007, nous nous dirigeons inévitablement vers le scénario catastrophe élaboré par les auteurs d’Halte à la croissance en 1972 et confirmé par le rapport Brundtland en 1987.

Pendant que les économistes se questionnent sur l’éventuelle reprise de notre modèle économique, nous vivons d’ores et déjà le crash de nos sociétés. C’est du moins ce que défend Harvey Mead, président de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie entre 2002 et 2007. Selon lui, nous nous dirigeons inévitablement vers le scénario catastrophe élaboré par les auteurs d’Halte à la croissance en 1972 et confirmé par le rapport Brundtland en 1987. « L’objectif du mouvement environnemental était d’éviter le scénario de 1972. Le mouvement a échoué. L’effondrement est aujourd’hui évident.»

 

Selon la Commission sur les enjeux énergétiques, la tendance laisse présager une augmentation de 28% de la consommation d’énergies fossiles d’ici 2035. Il faudrait toutefois réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 afin de limiter la hausse des températures globales à 2°C. Selon M. Mead, il s’agit d’un défi impossible à relever en raison de l’absence d’une volonté politique véritable. « Depuis cinquante ans, le mouvement environnemental a proposé toutes les solutions nécessaires afin de faire face au phénomène de changement climatique. Les décideurs ont décidé d’ignorer cet appel. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes leaders qui ont proposé le manifeste Pour tirer profit collectivement de notre pétrole, quelques mois seulement après la publication du rapport du GIEC », a dénoncé en conférence à Sherbrooke celui qui se décrit comme un initiateur du changement qui a échoué.

 

Le Québec en meilleure position

Selon M. Mead et les autres signataires du manifeste Pour sortir de la dépendance au pétrole, le déficit économique structurel ainsi que la hausse du coût du pétrole représentent des contraintes importantes quant à la dépendance au pétrole. « Les gisements conventionnels sont en déclin. On doit donc se tourner vers les gisements non-conventionnels comme les sables bitumineux, qui ont un coût environnemental et économique beaucoup plus élevé. Cela ne se fera pas sans conséquence». M. Mead sonne l’alarme quant à la disponibilité des ressources, particulièrement pour les sociétés dépendantes des énergies fossiles. « Les sables bitumineux deviendront inutiles, étant donné les coûts en énergie qu’ils engendreront».

 

L’ancien commissaire au développement durable dresse néanmoins un portrait plus encourageant pour le Québec. « Le Québec est l’une des sociétés les mieux placées grâce à son énergie hydroélectrique, qui demeurera disponible lorsque les ressources pétrolières s’épuiseront». Afin que le Québec tire son épingle du jeu, M. Mead dresse quelques pistes de solution, proposant notamment de revoir les indicateurs de performance et de revenir à une agriculture d’autosuffisance. « Il faut arrêter de penser que le mouvement environnemental a un pouvoir sur la situation. Il faut commencer à penser notre monde autrement», a conclu cet ancien environnementaliste qui se dit optimiste opérationnel. 

 

Source: GaïaPresse

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