La mobilité durable : un outil sous-estimé par les employeurs?

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Par Jessie Payette


L’index de congestion 2013 pour les Amériques réalisé par TomTom, développeur de produits et services de localisation et de navigation, classe Montréal à la 13e position des villes les plus congestionnées en Amérique du Nord.

Selon l’Association des Centres de gestion des déplacements du Québec, 73% des déplacements domicile-travail sont effectués en automobile, le plus souvent par une personne. Il s’ensuit que les employeurs sont aux prises avec des problèmes de stationnement, des difficultés d’accès aux sites ainsi que des problèmes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre.

 

Accessibilité au lieu de travail

Selon Aline Berthe, coordonnatrice du centre de gestion des déplacements chez Développement économique St-Laurent, les employeurs ont de la difficulté à consacrer temps et énergie à la gestion des déplacements.

Elle soutient que les employeurs installés en dehors du centre-ville sont confrontés à un manque d’accessibilité en transport alternatif.

« Cela entraîne des difficultés dans la rétention et le recrutement du personnel, des retards dus à la congestion routière pour les déplacements domicile-travail et pour le transport des marchandises », poursuit-elle.

Qui plus est, ces inconvénients engendrent des coûts cachés qui se répercutent sur les finances de l’organisation.

 

Mesures favorables à la mobilité durable

Aline Berthe souligne que l’inexistence de clauses concernant les stationnements et l’accessibilité au réseau de transport collectif lors de la construction de nouveaux parcs industriels limite les progrès de transport durable.

Elle précise que l’adaptation de la règlementation municipale en faveur du transport actif et du transport en commun constituerait une grande avancée.

Des incitatifs financiers du gouvernement ou des municipalités pourraient également stimuler les employeurs à s’intéresser davantage à la mobilité durable.

Pour Mónica Gandulfo, directrice générale du centre de gestion des déplacements (CGD) Voyagez Futé, « des politiques gouvernementales encourageant le transport alternatif en entreprises/institutions pourrait susciter un intérêt pour le transport durable. ».

En 2014, le gouvernement du Québec a adopté la Stratégie nationale de mobilité durable.

Bien qu’elle ne s’adresse pas à proprement parler aux employeurs, cette initiative peut exercer une certaine influence du fait qu’elle met l’accent sur le « développement du transport collectif, l’atteinte de l’indépendance énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre ».

 

Conditions gagnantes

Mónica Gandulfo a identifié comme conditions gagnantes une promotion et sensibilisation constante, un comité porteur du dossier à l’interne et des politiques fiscales encourageantes.

Parmi les conditions gagnantes suggérées par la coordonnatrice du CGD de Développement économique St-Laurent, on retrouve l’élaboration d’un plan de mobilité durable, la connaissance des habitudes de déplacement du personnel et l’appui de la direction.

Les places de stationnement réservées au covoiturage situées près de l’entrée peuvent aussi d’office avoir un effet incitatif.

Évidemment, un budget adéquat et récurent facilite l’implantation des mesures adoptées et assure une certaine viabilité au projet de mobilité.

 

Centre de gestion des déplacements et retombées

Les avantages à travailler avec un CGD sont multiples, selon la coordonnatrice du transport durable « Le CGD sensibilise la direction et les employés aux bienfaits du transport durable et aux coûts de la motorisation ».

Les employeurs peuvent également tirer profit des partenariats établis avec des acteurs du milieu du transport. Par exemple, la Société de transport de Montréal (STM) met à la disposition des employeurs le programme OPUS & Cie. L’employeur doit investir dans l’achat des abonnements de ses employés. En contrepartie, « la STM s’engage à octroyer le même pourcentage de réduction, jusqu’à concurrence de 10%.

 

Stationnement

Ce fameux espace asphalté servant d’office à garer un véhicule est responsable des îlots de chaleur urbain.

En dehors des heures de pointe et des heures de bureau traditionnelles, les stationnements commerciaux et institutionnels sont rarement utilisés à pleine capacité.

Aline Berthe soutient qu’une place de stationnement coûte en moyenne 1000$/an pour l’entretien, le déneigement et autres tâches nécessaires.

En revoyant les déplacements du personnel de manière stratégique, il est possible d’éviter la construction d’un nouveau parc de stationnement et même d’avoir des places de stationnement en surplus à louer pour les entreprises avoisinantes.

Par exemple, au lieu d’avoir besoin de deux places de stationnement, il est possible d’en utiliser une seule lorsque le personnel fait du covoiturage. Il se produit la même chose lorsqu’un employé délaisse sa voiture pour utiliser le transport collectif ou le bixi.

 

Acteurs de changement

Du fait qu’ils sont d’importants générateurs de déplacements, les employeurs devraient s’intéresser davantage à la planification des transports.

Ils ne doivent pas voir les retombées dans l’immédiat et sur le très court terme. Au contraire, les retombées significatives se font plutôt sentir à moyen et long terme.

Un engagement pour la mobilité durable confère à l’employeur une visibilité sociale et constitue un gain sur les plans économique et environnemental.

Les employeurs peuvent donc exercer une influence réelle sur la congestion routière et faciliter les déplacements de leur personnel.

Source : André Vandal, 2013,  Flickr

 

Article réalisé par Jessie Payette dans le cadre du dossier mobilité durable

Pour avoir accès au dossier, cliquez ici            

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