Le gouvernement annule la rencontre d’un groupe consultatif industrie/environnement sur les espèces en péril

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Photo de SupportBiz – Flickr

Le gouvernement fédéral a décidé d’annuler une rencontre de haut niveau qui permet de réunir des représentants des secteurs industriel et environnemental, dans le but de fournir les meilleures recommandations possibles sur la protection des espèces en péril. Cette décision va à l’encontre des conclusions du rapport Planète Vivante 2014, publié la semaine dernière, qui appelle à l’action urgente pour contrer le déclin de la biodiversité à l’échelle planétaire.

Aucune explication n’a été fournie pour justifier cette annulation, ce qui laisse les parties prenantes perplexes sur l’engagement du Canada dans la protection de la faune la plus vulnérable.

Le Comité Consultatif sur les Espèces en Péril (CCEP) tient des rencontres biannuelles depuis plus de dix ans. Il rassemble à la même table les représentants des industries minières, pétrolières, forestières et autres, ainsi que ceux des principaux groupes environnementaux. Ensemble, ils élaborent et transmettent au gouvernement fédéral des avis sur les espèces en péril.

« Le CCEP représente pour moi une rare opportunité de m’asseoir avec les personnes qui construisent des pipelines, endiguent les rivières et coupent les arbres dont les espèces en péril dépendent, et de résoudre des problèmes ensemble », mentionne Suzanna Fuller, du Centre d’action écologique. « C’est une occasion pour nous de nous rencontrer en terrain neutre et de proposer conjointement des solutions concrètes au gouvernement, qui a le devoir de protéger les espèces en péril. »

Les représentants de l’industrie ont récemment écrit une lettre à la ministre fédérale de l’environnement soulignant le rôle important du CCEP et insistant pour que ce comité continue d’orienter les actions du gouvernement sur les espèces en péril.

« Ce que je vois de plus utile dans ce comité, c’est qu’il rassemble dans une même salle tous ceux qui ont une responsabilité à l’égard des espèces en péril – ce qui me semble important étant donné que la conservation des espèces est une responsabilité commune » ajoute John Bennett du Sierra Club du Canada. « Maintenant, il semble que le gouvernement ne respecte plus sa part du marché.”

Le gouvernement ne pouvait pas choisir pire moment. Le Fonds mondial pour la nature publiait la semaine dernière son rapport annuel Planète vivante portant sur la dégradation environnementale et ses impacts sur les plantes et les animaux, y compris les espèces en péril. Le rapport, qui évalue les populations de plus de 10 000 espèces de mammifères, d’oiseaux et de poissons, fait état d’un déclin de 52 % depuis 1970. En d’autres mots, en moins de deux générations, les effectifs d’un grand nombre d’espèces ont chuté de moitié.

D’après les statistiques même du gouvernement fédéral, plus de 500 espèces de plantes et d’animaux – incluant le Rorqual à bosse, le Caribou des bois et le Pluvier siffleur– sont menacées de disparaître au Canada. Selon l’évaluation des experts, 173 autres espèces sont à risque, mais le gouvernement ne les a pas toujours pas ajoutées à la liste.

« La disparition du CCEP est le symbole de l’absence de sérieux dont fait preuve le gouvernement sur la question de la protection des espèces en péril au Canada en général », souligne Dr. Sarah Otto, directrice du Centre de recherche sur la biodiversité de l’Université de la Colombie-Britannique. « Le gouvernement du Canada n’a pas réussi à ajouter à la liste des espèces en péril plus d’une centaine d’espèces qui devraient déjà y figurer. Quant aux espèces inscrites, beaucoup d’entre elles n’ont pas encore de plans de rétablissement. Ce retard est totalement irresponsable. »

 

Source: Nature Québec

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