Des toits convertis en potager, pourquoi pas ?

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Depuis quelques années, une nouvelle tendance a fait émergence dans les villes : des jardins communautaires et des toits convertis en potager. Il s’agit de l’agriculture urbaine, un phénomène de plus en plus visible et qui attire de plus en plus d’adeptes. En 2013, on comptait plus de 800 millions de personnes dans le monde qui pratiquaient l’agriculture urbaine. 200 millions d’entre eux réalisent de la production de marché et 150 millions le font à plein temps. Ces gens produisent environ 15 % de la production mondiale de nourriture1. Dans le Grand Montréal, 30 % de la population dit cultiver des plantes potagères sur leur terrain, leur balcon ou leur toit2.

Mais qu’en est-il de ce phénomène agricole et ce modèle de culture? Est-il gage de pérennité? À sa face même, ce type d’agriculture comporte beaucoup d’avantages dont la fraîcheur des aliments et les coûts réduits de transport. Mais certains y voient également des inconvénients.

Agriculture urbaine : avantages et inconvénients.

 

Utile en période de crise

Selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (« MAPAQ »), l’agriculture urbaine se définit comme étant l’ensemble des activités de production d’aliments, souvent, mais pas exclusivement, réalisées à petite échelle dans une ville, et qui utilisent des ressources, des produits et des services qui se trouvent dans la ville. Fournissant des produits agricoles et des services pour une consommation locale, ce type d’agriculture peut prendre différentes formes à savoir : communautaire, commercial ou privative.3 L’agriculture périurbaine quant à elle, se différencie légèrement de l’agriculture urbaine et se définit comme étant une activité réalisée dans un espace intérimaire entre la ville et la campagne, entretenant des liens commerciaux avec le milieu urbain.4

Ce type d’agriculture se distingue de l’agriculture rurale qui implique de plus grandes surfaces de culture, de plus grandes quantités d’aliments produits et une technologie beaucoup plus mécanisée.5 Ce type d’agriculture peut donc apporter une contribution importante à la sécurité alimentaire des ménages, en particulier durant les périodes de crise et de pénuries alimentaires.

 

Embellissement urbain

Les aliments produits de l’agriculture urbaine sont également plus frais, plus nourrissants et sont souvent offerts à des prix plus compétitifs car ils sont transportés sur de plus courtes distances et nécessitent moins de réfrigération. Cette baisse des prix permettrait à de gens moins fortunés d’avoir accès à une alimentation fraîche et de qualité.

Selon Agriculture Urbaine Mtl, « en plus de fournir des aliments frais et de qualité aux citadins, l’agriculture urbaine a de multiples autres retombées pour la ville et ses habitants. D’un point de vue environnemental, cette pratique peut contribuer à améliorer la qualité de l’air, réduire les îlots de chaleur, protéger la biodiversité et diminuer les eaux de ruissellement. Sur le plan économique, elle permet de diminuer le prix du panier d’aliments et commence même à générer des emplois. Par son intégration à l’aménagement urbain, elle permet de régénérer des secteurs dévitalisés en plus d’embellir le paysage urbain. »6

Ce type d’agriculture permet également à un citadin de se familiariser et d’apprendre un nouveau métier sans avoir à subir la pression associée aux opérations d’une entreprise agricole. Elle permet également à certaines personnes d’obtenir un revenu supplémentaire par la vente de produits cultivés et/ou de subvenir dans une certaine mesure, à ces besoins alimentaires.

Selon le MAPAQ, l'agriculture urbaine comporte de nombreux avantages liés à sa situation privilégiée dans les villes, à savoir 7:

  • Embellissement urbain : transformation d’espaces inesthétiques en espaces verts et horticoles.
  • Protection de l'environnement :

    • réduction des îlots de chaleur
    • absorption des eaux pluviales
    • maintien d’une certaine biodiversité
    • recyclage de la matière organique grâce au compostage.
  • Autonomie alimentaire : préparation d’aliments par les citadins pour leur consommation personnelle.
  • Socialisation : établissement et développement de nouvelles relations sociales par l’entremise d’une activité peu coûteuse et productive.
  • Éducation : sensibilisation de la population aux réalités des activités agricoles et découverte des particularités des aliments.

Le Graphique 1 ci-après montre sans équivoque les facettes de la multifonctionnalité de l’agriculture urbaine.

Malgré les nombreux avantages de l’agriculture urbaine et périurbaine, plusieurs y voient quand même des inconvénients.

 

Des inconvénients certes

Les inconvénients de l’agriculture urbaine sont beaucoup moindres, en nombre, en comparaison des avantages. Par ailleurs, ils nécessitent quand même une attention particulière et un encadrement certain, si l’agriculture urbaine veut prendre de l’expansion.

Les inconvénients qui ressortent des recherches sur l’agriculture urbaine sont la contamination des sols, les mauvaises odeurs, la pollution sonore et l’usage inapproprié de pesticides et d’engrais organiques bruts qui peuvent à l’occasion se déverser dans des sources d’eau.

L’implantation de jardins urbains comporte également plusieurs défis. Le Tableau 1 ci-après dresse une liste d’obstacles inhérents à l’agriculture urbaine.

Popularité

Plusieurs pays et plusieurs villes dans le monde ont adopté ce style de pratique d’agriculture. Citons la Havane dont 80 % des fruits et légumes sont produits en ville. Retenons également New York, Tokyo, Paris, Londres et San Francisco. Dans les villes sud-méditerranéennes un tiers de la consommation alimentaire est produite par l’agriculture urbaine8. Par ailleurs, c’est à Montréal que l’on comptait en 2013 l’un des plus importants programmes d’agriculture urbaine au monde, avec plus de 8 500 parcelles de terres réparties dans 97 jardins, 75 jardins collectifs et de nombreuses initiatives privées. Cela représente un total de 29,76 hectares d'initiatives d'agriculture urbaine à Montréal. Les programmes de jardins municipaux existent à Montréal, depuis 1975.9

Une exposition itinérante nommé Carrot City10 fait le tour du monde depuis 2009. Cette exposition met en valeur les projets innovants des villes en matière d'agriculture urbaine. Elle met en lumière les relations qui peuvent être faites entre les systèmes alimentaires et les formes architecturales urbaines avec comme objectif de rendre les villes plus durables. Elle a été exposé notamment à New York, Montréal, Berlin, Rabat et Paris.

En 2011 fut créé l’International Urban Food Network (« IUFN»), le premier réseau international de recherche et de coopération sur la gouvernance alimentaire des régions urbaines.

Crée en 2011 et officiellement lancé en décembre 2012 à l’occasion du colloque international HUNGRY CITY11 à Paris, ce réseau a pour but de renforcer la coopération entre les collectivités territoriales et la communauté scientifique autour de la question alimentaire. Il a pour objectif de renforcer la coopération entre les collectivités territoriales et la communauté scientifique autour de la question alimentaire. Ce réseau rassemble des membres des pays industrialisés et ceux du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).12

 

Conclusion

Malgré les embûches inévitables reliées à l’implantation de ce type de cultures et les conséquences liées à certains inconvénients indéniables, il semble que ce modèle d’agriculture a bel et bien sa place dans le paysage agricole des différents pays, en plus d’offrir une solution tangible à la sécurité alimentaire alors que 842 millions d’humains souffrent annuellement de mal nutrition.


1 L’agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des villes et des communautés, Vertigo – la revue électronique en sciences de l’environnement, Université du Québec à Montréal, septembre 2010.

2 http://agriculturemontreal.com/historique-recent-agriculture-urbaine-montreal

3 L’Agriculture périurbain et urbaine, État de la situation, MAPAQ, 2012

4 Idem 2

5 Idem 3

6 http://agriculturemontreal.com/bienfaits-et-defis-agriculture-urbaine

7 http://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Productions/agricultureurbaine/Pages/agricultureurbaine.aspx

8 Aperçu de l’AGRICULTURE URBAINE, EN EUROPE ET en AMERIQUE DU NORD, AgroParisTech, mai 2013.

9 Idem 2

10 http://www.ryerson.ca/carrotcity/content.html

11 http://www.alimenterre.org/. Colloque international sur la Gouvernance alimentaire urbaine. L’évènement est organisé sous le haut patronage du Ministère de l’Environnement – Commissariat Général du Développement Durable et de Monsieur le Sénateur Joël Labbé (Les Verts) et en partenariat avec le l’Iddri, le Conseil régional Ile-de-France et le Cervia. Il reçoit le soutien de l’AgroParisTech/INRA, du Conseil National des Villes et de l’IAU IDF et de la Ville de Paris.

12 http://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture_urbaine#cite_note-21

 

Source: Clément C. Gagnon, MBA, président et Chef de la direction, Commandité Partenaires Agricoles inc.

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