Résultats d’un important sondage sur les compteurs intelligents

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Photo de Marc Dufresne – Flickr

Tel que prévu dans son plan d'action pour contrer le déploiement des compteurs intelligents d'Hydro-Québec, le comité organisateur de la campagneJe garde mon compteur ! a mandaté la firme Léger Recherche Stratégie Conseil (leger360.com) pour réaliser un sondage afin de déterminer quelles sont les perceptions des résidents de la grande région de Montréal à l'égard de ces compteurs.

Quatre questions détaillées ont été posées dans le cadre d'un sondage Omnibus réalisé du 31 mars au 3 avril auprès d'un échantillon représentatif de 500 résidents de Montréal RMR (région métropolitaine de recensement). De ce sondage, il ressort que la moitié (50%) des résidents de la grande région de Montréal sont en désaccord avec le remplacement des compteurs électriques par des compteurs intelligents, alors que 36% sont en accord avec ce remplacement et que 14% ne se prononcent pas.

En général, les résidents de la région de Montréal se disent préoccupés par les arguments amenés par les opposants concernant les compteurs intelligents. Plus spécifiquement, 82% des répondants se disent préoccupés, entre autres, par la hausse des coûts que pourraient engendrer les compteurs intelligents ; 73% des répondants sont préoccupés par le fait que cette nouvelle technologie puisse donner à Hydro-Québec la possibilité d'instaurer ultérieurement la tarification différenciée dans le temps, ce qui augmentera le coût de l'électricité aux heures de grande consommation ; 63% des répondants sont très ou assez préoccupés par le fait que les micro-ondes pulsées émises par les compteurs intelligents puissent avoir des conséquences néfastes sur leur santé et celle de leur famille ; et enfin 52% des répondants craignent que l'on puisse théoriquement analyser de façon détaillée leurs habitudes de vie et celle de leur famille.

Quand on leur explique que la Régie de l'énergie examine présentement la demande d'approbation soumise par Hydro-Québec relativement aux Phases 2 et 3, afin de déterminer s'il faut autoriser ou non le déploiement des compteurs intelligents dans le reste du Québec, la moitié des répondants (52%) sont en désaccord avec la poursuite du déploiement des compteurs intelligents, sans la réalisation au préalable d'une étude d'impacts, alors que 35% sont en accord et que 14% ne se prononcent pas.

Le contexte présenté pour leur permettre de se faire une opinion était le suivant : « D'une part, la Régie estime que la problématique entourant les effets sur la santé allégués par les opposants a été suffisamment débattue lors de l'examen de la Phase 1, que l'assurance donnée par Santé Canada que les compteurs intelligents ne présentent pas de dangers pour la santé est suffisante, basant ainsi son examen principalement sur des considérations financières. D'autre part, les opposants font valoir qu'aucune étude d'impacts sur la santé n'ayant été réalisée, et compte tenu des nombreux témoignages de personnes rapportant éprouver des symptômes incommodants en présence de ces compteurs, il pourrait être imprudent de poursuivre le déploiement. »

Enfin, la dernière question visait à déterminer quelle était l'opinion des résidents de la région métropolitaine de Montréal à l'égard des frais liés au droit de retrait. On leur expliquait que d'une part, Hydro-Québec fait valoir que c'est au client refusant l'installation gratuite d'un compteur intelligent qu'il revient de payer pour les frais de relève manuelle que cette option nécessite, et que d'autre part, les opposants dénoncent les frais réclamés, qualifiés de discriminatoires pour les ménages à faibles revenus, et on leur demandait ce que, selon eux, la Régie de l'énergie devrait faire.

En réponse aux 3 choix proposés, 59% des répondants ont répondu qu'elle devrait accorder la gratuité pleine et inconditionnelle du droit de retrait ; seulement 15% ont jugé qu'elle devrait maintenir les frais demandés par Hydro-Québec pour le droit de retrait, alors que 15% étaient d'avis qu'elle devrait faire varier les frais demandés pour le droit de retrait en fonction des revenus du client, et que 11% d'entre eux ne se sont pas prononcés.

On peut consulter en ligne le rapport préparé par Léger, comprenant le libellé complet des questions soumises aux répondants, en se rendant au jegardemoncompteur.com/SondageLeger2014.pdf

 

Interprétation des résultats de ce sondage

Signalons tout d'abord qu'un précédent sondage, réalisé pour le compte du syndicat des employé(e)s de techniques professionnelles et de bureau d'Hydro-Québec par Léger en octobre 2011 dans l'ensemble du Québec auprès de 997 répondants (disponible au jegardemoncompteur.com/SondageCompteurs2011.pdf) avait déjà établi un rejet dans des proportions semblables de la technologie choisie par Hydro-Québec.  Il est important de signaler que comme les données disponibles du sondage de 2011 ne précisent pas quels étaient alors les pourcentages uniquement pour la région de Montréal, on ne peut tirer avec certitude de conclusions dans un sens ou l'autre (progression ou recul réels du taux de désaccord). Toutefois, compte tenu de la couverture généralement favorable à cette technologie offerte à maintes reprises par les grands médias depuis 2011, il est remarquable de constater que loin de diminuer, le niveau de rejet de cette option technologique a, selon toute vraisemblance, légèrement progressé, ce qui dénote une absence d'acceptabilité sociale suffisante pour justifier un réexamen sérieux et plus critique de ce choix technologique. On élit des gouvernements au Québec avec bien moins que 50% du vote populairePourquoi vouloir s'entêter à imposer une technologie suscitant une aussi large réprobation au sein de la population ?

Un autre point important mettant en lumière l'imprudence de continuer dans cette voie, si la Régie entérinait la suite du déploiement, est l'absence de toute étude d'impacts indépendante pouvant faire la lumière sur le lien que de très nombreux clients font entre les nombreux symptômes persistants et trop souvent débilitants qu'ils éprouvent et l'arrivée de ces nouveaux appareils émettant environ 3 fois par minute une brève mais intense émission de micro-ondes dites pulsées. Alors que de l'avis de plusieurs experts scientifiques, un doute suffisant subsiste sur les impacts sanitaires des micro-ondes pulsées pour réclamer d'urgence de nouvelles études plus poussées pour élucider cette question, et que d'autres pointent du doigt l'existence de milliers d'études non financées par l'industrie du sans fil ayant déjà établi dans 70% des cas un lien entre ces micro-ondes et diverses pathologies sérieuses, est-il sage et raisonnable pour la Régie de l'énergie de refuser de tenir compte à la fois des nombreux témoignages (plus de 100) mis en ligne sur son site (voir au bit.ly/1cVnmLn et au bit.ly/1kmkdgq et voir aussi la soixantaine de témoignages regroupés au jegardemoncompteur.com/problemesante.html) de personnes se disant sérieusement incommodées par ces appareils, et des nombreux avis de groupes d'experts internationaux et américains (voir au cqlpe.ca/pdf/EtudeCasTemoin.pdf) réclamant l'arrêt du déploiement de cette technologie ? Mais surtout est-il éthiquement acceptable d'imposer à l'ensemble de la population québécoise, y compris à ses éléments les plus fragiles (bébés, femmes enceintes et leur fœtus, jeunes enfants, et vieillards à la santé fragile), de servir de cobayes dans une gigantesque expérience en les soumettant perpétuellement à une exposition à un polluant invisible mais réel qui, de l'avis de l'Organisation mondiale de la santé pourrait s'avérer cancérogène pour l'homme ?

Chose sûre, près de 2/3 des résidents de la grande région de Montréal (63%) sont très ou assez préoccupés par les impacts que cela pourrait avoir sur leur santé et sur celle de leur famille. Peut-on impunément ignorer l'anxiété considérable que suscite cette technologie et se contenter de dire aux gens qu'ils devront dorénavant se faire à l'idée d'être exposés 24 heures sur 24 à une source de pollution parfois très intense dont il leur est impossible de s'éloigner à moins de déménager hors du Québec, ou de payer des frais démesurés et inéquitables pour faire remplacer leur seul compteur sans pouvoir éviter les rayonnements émanant de tous les autres dans leur quartier ou dans leur édifice à logement ? Quand on sait qu'il a fallu plus de 30 ans à la communauté scientifique pour enfin tomber d'accord sur le fait évident qu'il existe un lien de cause à effet entre la fumée du tabac et l'épidémie de cancers du poumons qui, encore aujourd'hui tue des millions de personnes dans le monde chaque année, doit-on se satisfaire des assurances données par des «experts» qui, quand on creuse un peu, se révèlent généralement être en grave conflit d'intérêts puisqu'ils sont grassement financés par l'industrie même dont ils seraient censés étudier avec objectivité les impacts potentiels sur notre santé à tous ?

C'est parce qu'ils ne font aucunement confiance à une science sous l'emprise de pouvoirs financiers occultes que tant de gens s'opposent avec de plus en plus de fermeté au déploiement de cette dangereuse technologie. C'est aussi parce qu'ils voient de plus en plus de gens autour d'eux, quand ils n'en sont pas eux-mêmes victimes, être devenus allergiques à toute forme d'exposition aux champs électromagnétiques, que plus de la moitié de la population montréalaise réclame l'arrêt immédiat du déploiement des compteurs et la réalisation d'une véritable étude d'impacts non financée par l'industrie du sans fil, afin d'avoir enfin l'heure juste. Et bien évidemment, si 82% sont très ou assez préoccupés par le fait de voir leur facture d'électricité monter, c'est parce qu'ils ont bien compris que, depuis le début, Hydro-Québec dissimule, maquille et enjolive les faits, tout en refusant d'avouer que la véritable raison au fond pour laquelle ce monopole étatique tient tant à nous imposer ces compteurs, c'est pour tirer profit, comme en Ontario et ailleurs, de la raison même pour laquelle ces appareils ont été conçus, soit nous faire payer 2 fois plus cher l'électricité consommée aux heures de forte demande, alors que les gens n'ont pas le choix de consommer davantage de ce bien essentiel à la vie moderne. La population n'est pas dupe !

Enfin, comme la coalition parrainant la campagneJe garde mon compteur ! l'a récemment signalé dans un communiqué de presse, il n'y a pas que la population qui s'objecte à l'arrivée de cette technologie et à l'imposition de quelconques frais pour y être moins exposés, des frais qui contre toute logique imposent au pollué de payer pour protéger sa santé et celle de ses enfants, alors que normalement c'est le pollueur qui doit payer. En effet, en date de la diffusion de ce communiqué, ce sont 87 municipalités, dont les élus représentent près de 2 millions de citoyens québécois, qui ont pris position par voie de résolution pour réclamer du gouvernement un moratoire, ou la gratuité du droit de retrait, ou bien les deux – voir les détails à ce sujet au cqlpe.ca/pdf/ListeMunicipalitesQc.pdf. Même l'Assemblée nationale a réclamé unanimement en mai dernier qu'Hydro-Québec change son fusil d'épaule et consente à la gratuité du droit de retrait comme c'est le cas au Vermont, notamment. Nous savons maintenant que seulement 15% des résidents de la région de Montréal sont du même avis que la Régie et Hydro-Québec, alors que 59% estiment qu'il faut éliminer complètement ces frais et que 15% ne les conserveraient que s'ils étaient ajustés en fonction des revenus du client. Il est clair qu'une simple baisse symbolique par Hydro-Québec de ces frais ne fera que jeter de l'huile sur le feu de la contestation populaire, laquelle se manifestera d'ailleurs samedi prochain par une importante manifestation dans les rues de Montréal.

À la lumière de tout ce qui précède, et compte tenu de l'absence complète de toute objectivité de la part de la Régie de l'énergie qui, selon nous, s'avère incapable de faire preuve d'indépendance à l'égard d'Hydro-Québec, en refusant de prendre des décisions qui tiennent réellement compte des intérêts et de la santé des citoyens québécois dans ce dossier, l'ensemble du mouvement d'opposition réclame et va continuer à réclamer du nouveau gouvernement Libéral qu'il décrète l'arrêt immédiat du déploiement des compteurs 'intelligents' et le transfert au BAPE de ce dossier, afin que ce dernier fasse réaliser dans les meilleurs délais l'étude d'impacts exigée par la moitié des résidents de la grande région de Montréal, de même que par un nombre croissant de conseils municipaux. Nous réclamons aussi qu'entre-temps, la gratuité pleine et inconditionnelle du droit de retrait soit accordée aux clients ayant déjà vu leur compteur remplacé, ou ayant un compteur de deuxième génération émettant également des micro-ondes potentiellement nocives pour la santé – c'est le cas de plus de 820 000 clients dans l'ensemble du Québec.

 

Source: Je garde mon compteur! 

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