L’exploitation du gaz de schiste ferait exploser le bilan carbone du Québec

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Ce texte a été publié sur le site web du Journal de Montréal (1er mars 2014)


Photo de Marcovdz – Flickr

Mario Dumont affirme dans sa chronique du 25 février que rien dans le rapport du comité de l’Évaluation environnementale stratégique (ÉES) sur le gaz de schiste ne montre que son exploitation serait préjudiciable. Nous n’avons pas lu le même rapport! Toute étude comporte des limites et l’ÉES suppose qu’aucune fuite de gaz ne surviendrait après la fermeture des puits dont la durée de vie est estimée à 25 ans. Comme si les bouchons de ciment obturant les puits pouvaient durer éternellement ! Cette limite conduit à une sous-estimation d’un des principaux effets préjudiciables de cette industrie pour l’environnement: la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre (GES). Selon les données de l’ÉES, les émissions de GES du Québec augmenteraient de 23% en cas d’exploitation à grande échelle. C’est déjà très important. Mais c’est une estimation portant seulement sur les 25 ans de durée de vie des puits. Après, il faudra compter sur la solidité du ciment…

Autre sous-estimation majeure, nous notons que la valeur de base utilisée par l’ÉES pour évaluer le bilan des GES émis par l’industrie, à savoir le potentiel de réchauffement global du méthane, est caduque car elle a récemment été réévaluée à la hausse. Le rapport 2013 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) donne une valeur au PRG du méthane supérieure de 56% à celle utilisée dans l’ÉES. La prise en compte de cette nouvelle valeur reviendrait à augmenter les émissions du Québec non de 23 mais de 36%, alors que le gouvernement veut les diminuer de 25% !

M. Dumont pense peut-être qu’une augmentation des émissions de GES ne serait pas préjudiciable aux Québécois. Ce serait une très courte vue. Les nouvelles scientifiques et climatiques montrent tous les jours que nous allons payer très cher l’insouciance collective vis-à-vis des émissions de GES. La sécheresse affecte la production de café au Brésil, en Afrique c’est le cacao qui souffre, en Colombie-Britannique, les coquilles Saint-Jacques meurent prématurément en raison de l’acidité accrue de l’océan et en Californie, une sécheresse historique fera certainement grimper les prix des fruits et légumes importés du panier alimentaire québécois… Des préjudices bien concrets…

 

Source: Alain Brunel, directeur climat-énergie de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)

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