Recycler les matières organiques de Montréal : comment s’y prendre ?

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Photo de Kessner Photography – Flickr

Une centaine de personnes étaient présentes pour assister aujourd’hui à la table ronde organisée par le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal), en collaboration avec la Maison du développement durable. Cet évènement a permis d’aborder concrètement la mise en œuvre du projet montréalais d’infrastructures de traitement des matières résiduelles organiques (MRO), avec les facteurs clés de réussite ainsi que des exemples inspirants. Ce rendez-vous a aussi mis sur la table, pour la première fois, la question des boues municipales qui représentent plus d’un tiers des MRO produites sur l’Ile.

Les interventions des 5 experts, Éric Blain, chef de division à la division de soutien technique et infrastructures à la direction de l’environnement de la Ville de Montréal ; Cédric Bourgeois, président de Transfert, Environnement et Société, Richard Fontaine, directeur à la direction de l’épuration des eaux usées au service de l’eau de la Ville de Montréal; Michel Laforest, président de SpiralTrans et collaborateur chez Berlie Technologies et Simon Naylor, vice-président administration et développement à VIRIDIS environnement, ont permis de tirer plusieurs constats.

 

Allez de l’avant avec un projet structurant

« Chaque année, 230 000 tonnes de matières résiduelles organiques (MRO) sont enfouies à plus de 50 kilomètres à l’extérieur de l’île de Montréal. Une fois mis en œuvre, le compostage et la biométhanisation permettront le recyclage de 81 % des MRO. Voici un beau projet de société pour Montréal qui remettra en circulation ces ressources précieuses pour notre environnement » souligne Coralie Deny, directrice du CRE-Montréal.

L’agglomération de Montréal compte utiliser tout le compost produit dans ses activités notamment en horticulture, en aménagement d’espaces verts et de parcs ou encore en le distribuant aux citoyens. Ces matières seraient aussi très prisées par des agriculteurs de la région, particulièrement ce qui sort de la biométhanisation qui a un potentiel de fertilisation plus élevé que le compost.

 

Ça fonctionne ailleurs, pourquoi pas aussi chez-nous?

La table ronde a été l’occasion aussi de présenter des bonnes pratiques de traitement des MRO ainsi que des cas concrets inspirants.

Parmi les nombreux exemples cités, notons celui de Morsbach en France. Ces installations de biométhanisation traitent plus 40 000 tonnes de résidus alimentaires annuellement dans un complexe situé à proximité des résidences. Les odeurs et les autres nuisances sont inexistantes grâce à une bonne planification en amont des méthodes d’exploitation ainsi que des normes de propretés. À Varennes, la biométhanisation transformera les résidus de table et de jardin de 27 municipalités et permettra de chauffer des bâtiments, alimenter des voitures ou enrichir des terres cultivables.

L’obtention d’un « permis social d’opérer » est aussi une des clés de réussite d’implantation du projet. Pour répondre à cette prémisse, le projet doit être fait en concertation avec les citoyens et porté par les politiques locaux.

 

Les boues, l’équivalent d’environ 30 semi-remorques de 25 tonnes par jour à Montréal

En 2013, la station d’épuration a produit 267 200 tonnes de boues, l’équivalent d’environ 30 semi-remorques de 25 tonnes par jour.  Ces boues sont ensuite incinérées pour produire 44 530 tonnes de cendres. Celles-ci remplissent en moyenne , quotidiennement, 5 semi-remorques qui transitent vers le lieu d’enfouissement technique de la station d’épuration.

Pourtant, il existe de nombreuses possibilités pour valoriser les boues : la biométhanisation, le compostage ou l’utilisation telle quelle. À Montréal, une étude pilote est en cours afin d’évaluer la faisabilité de valoriser les cendres sur des terres agricoles.

Ottawa, Toronto, Winnipeg, Edmonton, Calgary mais aussi Saskatoon ou encore Vancouver valorisent les boues. Il faudrait seulement 7 à 11 % des terres agricoles de la CMM pour valoriser l’ensemble des matières résiduelles fertilisantes produites sur l’île de Montréal. Une avenue donc possiblement prometteuse.

 

Source: CRE Montréal

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