Les jeunes au volant : le début de la fin d’une histoire d’amour?

0

Par Hélène Pavie


Alors que Montréal accueillera du 6 au 8 juin le grand prix de F1, la maison du développement durable a réuni mardi  un panel d’experts pour discuter du désamour des jeunes Québécois pour l’un des symboles de liberté et de consommation de la société du 20ème siècle : la voiture. 

Une étude récente a montré qu’entre 1982 et 2012, la proportion de jeunes de 16-17 ans ayant un permis de conduire délivré par la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) a diminué de 27,4%.  L’érosion s’est maintenue de 7% chez les 20-24 ans et de 10,6% chez les 25-29. Est-ce le début de la fin du char?

Divers panelistes, réunis à la Maison du Développement Durable, ont discuté de cette tendance, à quelques jours du Grand Prix de Montréal, alors que les F1 symbolisent le summum de la domination de la voiture sur la vie des gens.

 

La voiture: trop cher

Quelles sont les raisons d’un tel désintérêt ? Philippe Cousineau-Morin de l’organisme Vivre en Ville et Marco Viviani, porte-parole de Communauto, expliquent que la raison première est monétaire.

Une voiture coûte cher alors qu’il existe maintenant des solutions moins dispendieuses pour se déplacer en ville et en banlieue. Par exemple, l’autopartage, comme le propose Communauto, regroupe aujourd’hui 30 000 abonnés, contre 6 700 il y a 10 ans. « Et les abonnements ne cessent d’augmenter », souligne M. Viviani.

 

Pratique avant toute chose

Ces constats sont toutefois contrecarrés par la valeur de la voiture dans la société québécoise.  La voiture est toujours perçue comme pratique et fonctionnelle. Les raisons environnementales restent secondaires.

« Dans les deux dernières décennies, le nombre de véhicules a augmenté trois fois plus rapidement que le reste de la population », temporise M. Cousineau-Morin.

L’analyste automobile Bertrand Godin est d’avis qu’il faut utiliser la voiture en fonction de ses besoins. Les citoyens peuvent cependant faire des choix plus responsables en optant pour des véhicules moins polluants.

« Il faut faire attention de ne pas penser que notre réalité est la réalité de toute la population, que ce soit en région ou en ville », souligne avec prudence l’analyste automobile.

 

Et le futur ?

Que signifie cette désaffection de la voiture chez les jeunes? Influencera-t-elle les futurs choix politiques?

« Si les jeunes délaissent la voiture, ce n’est pas tant dans les banlieues qu’il faut construire. Mais, investir dans des réseaux cellulaires et WiFi partout, même dans le métro. Ce qui s’en vient», suggère M. Cousineau-Morin.

Les promoteurs immobiliers sont aussi en train de s’adapter. Depuis peu, certains proposent aux nouveaux acheteurs de condo un abonnement d’un an à la STM, Bixi et Communauto.

Les panelistes croient qu’il faut aussi maintenir un tarif raisonnable aux transports en commun et développer d’autres alternatives à la voiture. « L’éducation a un rôle important à jouer, la voiture n’est pas un choix nécessaire dans toutes les situations », martèle Bertrand Godin.

Les panélistes reconnaissent que l’auto possède encore un côté émotif très présent dans notre société.  Changer des habitudes est souvent très long, même si on observe une tendance inverse.

Toutefois, « le changement de mentalité vient aussi avec les opportunités », lance, optimiste, M. Viviani. 

 

Source: GaïaPresse

Partager.

Répondre