Appel à l’urgence par plusieurs chefs d’État à la COP20

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Par Maxime Lelièvre

 

Lors de la quatrième plénière de la 20ième Conférence des Parties (COP20) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se déroulant à Lima, un véritable signal d’alarme a été lancé par plusieurs chefs d’États qui s’étaient dépêchés sur place.

 

Les grands visages onusiens appel à l’action

Le président de l’Assemblée générale onusienne, Sam Kutesa, a été le premier à prendre la tribune. Rappelant que la présente Conférence des parties est la dernière grande étape avant l’élaboration d’un accord en 2015 à Paris, M. Kutesa a souligné la nécessité de tenir des travaux efficaces dans la capitale péruvienne. De surcroît, celui-ci a réaffirmé que la lutte aux changements climatiques était aussi une question survie pour certains États les plus vulnérables.

De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon a relevé l’importance d’agir afin de faire de l’accord de l’an prochain un jalon historique.  À cet effet, M. Ban a exposé la nécessité de redoubler les efforts dans les questions d’adaptation afin d’assurer la résilience des pays petits États insulaires en développement ainsi que des autres pays les plus vulnérables. Le Secrétaire général a aussi mentionné dans son allocution l’impératif d’accélérer les efforts sur la question des pertes et préjudices.

 

Des chefs d’État sonnent l’alarme

Le président de la Bolivie, Evo Morales, a été le premier chef d’État à s’adresser à l’assemblée lors la plénière. Selon le président bolivien, les négociations sont vides de contenu depuis les débuts du régime climatique, bien qu’il s’agisse du plus grand défi mondial.  Morales a par ailleurs dénoncé « une hypocrisie colonialiste et raciste » de certains États. Le dirigeant a par la suite conclu sur l’idée de créer une cour internationale de justice climatique. Celle-ci permettrait de juger les responsables de l’actuel réchauffement de la planète et des multiples impacts négatifs causés par celui-ci.

Par la suite, la tribune a été laissée au président de Nauru, Baron Waqa.  Le dirigeant de ce petit État insulaire a souligné le passage d’une situation de consensus entre les parties à la création de la CCNUCC à un nœud gordien politique.  Le président de Nauru a ainsi appelé à rompre un immobilisme illogique devant les évidences scientifiques.  Il a appuyé ses propos par la répétition du scénario catastrophique que subissent les Philippines, alors que les dégâts du typhon Hagupit rappellent le passage dévastateur d’Haiyan qui frappé l’archipel il a un an à peine.  Le président Waqa a par la suite insisté sur la nécessité d’instaurer un mécanisme sur les pertes et préjudices. Tuvalu, représenté par le premier ministre Enele Sopoaga, est allé encore plus loin en affirmant qu’il ne pourrait appuyer un futur accord sans un mécanisme fort de pertes et préjudices.

La dernière intervention a été assurée par Mizengo Pinda, premier ministre de la Tanzanie, parlant aussi au nom du Groupe Africain. Il a alors rappelé que devant l’impératif de développement des pays d’Afrique, le renforcement de l’adaptation et l’intégration d’un mécanisme sur les pertes et préjudices étaient essentiel pour faire face aux bouleversements causés par le réchauffement planétaire.  Il a aussi invité à l’augmentation du financement par les États dans les multiples instances de la CCNUCC.

D’autres chefs d’États et hauts représentants, comme monsieur Kerry, ont prit la parole à l’occasion de la deuxième semaine des négociations climatiques. Plusieurs souhaitaient que leur présence accélère la prise de décisions qui s’est finalement étendue jusqu’au samedi 15 décembre, soit une journée après la date de clôture officelle de la Conférence. Les attentes étaient alors très élevées, comme l’ont démontré les envolées de certains chefs d’États. Ultimement, ces derniers ont toutefois dû se contenter d’un document final peu convaincant. En effet, la décision de Lima ne traite pas de certains enjeux chers aux pays les plus vulnérables aux changements climatiques, notamment les engagements financiers des États développés vers les pays en développement et le mécanisme de pertes et préjudices.

 

Vers l’accord de Paris

Le présent document constitue la base du futur accord de Paris qui sera adopté en 2015. Le concensus étant le mode de prise de décision prisé par la CCNUCC, des négociations se dérouleront au courant de l’année 2015 pour rendre possible l’adoption concensuelle du futur accord. De ce fait, le dialogue se poursuit et des modifications à la décision de Lima pourront être proposées par les Parties. Il faut ainsi garder espoir, les pays en développement ont et auront probablement d’autres cartes à jouer! 

 

Source: GaïaPresse

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