La politique doit suivre la science

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Par Catherine Gauthier

 

Photo de Danilo Rizzuti – Wikipedia commons

Le Secrétaire général adjoint de l’Organisation météorologique mondiale, Jeremiah Lengoasa, et la Secrétaire générale des Nations Unies, Christiana Figueres, ont présenté les récentes données sur la science du climat.

 

Un réchauffement accentué

L’année 2014 serait en bonne voie d’être la plus chaude jamais enregistrée, sinon une des plus chaudes. La température de surface des océans marque aussi de nouveaux records, avec 0,45°C au-delà de la moyenne. En combinant les données quant à la température globale, la température entre les mois de janvier et d’octobre 2014 était 0,57°C supérieure à la moyenne pour la période allant de 1961 à 1990.

La tendance de réchauffement se poursuit donc, et les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont atteint un nouveau record en avril 2014 en franchissant le seuil des 400 ppm.

 

La politique doit suivre la science

Christiana Figueres a insisté sur l’importance de réduire l’écart entre la science et la politique, ajoutant que la politique doit suivre la science. Elle a poursuivi en parlant de l’urgence de réduire considérablement les émissions de GES tout en reconnaissant la nature progressive du processus de décarbonisation. En effet, les pays mettront un certain temps pour décarboniser leurs activités, en particulier les pays en développement.

La question sur laquelle se penchent les délégués réunis à Lima est donc de savoir comment accroître le niveau et la portée des engagements pour atteindre un pic mondial d’émissions de GES.

 

La définition des risques climatiques

Alors que de nouvelles données scientifiques sont publiées, le Met Office Hadley Centre organisait un événement sur les défis que posent les risques climatiques dans la prise de décision. Dr Petra Tschakert de Pennsylvania State University a présenté que les risques reposent sur plusieurs facteurs : la probabilité que des événements ou des tendances climatiques engendrent des décès, des blessures ou des dommages ; la vulnérabilité, ou la propension ou la prédisposition à être affecté ; et l’exposition ou la présence de personnes ou de milieux de vie dans des lieux à risque. 

 

Pour Dr Tschakert, la vulnérabilité revêt un caractère multidimensionnel. La chercheuse cite des facteurs sociaux tels que le genre, la classe sociale, l’origine ethnique, l’âge, la race et le handicap qui peuvent influencer la vulnérabilité. Ces vulnérabilités sociales ne peuvent cependant pas être quantifiées comme le fait le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avec les modèles climatiques. En effet, selon Dr Tschakert, « nous ne pouvons pas quantifier, mais nous tentons d’évaluer [les vulnérabilités sociales]. »

 

Les risques liés à la notion de valeurs

Une évaluation qualitative des risques et des vulnérabilités peut contribuer à la mise en œuvre de mesures d’adaptation pour réduire ces risques. Mais encore faut-il définir quels niveaux de risques sont acceptables. En effet, comme Nancy Tuana de Penn State Universityl’a expliqué, la gestion des risques implique la notion de valeurs.

 

Le niveau de risque qu’une communauté – de l’échelle locale à internationale – est prête à acceptée varie grandement selon les points de vue. En outre, la chercheuse Nancy Tuana s’interrogeait sur les moyens d’assurer un partage des connaissances scientifiques dans un contexte de multiplication des sources d’information. En guise de conclusion, elle a proposé une plus grande interaction entre les parties prenantes et les décideurs politiques afin de délimiter des valeurs communes.

 

Un mécanisme de pertes et de dommages indépendant

 

Le philosophe Allen Thompson de l’Oregon State University a conclu l’événement avec les considérations éthiques des événements météorologiques extrêmes dans les politiques climatiques. Pour Thompson, le mécanisme de pertes et de dommages lancé à Varsovie devrait être un pilier indépendant du plan d’action de Cancun.

 

Finalement, Thompson a soulevé l’importance de la justice climatique qui requiert des niveaux de coopération internationale sans précédent. 

 

Source: GaïaPresse

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