Oléoducs et climat : la planète brûle et l’ONÉ regarde ailleurs

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Photo de Sanao – Wikipedia commons

L’Office national de l’énergie (ONÉ), l’autorité fédérale quasi judiciaire chargée d’évaluer les conséquences sur l’environnement des projets d’oléoducs au Canada, a rendu publique le 14 avril la liste des questions qu’il étudiera dans le cadre du projet Énergie Est de TransCanada, un projet de conversion et de construction d’un oléoduc, de Hardisty en Alberta jusqu’à St-John au Nouveau-Brunswick en passant par le Québec. L’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) en amont et en aval liée à cette infrastructure prévue pour transporter jusqu’à 1,1 million de barils par jour pendant plus de 40 ans est explicitement exclue de cette liste.

L’Office affirme « ne pas avoir le pouvoir de réglementer les activités en amont ou en aval qui sont associées à la mise en valeur des sables bitumineux et l’utilisation du pétrole qui serait transporté par l’oléoduc proposé ».

La semaine même où les experts du climat nous disent qu’il faut réduire les gaz à effet de serre globalement de 40 à 70% d’ici 2050 pour avoir une chance de limiter les catastrophes climatiques, l’ONÉ, organisme censé protéger l’environnement selon la loi, nous dit qu’il ne va pas étudier l’augmentation d’environ 40% des émissions de GES provenant des sables bitumineux qu’entraînerait le projet Énergie Est. La planète brûle et l’ONÉ va regarder ailleurs ! C’est une honte et un scandale » affirme Alain Brunel, directeur climat-énergie de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA). Il ajoute que « l’ONÉ examine les effets sur les marchés du produit qui transite dans les tuyaux mais affirme son impuissance à examiner ses effets sur notre atmosphère malade. Cherchez l’erreur. L’ONÉ est incapable d’assumer ses responsabilités depuis qu’elle est bâillonnée et rendue aveugle par le mandat à œillères que lui a imposé le gouvernement Harper».

« Il est aussi curieux de voir l’ONÉ fixer la liste des questions qu’il abordera avant même que le projet soit officiellement déposé l’été prochain. Seul l’avant-projet est déposé pour l’instant. L’Office cherche-t-il à cautionner par avance l’aveuglement volontaire de TransCanada sur cette question? Veut-il prendre de court une opposition qui grandit à l’encontre de ce projet de pipeline qui serait le plus gros d’Amérique du nord? » se demande Alain Brunel.

Selon André Bélisle président de l’AQLPA, « le gouvernement de Stephen Harper a dévalué le processus d’évaluation environnementale de l’ONÉ à un point tel que les citoyens devront prendre les grands moyens pour ramener du bon sens dans une procédure qui serait une mascarade si elle ne traitait pas de l’enjeu environnemental du siècle. »

 

Source: AQLPA

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