LETTRE OUVERTE: Kalimazoo – Une rivière qui chante dans l’île d’Anticosti

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En août 1984, il y aura 30 ans cet été, ma famille et moi avons séjourné 2 semaines à l’île d’Anticosti. Quel voyage de rêve ! À partir de notre camp de base, Kalimazoo, nous avons pu découvrir une nature d’une beauté exceptionnelle. En plus de Kalimazoo, nous avons pu entendre chanter les rivières Vauréal, Jupiter, Ste-Marie, McDonald,… Nous avons pu nous baigner dans leurs eaux cristallines. Surtout, nous avons rencontré des gens extraordinaires, d’autres insulaires comme nous, amoureux de leur île. Toute cette merveilleuse histoire est consignée dans notre journal de bord, dessins et photos à l’appui.

Vous imaginez bien le choc ressenti par une grand-mère de presque 70 ans à l’annonce du projet de fracturations pétrolières dans le schiste de l’île d’Anticosti. Mon coeur a volé en éclats. Mon père, 92 ans, pêcheur de métier, ne parle pas souvent, comme beaucoup de pêcheurs ici aux îles. Ce jour-là, il m’a dit : « Si ça se fait sur Anticosti, ça va faire un moyen mess et toute la cochonnerie va s’en aller à la mer. » La mer, notre mer nourricière, notre Golfe du Saint-Laurent. Ce golfe, tributaire des Grands-Lacs, du fleuve aux grandes eaux, coule en nous comme le sang dans nos veines. Nous sommes, dans ce grand bassin versant, 60 millions d’habitants de 10 États étatsuniens et de 6 provinces canadiennes. Ce majestueux Bassin Grand-Lacs-Saint-Laurent et son Golfe représente 20% de la réserve totale d’eau de la planète entière. Quelle fabuleuse richesse et quelle responsabilité aussi !

En bien des endroits sur la planète, des femmes, des enfants marchent pendant des heures pour aller puiser leur eau potable. Combien de temps allons-nous marcher dans le désert de notre cupidité avant d’arriver au puits ? Je me rappelle le Petit Prince de St-Exupéry : « Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part. »

Ce qui réchauffe le coeur d’une grand-mère comme moi, c’est Kalimazoo, une rivière qui chante dans l’île d’Anticosti. Retournerons-nous jouer dans l’île ?

 

Source: Annie Landry, l’Anse à la Cabane, Îles de la Madeleine

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