Cacouna : une demande d’accès à l’information confirme l’inaction gouvernementale

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Dans la foulée du jugement de la Cour supérieure suspendant les travaux de TransCanada à Cacouna, la SNAP Québec apprend aujourd'hui avec consternation que les travaux pour créer une aire marine protégée au même endroit ne sont, eux, tout simplement pas entamés.  


Un projet de conservation marine qui stagne

Il existe depuis plus de 15 ans un projet de zone de protection marine (ZPM) autour du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. Cette zone de l'estuaire, qui chevaucherait le secteur de Cacouna, aurait comme objectif premier de protéger la totalité de l’habitat du béluga du Saint-Laurent et d’assurer la protection des autres mammifères marins fréquentant le territoire.
La SNAP rappelle que malgré de sérieux doutes soulevés par les médias cet été quant au devenir de ce projet, Pêches et Océans Canada affirmait avoir « toujours l’intention de protéger cette région » et que le groupe de travail Canada-Québec mis en place pour la réalisation de ce projet n'avait pas changé de mandat 1.
 

Aucune collaboration Canada-Québec sur la conservation marine à Cacouna

La SNAP Québec a présenté une demande d'accès à l'information afin d'obtenir des détails sur le putatif travail du « groupe Canada-Québec mis en place afin de poursuivre le processus de désignation de ce site d'intérêt comme zone de protection marine ».
Voici un extrait de la réponse obtenue ce matin : « Aucun document n'a été fourni concernant le groupe de travail. (…) Il s'agit d'un groupe fédéral-provincial qui, après plusieurs années d'inactivité, a été réactivé récemment. À ce jour, il n'a jamais traité la question du site d'intérêt de l'estuaire du Saint-Laurent ».

Patrick Nadeau, directeur général de la SNAP Québec, est profondément déçu : « Avec cette réponse, on s’aperçoit que non seulement Québec et Ottawa font-ils des pieds et des mains pour encourager l'implantation d'un port pétrolier à Cacouna, mais on apprend aujourd'hui que le groupe de travail qui doit protéger l'estuaire au même endroit est en fait une coquille vide. Manifestement, nous n'avons pas fini de déchanter sur le dossier du béluga ».
Rappelons qu'en matière d'aires marines protégées, le Québec et le Canada ont un bilan peu reluisant, pire que celui de la Chine et de la Russie 2, entre autres. 


Une collaboration s'impose… mais pas seulement pour autoriser les forages

Réagissant à la suspension par la Cour supérieure du certificat d'autorisation pour les forages à Cacouna, le premier ministre Couillard a promis d'améliorer les échanges entre le ministère québécois de l'Environnement et Pêches et Océans Canada.

Un engagement nécessaire selon Patrick Nadeau, mais qui doit aller beaucoup plus loin : « Si les communications inter-gouvernementales étaient déficientes pour les forages à Cacouna, on apprend aujourd'hui qu'elles étaient carrément inexistantes pour le projet de conservation marine. »

Un changement de cap s'impose donc sur les deux dossiers : non seulement le ministre Heurtel doit-il annuler son certificat d'autorisation et mandater le BAPE sur le projet Énergie Est, mais il doit dès maintenant entamer des démarches transparentes pour protéger l'estuaire du Saint-Laurent.
Après 15 ans, il est grand temps.

  1. http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/414405/la-protection-de-l-estuaire-du-saint-laurent-toujours-a-l-etude-dit-ottawa
  2. Rapport "D'un océan à l'autre, tracer un chemin pour le Canada vers son objectif 2020", Société pour la Nature et les Parcs du Canada (SNAP), 2 juin 2014

 

Source: SNAP

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