Ville intelligente : de quelle intelligence voulons-nous?

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Par Marina Tymofieva


Stephane Goyette, directeur du bureau de la Ville intelligente. Crédit photo: Marina Tymofieva

Les plus grands experts prévoient que d'ici 2050, près de 75% de la population vivra dans une ville. Cette forte densité urbaine entrainera des actions nécessaires afin de développer de façon « intelligente » les grandes villes. Dans ce contexte, un Bureau de la ville intelligente de Montréal a été crée en mars dernier, pour faire de Montréal « la ville la plus intelligente au monde d’ici 2017 », comme l’a récemment déclaré le maire de Montréal, Denis Coderre. Mais qu’est exactement une « ville intelligente »? Un débat à ce sujet a eu lieu au cœur des sciences de l’UQAM en présence de plusieurs experts.

 

Identifier les actions prioritaires à Montréal

En attendant un plan d’action concret, le Bureau de la ville intelligente entend proposer différents moyens aux Montréalais pour les amener à contribuer à l'élaboration d’une stratégie: causeries dans les bibliothèques, consultation sur internet, interactions sur les réseaux sociaux, etc.

«Ça permettra d’identifier les besoins des Montréalais, les enjeux prioritaires. La ville intelligente et numérique est un outil, ce n’est pas une finalité en soi », a expliqué Stéphane Goyette, le directeur du bureau de la Ville intelligente. Après la compilation des résultats, les orientations de la première stratégie de la ville intelligente seront présentées en décembre. Un site internet permet déjà aux citoyens de partager leur vision de Montréal comme ville intelligente.

 

Et l’environnement dans tout ça?

Lors du débat, la ville intelligente d’un point de vue environnemental a été abordée surtout au niveau de la mobilité. Félix Gravel, responsable des transports, des GES et de l’aménagement urbain au Conseil régional de l’environnement de Montréal, a mentionné le transport des personnes et des marchandises, qui devrait être optimisé grâce au développement des technologies numériques.  L’idée essentielle serait de rendre disponible l’information en temps réel, pour calculer, par exemple, le temps d’un trajet en transport en commun.

« Nous avons besoin de fournir plus d’aide à la décision pour l’usager. De la même façon, nous avons besoin d’une logistique plus intelligente des transports de marchandises, sachant que les deux tiers du temps, des camions de marchandises circulent vides » a-t-il déclaré.

Un autre enjeu majeur des villes est de fluidifier la circulation automobile. Entre 18 % et 30 % des voitures en circulation dans une grande ville comme Paris cherchent une place pour se garer. Pour diminuer le nombre de voitures dans les rues, il faut donc commencer par optimiser les remplissages des places de parking.  Avec des applications calculant le nombre de places disponibles dans un parking, par exemple.

D’autres applications, comme celle développée prochainement par Netlift, visent à promouvoir le transport multimodal, en permettant aux usagers de prévoir en temps réel un déplacement en autopartage, lié au transport en commun.

Certains systèmes géolocalisent anonymement des véhicules ou des vélos pour analyser leurs trajets et anticiper les besoins. La startup française Qucit utilise ainsi les données de géolocalisation des vélos en libre-service à Bordeaux pour anticiper sur 12 heures les places disponibles aux bornes. Ces algorithmes prédictifs aident à la fois les usagers à planifier leurs déplacements et les équipes à répartir les vélos sur les bornes.

 

Acceptabilité sociale

Si l’essence-même de la ville intelligente est le partage et la disponibilité des données,   jusqu’où devrait-on accepter de dévoiler des informations privées? André Mondoux, professeur à l’École des médias de l’UQAM et chroniqueur sur les nouvelles technologies à Radio-Canada, a soulevé la question d’une « surveillance des citoyens » à travers le Big Data. « Je ne veux pas que la finalité ultime d’une « ville intelligente » soit la productivité des entreprises » a-t-il déclaré.

 

Jean-François Barsoum, consultant délégué principal, Villes intelligentes et transport à IBM Canada, a affirmé comprendre les inquiétudes des dérives possibles de l’utilisation des nouvelles technologies. En revanche, selon lui, « nous devrions avoir le choix de partager notre vie privée ou non, en toute connaissance de cause. Même si la plupart du temps on nous demande notre approbation, nous ne savons pas ce qui advient de nos données, où vont-elles, qui les utilise? Il est essentiel d’avoir un degré de transparence. »

 

La Ville de Montréal organisera prochainement la première édition de Smart City Montréal, un évènement international sur le développement des villes de demain. Abordant notamment des questions de gouvernance participative, d’infrastructures, d'adaptation aux changements climatiques, de vieillissement de la population et de mobilité, Smart City Montréal compte attirer quelques 800 congressistes en décembre prochain.

 

Source: GaïaPresse

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