Des systèmes d’agriculture traditionnels de Chine, d’Iran et de Corée du Sud reconnus à l’échelle mondiale

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Six systèmes agricoles traditionnels en Chine, en Iran et en Corée du Sud connus pour leurs caractéristiques et approches uniques de durabilité, ont été désignés par la FAO comme Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM).

Il s'agit du système d'irrigation Qanat en Iran, un réseau de fermes irriguées qui a survécu près de trois millénaires, d'un système de 22 000 km de murets de pierre volcanique à Jeju, en Corée du Sud; et des rizières en terrasses irriguées de Gudeuljang à Cheongsando, également en Corée du Sud.

Trois sites chinois figurent aussi sur la liste: l'agrosystème unique Duotian de Xinghua, renommé pour sa technique d'utilisation de l'eau et des terres; le système historique de culture du jasmin et du thé de Fuzhou; et les plantations de dattiers chinois traditionnels de Jiaxian.
Les sites ont été officiellement reconnus durant la session du Comité scientifique et directeur SIPAM qui s'est tenue au siège de la FAO à Rome les 28-29 avril.

Avec l'inscription de ces nouveaux sites, le nombre total de systèmes SIPAM s'établit désormais à 31 dans 14 pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie. Les sites sont considérés comme des modèles d'innovation, de durabilité et d'adaptabilité, offrant d'importants avantages à l'écosystème.

La sous-directrice générale de la FAO et coordonnatrice pour les ressources naturelles, Maria Helena Semedo, a invité à désigner d'autres sites de par le monde et à prendre des mesures concrètes afin d'améliorer la conservation des méthodes ancestrales et le partage de connaissances qui en dérivent.

"Les Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM) ont été forgés au fil des siècles, mettant à profit les expériences accumulées par les communautés rurales et les populations autochtones du monde entier", a déclaré Mme Semedo, en ajoutant que la reconnaissance de ces systèmes était parfaitement d'actualité durant l'Année internationale de l'agriculture familiale.

"Outre les multiples biens et services et aliments ainsi que la sécurité de moyens de subsistance qu'ils offrent, les systèmes SIPAM ont porté à la sauvegarde d'une importante biodiversité agricole, d'écosystèmes résilients, de paysages remarquables, et d'un patrimoine culturel précieux", a-t-elle précisé.


Conservation pour un monde plus durable

L'Initiative du Partenariat mondial SIPAM a été lancée par la FAO en 2002 durant le Sommet mondial du développement durable de Johannesburg (Afrique du Sud).

Des programmes pilotes ont ensuite démarré dans six pays (Algérie, Chili, Chine, Pérou, Philippines et Tunisie) dès 2005. Durant la réunion de deux jours, les participants ont analysé ces expériences pilotes et les enseignements tirés aux niveaux local et national d'une gamme d'interventions, notamment sur le renforcement des capacités et la promotion de politiques.

Le Comité directeur a pris en considération de nouveaux sites à inscrire à la liste SIPAM et tenu d'amples débats sur la manière de développer les efforts du SIPAM. Ils ont également examiné le renforcement et l'expansion des sites et du programme de travail afin de garantir la sauvegarde et la conservation dynamique des systèmes agricoles uniques à l'échelle mondiale.

Le travail du SIPAM avec les gouvernements et les communautés bénéficie du soutien des programmes de la FAO et des dons du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), du Fonds international pour le développement agricole (FIDA), du Gouvernement allemand, ainsi que d'autres partenaires.


Les six nouveaux sites SIPAM


Chine – Système de culture de jasmin et de thé de Fuzhou

Les Chinois cultivent le jasmin depuis plus de 2000 ans, et Fuzhou est célèbre pour son jasmin en raison de son climat favorable et de sa méthode de parfumage du thé. Comme le jasmin et les théiers poussent dans des environnements différents, les habitants de Fuzhou ont façonné des systèmes paysagers verticaux pour pouvoir y pratiquer les deux cultures à la fois sur des niveaux séparés et dans des microclimats distincts. 


Chine – Dattes traditionnelles de Jiaxian

La jujube est une espèce de datte originaire de Chine. Situé dans le canyon de Jinshaan sur le cours moyen du Fleuve Jaune, le comté de Jia est reconnu comme son lieu de culture le plus ancien, remontant à plus d'un millier d'années et comprenant tout le processus de domestication de la jujube sauvage en plante cultivée. Du fait des fréquentes sécheresses, la résistance des jujubiers en fait des plantes vitales pour les familles locales. Les arbres fruitiers jouent également un rôle fondamental pour l'environnement, servant de protection contre les tempêtes de sable et conservant l'eau et la terre sur le plateau à végétation clairsemée.


Chine – Agrosystème Duo Tian, Xinghua, Province de Jiangsu

Xinghua est surnommée "la ville au millier d'îlots" en raison de son formidable réseau de champs surélevés entourés d'eau. Située dans des terres basses, pendant des siècles la zone de Xinghua a été victime de fréquentes inondations. En surélevant les champs avec des poteaux en bois et des tas de boue, les habitants ont transformé les vastes réserves d'eau en un système d'irrigation.


Iran – Systèmes d'irrigation Qanat à Kashan, Province d'Ispahan

La technique d'irrigation Qanat remonte à au moins 800 av. J.C. et la région de Kashan possède un des plus anciens systèmes persans d'agriculture irriguée par les Qanats. Ce système a assuré la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des agriculteurs familiaux traditionnels vivant dans des zones essentiellement arides, en garantissant une source d'eau sans laquelle les cultures auraient été impossibles.


Corée – Cheongsando

Au XVIème siècle, les habitants du groupe d'îles de Cheongsando ont commencé à utiliser les pierres locales pour créer un système de rizières en terrasses, irriguées par un réseau souterrain unique en son genre. Dans un contexte de sols rocailleux, sablonneux et de manque d'eau, ils ont construit des ponceaux comme aqueducs pouvant à la fois alimenter et drainer l'eau. Les terrasses rizicoles irriguées de Gudeuljang sont très répandues sur l'ensemble des 14 îles de Cheongsando couvrant une superficie d'environ 43 km2. Les agriculteurs unissent leurs efforts au sein de systèmes coopératifs permettant de préserver l'infrastructure et de prendre des décisions concernant l'utilisation collective de l'eau.


Corée – Jeju

L'île volcanique de Jeju, constituée de sols sablonneux et rocailleux dont l'eau tend à s'évaporer, est située à l'extrémité méridionale de la péninsule coréenne. Les habitants utilisaient les pierres pour construire des murets de plus de 22 000 km de long en guise de brise-vent, servant aussi à enrayer la perte d'eau et de terre et préservant la biodiversité locale.

Grâce aux murets Batdam, l'agriculture a survécu aux catastrophes naturelles pendant plus d'un millier d'années sur l'île de Jeju. Elle se retrouve pourtant désormais confrontée à de nouveaux enjeux comme l'urbanisation.

 

Source: FAO

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