Derrière un marché près de chez vous

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Par Eugénie Emond


Mots clefs : marché public, AMPQ, marché Saint-Sauveur, Faubourg en saveurs, Marché Limoilou

 

Faubourg en saveur. Photo de Eugénie Emond – tous droits résérvés

Aisé, démarrer un marché public dans son coin? Loin de là.

Si l’engouement pour l’achat local a favorisé la création de plusieurs marchés publics un peu partout à travers la province –  de 65 en 2008, l’Association des Marchés publics du Québec (AMPQ) en répertorie une centaine aujourd’hui –  ce sont bien souvent des initiatives portées à bout de bras par des citoyens motivés. Car entre le financement qu’il faut quémander, les producteurs à solliciter, les équipements à acheter, le zonage à modifier et l’achalandage à soutenir, la charge de travail est énorme pour les bénévoles qui se fatiguent d’année en année.

 

Un petit dernier à Limoilou

A Québec, un nouveau marché de proximité verra le jour à compter du 3 août dans Limoilou, au grand bonheur des résidents, en plus de ceux de Saint-Sauveur et de Saint-Jean-Baptiste qui reviennent pour une deuxième édition cet été. «Ça vient combler un vide certain», affirme Renaud Sanscartier porte-parole du Collectif Fardoche, derrière le marché Saint-Sauveur.

 

Le cas de Saint-Sauveur

Ce Collectif a vu le jour grâce à un groupe de citoyens, amis et  passionnés, qui  avaient  décidé de mettre leurs expériences personnelles à profit pour offrir aux gens du quartier des produits locaux et un lieu de rencontre. La bande s’est informée auprès de l’AMPQ sur  le meilleur chemin à suivre, ont trouvé du financement (près de 11 000$ dont une bonne partie provient du MAPAQ et d’équipements prêtés par la Ville de Québec) et demandé un changement de zonage pour pouvoir vendre de la nourriture dans le parc Durocher, modification qui a été obtenue le mois dernier.  Leur première édition a été un succès  – près de 700 personnes par jour de marché –   mais ils savent que rien n’est gagné. «Il faut toujours créer de la nouveauté et de l’animation pour que l’achalandage soit soutenu», explique le porte-parole qui ajoute : «On aussi veut se diriger vers l’autonomie financière, mais c’est beaucoup de travail», concède-t-il.

 

Trouver des producteurs

Les trois organisations derrière les marchés de proximité de Québec sont optimistes et enthousiastes face aux activités qui débuteront sous peu. Or la recherche de marchands offrant des produits diversifiés n’est pas si simple. «Pour les producteurs agricoles aussi c’est nouveau de se ré-impliquer dans des marchés publics qui avaient pas mal disparu jusqu’à récemment», souligne Renaud Sanscartier. À Limoilou, dont la 3ième avenue accueillera une quinzaine de tables cette année, c’était un stress. «En terme de recrutement, il faut faire un pitch de vente, on avait des doutes sur nos capacités à recruter des producteurs», explique Dominique Dupont, vice-présidente du Collectif Rutabaga de Limoilou, dont les membres en sont tous à une première expérience dans la gestion d’un marché. A l’AMPQ, on souligne l’importance d’avoir des cultivateurs ou transformateurs dès le départ. «Si on n’a pas d’artisans de l’agroalimentaire qui sont à la base de ce projet-là, je pense que c’est difficile d’avoir un projet à succès», explique Solange Fullum, directrice générale de l’AMPQ, qui reconnait que le manque de ressources et de disponibilités de la part des commerçants revient souvent.

 

Le bénévolat a ses limites

Meggie Poulin, maraîchère à la Ferme estivale de son conjoint Frédéric Rochon située à Saint-Augustin-de-Desmaures, a accepté l’invitation de la gang de Limoilou, appréciant le sérieux de leur démarche. Elle déplore toutefois l’ampleur de la tâche pour les organisateurs, elle qui vient de quitter le conseil d’administration du Marché Public de Val-Bélair. «On sent un essoufflement de la part des administrateurs, c’est terrible, parce que c’est tout du bénévolat et ce n’est pas viable», note-t-elle. Meggie propose d’ailleurs une solution : unir les fonds destinés aux marchés de la région de Québec, la main d’œuvre et l’équipement dans un seul marché mobile qui se promènerait de quartier en quartier avec un ou deux coordonnateurs rémunérés qui se chargeraient de l’organisation et de la publicité.  «Je pense qu’il y a assez d’organismes en place pour monter un modèle à Québec», indique-t-elle.

Reste à trouver le temps, entre deux récoltes, d’en parler au CLD, aux autres marchés,  et de convaincre la Ville. «J’aurai du temps pour ça, mais pas avant l’année prochaine!», assure-t-elle, essoufflée.

 

Source: GaïaPresse

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