TEXTE D’OPINION: Gaz de schiste : le point sur le « moratoire »

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Photo de Flcelloguy – Wikipedia commons

En cette période électorale, alors même que se tiennent les audiences de la commission du BAPE sur Les enjeux liés à l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste dans le shale d'Utica des basses-terres du Saint-Laurent, on entend couramment parler du « moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste ». Qu’en est-il exactement?

La Loi limitant les activités pétrolières et gazières (gouvernement libéral, 2011) interdit toute activité d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures dans le fleuve Saint-Laurent, en amont de l'extrémité ouest de l'île d'Anticosti. C’est ce qu’on appelle le « moratoire fluvial », qui concerne uniquement le lit du fleuve.

« Notre position est très claire sur les gaz de schiste : un moratoire complet tant sur l'exploration que sur l'exploitation. » déclaration de Martine Ouellet, ministre des Ressources naturelles, au lendemain de l’élection de septembre 2012.

Hélas, le projet de Loi 37 interdisant certaines activités destinées à rechercher ou à exploiter du gaz naturel dans le schiste (instaurant un moratoire d’une durée de 5 ans maximum, dans les basses-terres du Saint-Laurent seulement) est mort au feuilleton.

S’il n’y a pas d’activité d’exploration du gaz de schiste depuis quatre ans (« moratoire de facto »), c’est, d’une part, parce que le prix du gaz a baissé et, d’autre part, parce que les citoyens se sont levés et ont manifesté leur opposition à la fracturation (campagne Vous n’entrerez pas chez nous et règlements municipaux sur la protection de l’eau). Mais il ne s’agit pas ici simplement du syndrome « Pas dans ma cour ».

Les citoyens semblent infiniment plus conscients que les candidats à l’élection de l’ampleur de la catastrophe environnementale et climatique qui nous menace tous. Le rapport du GIEC est pourtant diffusé et commenté partout dans le monde. Qui a eu le courage d’en parler pendant cette campagne? On nous promet croissance, développement économique, création d’emplois grâce à l’exploitation de nos ressources naturelles. Les études scientifiques, pointues et parcellaires, présentées aux audiences du BAPE, loin de rassurer les citoyens, semblent vouloir cautionner cette orientation en posant des balises à l’exploitation du gaz de schiste. Le pétrole et le gaz assureraient donc notre avenir?

Or c’est le contraire. Si nous continuons dans la même voie, nous courons à la catastrophe. Les scientifiques nous préviennent : les hydrocarbures doivent rester dans le sol si nous voulons freiner le dérèglement du climat. La première responsabilité de nos élus doit être de dépasser leurs slogans creux et de regarder vers l’avenir. Nous voulons aujourd’hui au Québec un vrai moratoire, pas seulement sur le gaz de schiste, mais sur toute la filière des hydrocarbures.

 

Source: Denise Campillo, Roxton Falls

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