Repenser les déplacements: la technologie au service de l’efficacité

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Par Jessie Payette


Mots clefs : mobilité intelligente, transport intelligent, TIC, applications mobiles, temps réel

 

Mobilité intelligente? Qu’est-ce que ce jargon des temps modernes ?  De nombreux chercheurs et entrepreneurs mettent dorénavant leurs efforts sur le raffinement de la technologie numérique pour améliorer les déplacements des citoyens. Mirage ou début d’une ère nouvelle des transports?

Pour certains, comme Marc-Antoine Ducas, fondateur de Netlift, la mobilité intelligente est un mot valise conjuguant mobilité, technologie et planification coordonnée des transports. Les avancées technologiques permettent ainsi d’avoir accès aux mises à jour en temps réel de la circulation routière et de savoir ce qui se passe autour de soi.

« Le transport intelligent offre, grâce aux nouvelles technologies, la possibilité d’améliorer la gestion et l’exploitation des réseaux de transport routier », avance-t-il. Il permet également aux usagers de se mouvoir avec plus de fluidité.

 

Révolution technologique

Le créateur de Netlift estime qu’une véritable révolution technologique déboulera dans nos vies d’ici cinq à dix ans. Il prédit même que les appareils mobiles joueront une pluralité de rôles : planificateur de transport, outil de paiement, carte géographique, outil de messagerie et de communication (…).

« Cette mobilité intelligente disposera les usagers de la route à planifier plus efficacement leurs trajets et limiterait leur exposition aux irritants routiers »,  croit Marc-Antoine Ducas.  

Pour sa part, Louise Guay de Living Lab Montréal affirme que les marchands et les employeurs ont intérêt à s’impliquer dans le développement des initiatives technologiques de transport. Ils peuvent en tirer des bénéfices en termes d’accessibilité pour leurs clientèles et leurs employés.

 

Données ouvertes

Une autre technologie facilitera le mixage, pour les programmeurs, entre les diverses données disponibles sur les moyens de transport.  À l’heure actuelle, ils utilisent ce qu’on appelle les données ouvertes, ce qui permet aux opérateurs de transport de connaître l’affluence des usagers sur leurs réseaux et aux usagers de connaître l’horaire des circuits de bus ou des lignes de métro.

La Commission générale de terminologie et néologie, située en France, définit les données ouvertes comme des « informations qu'un organisme met à la disposition de tous, sous forme de fichiers numériques, afin de permettre leur réutilisation [et]  généralement pas à caractère personnel».

 

Billetterie mobile

Les autorités organisatrices de transport souhaitent mettre de l’avant de nouvelles méthodes de paiement et la billetterie mobile.

La Société de transport de Montréal recherche présentement des façons d’utiliser les téléphones intelligents pour éventuellement remplacer la carte OPUS et faciliter l’achat des titres de transport. 

À titre d’exemple, au Luxembourg,  depuis octobre 2013, on peut se procurer des billets de courte ou longue durée, via l’application M-Ticket à partir d’un téléphone mobile. « Le ticket est stocké sur le Smartphone de l'utilisateur. Il suffit de le toucher pour le valider avant de monter dans le bus ou dans le train », peut-on lire sur le Portail Citoyens du Guide administratif de l’État luxembourgeois.

 

 

Gestion des besoins

Louise Guay de Living Lab Montréal est accord avec cette tendance et suggère aux agences de transport de s’intéresser aux besoins des usagers pour mieux comprendre leurs déplacements et non simplement d’analyser les trajets qu’ils ont effectués.

Selon cette dernière, l’amélioration des performances du transport collectif passe par une diversification de l’offre de service, impliquant une combinaison de plusieurs partenaires de transport. Par exemple, un usager pourrait utiliser le bixi, le taxi, le covoiturage ou l’autopartage, en sortant de l’autobus ou du métro,  pour se rendre à destination.

 

Calculer son itinéraire

Un autre outil gagne en popularité, le calculateur d’itinéraire. En France, quelques villes comme Toulouse, ont trouvé le moyen d’arrimer les déplacements en bus, métro, vélo et voiture, en créant une centrale d’information multimodale.

Au Québec, on est encore bien loin de ça. Pourtant, Louise Guay croit que l’uniformatisation des calculateurs multimodaux à l’échelle de la province permettrait de faciliter les déplacements entre les territoires.

« L’amélioration de la communication auprès des usagers et de l’expérience client devrait figurer parmi les priorités des agences de transport », martèle-t-elle.

La spécialiste observe que les principaux utilisateurs des applications mobiles sont, généralement, des jeunes déjà habitués de prendre le transport collectif.  Ils seraient donc, logiquement, ouverts à combiner un calculateur d’itinéraire à leur mode de vie.

 

Revoir l’espace de travail

Pour la présidente de Living Lab Montréal, la mobilité intelligente implique aussi de revoir la définition de l’espace de travail et son emplacement.  Ce serait une solution pour diminuer la congestion routière.

 La transformation du lieu de travail, sa proximité avec la résidence ainsi que le désengorgement du réseau routier devraient être à l’ordre du jour des décideurs publics.

Louise Guay encourage vivement le déploiement, à travers le Québec, de lieux de travail où l’on pourrait réserver un espace de travail avec mobilier et accès à une imprimante.

 

Conditions favorables

Pour Marc-Olivier Vachon, président d’Amigo-Express, une entreprise offrant des services de covoiturage, la combinaison service à la clientèle/plate-forme web est le meilleur des deux mondes.

C’est pourquoi, chez Amigo Express, les usagers ont la possibilité d’interagir avec le personnel en cas de besoin tous les jours de la semaine. La personnalisation des paramètres d’application ou de la plate-forme web permettent de spécifier la mobilité selon les attentes des usagers.

Par ailleurs, l’efficacité passe par une communication améliorée avec les usagers.

Selon Romain Lalanne, responsable de l’Open Data à la SNCF, les utilisateurs souhaitent être informés des complications qui surviennent en cours de déplacement. L’accès à l’information en temps réel prend donc une grande importance. L’accumulation de données en temps réel permet aux agences de transport d’ «anticiper les évolutions  du trafic sur le long terme et de réadapter au besoin le réseau de transport.

 

Accessibilité des données

En conséquence, les autorités de transport auraient intérêt à s’associer aux développeurs informatiques externes pour créer des applications  performantes et simples à utiliser.

Selon le fondateur de Netlift, Marc-Antoine Ducas,  il ne faut pas seulement considérer le point d’origine et la destination du voyageur. «Il faut penser plus largement en fractionnant le trajet à faire en portions  et utiliser plusieurs modes de transport pour arriver à destination ».

Cette approche constitue  le concept de base du transport multimodal sur lequel repose NetLift.  

M. Ducas affirme qu’il y a beaucoup de données de déplacements disponibles et répertoriées par des tiers. Romain Lalanne est d’avis que c’est dans le croisement des données qu’on peut tirer le plus grand potentiel de l’Open Data. 

La valorisation de ces données encouragerait ainsi l’innovation et pourquoi pas la création de nouveaux services.

 

Freins à la mobilité intelligente

Les applications mobiles sont coûteuses et encore bien énergivores. Plus, le coût élevé des télécommunications nuit à leur expansion, rappelle Louise Guay.

Selon la présidente de Living Lab Montréal, la question des transports durables et de la technologie devrait être un sujet d’actualité dans les médias classiques.  Cela aiderait à les rendre plus simple à comprendre et à intégrer aux modes de transport.

Par contre, peu de ces spécialistes se sont attardés aux coûts de la mise en œuvre de ces applications mobiles au sein des organisations chargées du transport public.

Déjà déficitaires pour plusieurs d’entre elles, l’adoption de technologies mobiles risque de leur imposer des choix difficiles. Passer à la mobilité intelligente se fera-t-elle au détriment d’un coût de transport raisonnable et d’un nombre accru d’offre de déplacements pour les usagers? La question demeure ouverte.

 

Source: GaïaPresse

Article réalisé par Jessie Payette dans le cadre du dossier mobilité durable

Pour avoir accès au dossier https://www.gaiapresse.ca/dossiers/solutions-mobilite-durable-40.html  

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