LETTRE OUVERTE: Assez parlé, maintenant agissons

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Le 23 septembre prochain se tiendra à New York un sommet international sur les changements climatiques, auquel participeront plus d’une centaine de chefs d’état.  Bien qu’il sera à ce moment à New York, le premier ministre canadien Stephen Harper n’a pas jugé bon de participer à cette rencontre, se contentant d’y déléguer sa ministre de l’environnement Leona Aglukkaq.  

Alors le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon répète les appels à agir dès maintenant contre les changements climatiques, que l’OMS, la FAO et plusieurs autres organismes internationaux joignent leurs voix à celles de la communauté scientifique mondiale pour lancer des alertes de plus en plus pressantes, nos dirigeants font fi de celles-ci.  S’ils prétendent, bien souvent du bout des lèvres, se soucier de l’environnement, il ne faut pas que la protection de celui-ci entrave le développement économique.  Ainsi, les sables bitumineux albertains représentent une richesse potentielle énorme qu’il faut exploiter à tout prix. Que les conditions de vie sur Terre puissent être menacées constitue un détail vite noyé sous les dollars.   

Le Québec ne fait guère mieux.  Des cibles ambitieuses de réduction de GES ont été évoquées, mais très peu d’actions concrètes n’ont encore été entreprises pour les atteindre.  Le temps nous presse, mais personne n’agit.  Au contraire, on se soumet aux volontés des promoteurs.  Par exemple, le 8 septembre dernier, TransCanada invitait à une soirée dans un hôtel montréalais des décideurs et personnalités influentes du Québec.  Pierre Arcand, ministre des ressources naturelles, Thierry Vandal, pdg d’Hydro-Québec, Michael Sabia, pdg de la Caisse de dépôt et placement, le maire Denis Coderre, Jean Charest, en tout près de 200 convives qui ont mangé et bu aux frais de l’entreprise en se faisant vanter les mérites du pipeline Énergie Est, qui doit transporter le pétrole albertain jusqu’au futur port de Cacouna et vers le Nouveau-Brunswick.   La leçon semble avoir été bien apprise, car dès le surlendemain, le ministre Arcand  « a livré un véritable plaidoyer en faveur des avantages économiques du projet de pipeline Énergie Est  » (Le Devoir, 11 septembre 2014), qui générerait de la richesse et créerait des emplois.  Combien ? Le ministre n’est pas en mesure de le préciser.  Mais lorsqu’il s’agit de créer de la richesse, inutile de s’attarder aux détails.  À qui profitera vraiment cet or noir qui ne fera en grande partie que transiter par le Québec ?  Et surtout, quels en sont les véritables coûts environnementaux à long terme ?  Le ministre concède bien l’existence de « certains enjeux environnementaux » sans toutefois se montrer trop certain d’en quoi ils consistent ; de toute façon, ces enjeux ne semblent pas chez lui ni chez personne du gouvernement libéral une préoccupation majeure (un gouvernement qui, rappelons-le, s’est fait élire en nous promettant de s’occuper des « vraies affaires » ). 

Le feu couve, il faut agir dès aujourd’hui pour tenter d’amenuiser les changements climatiques.  Si rien n’est fait, ceux-ci prendront une ampleur aux conséquences néfastes pour nos sociétés.  Même les spécialistes les plus tempérés entrevoient l’avenir avec inquiétude.  Malheureusement, on ne peut pour l’instant pas attendre grand chose de nos dirigeants.   Il revient aux citoyens d’entreprendre des actions et d’en exiger de leurs élus.  À cet effet, le 21 septembre, deux jours avant le sommet de l’ONU, des marches populaires se tiendront dans des centaines de villes de par le monde. Celle de Montréal débutera à 13 h au Parc Lafontaine.  Soyons nombreux, car cela semble désormais le seul message que nos dirigeants puissent entendre.

 

Source: Jean-François Boisvert, fondateur et président de la Coalition Objectif 22

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