Des apiculteurs ontariens réclament de plus de 400 M$ aux fabricants de pesticides

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Par Marina Tymofieva


Photo de Thomasz Sienicki – Wikipedia commons

Des entreprises apicoles de l’Ontario ont intenté un recours collectif de plus de 400 M$ contre deux fabricants de pesticides, les accusant d’avoir été « négligents dans la fabrication, la vente et la distribution des néonicotinoïdes en Ontario, ce qui a causé aux apiculteurs des dommages importants ». Ce genre de pesticides est en effet pointé du doigt par les scientifiques depuis quelques années, malgré certaines études attestant du non-danger de ces produits pour les pollinisateurs.

 

Les espèces pollinisatrices sur le déclin

Déjà en 2006, Le National Research Council (NRC) avait rendu public son rapport sur l'état des lieux des espèces pollinisatrices en Amérique du nord.  Le rapport confirmait une tendance au déclin chez diverses espèces pollinisatrices, qu'elles soient domestiquées ou non (abeille, bourdon, certains papillons et chauve-souris…). Les causes suggérées à l’époque étaient l'introduction de parasites tels que Varroa destructor (un acarien), lors de l'importation d'espèces pollinisatrices, la perte d'habitat et la compétition avec des espèces exotiques telles que l'abeille tueuse.

 

Depuis une dizaine d’années déjà, on constate surtout une mort massive des abeilles. L’alarme est lancée depuis que les pouvoirs publics des pays industrialisés ont pris conscience du rôle crucial des pollinisateurs dans l’économie. Les scientifiques tentent de définir les scénarios susceptibles d’expliquer ces mortalités excessives. L’accent est mis depuis quelques temps sur les pesticides utilisés dans l’agriculture, surtout ceux de la famille des néonicotinoïdes.

 

Un recours pour responsabiliser les fabricants

C’est dans ce contexte que, Il y a quelques jours, Sun Parlor Honey et Munro Honey, deux entreprises apicoles de l’Ontario, ont intenté un recours collectif, s’adressant à tous les apiculteurs canadiens, de plus de 400 M$ contre Bayer CropScience et Syngenta. Elles accusent ces deux fabricants de négligence qui a causé aux apiculteurs des dommages tels qu’une mortalité accrue des abeilles, des colonies non productives et donc une diminution de la production de miel.

Saviez vous que…
Une abeille peut parcourir pour sa récolte de 3 à 12 km (si la nourriture est très convoitée). 1 kg de miel est l’équivalent du butinage de 5.6 millions de fleurs. 

Les pesticides de la famille des néonicotinoïdes s’attaquent, en effet, au système nerveux des insectes ravageurs  sont particulièrement utilisés dans les traitements de semences de grandes cultures. Au Canada, l’Agence de règlementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) reconnaît que « la poussière libérée durant la plantation de semences de maïs et de soja traitées aux néonicotinoïdes peut nuire aux abeilles domestiques et autres pollinisateurs ». Plus tôt cette année, l’ARLA a imposé le recours à l’agent de fluidité de Bayer CropScience pour favoriser la réduction de la poussière produite par les semences

Bien que Syngenta et Bayer CropScience affirment que leurs pesticides n’ont aucun effet néfaste sur les abeilles lorsqu’ils sont employés selon leurs recommandations, l’Association des apiculteurs de l’Ontario « soutient tous les efforts qui pourraient aider les apiculteurs à regagner les pertes causées par un usage abusif des néonicotinoïdes », comme l'a déclaré son vice-président, Tibor Szabo, dans un communiqué.

 

Source: GaïaPresse

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