Une révolution 100% renouvelable à notre portée!

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Coup de théâtre à la Conférence de Lima sur le climat. L’expression « net emission levels near zero » s’est frayé un chemin dans le texte débattu cette semaine dans le cadre de la Plateforme de Durban pour une action renforcée (ADP). Bien entendu, cette percée ne garantit pas une transition décisive vers l’énergie renouvelable, mais ça sent drôlement bon. La science le martèle dans ses rapports aux décideurs, mais on en vient parfois à penser que ça prendrait une intervention divine pour dégager un consensus parmi les Parties réunies une énième fois pour sauver la planète. L’intervention du pape François visant à rappeler la « responsabilité éthique et morale » qui nous incombe par rapport aux dérèglements climatiques et aux plus vulnérables qui en subissent les foudres s’ajoute à la sortie conjointe des évêques catholiques qui plaidaient jeudi à Lima pour la fin de l’ère fossile et la justice climatique[1]. Signe providentiel que des changements importants se pointent à l’horizon?

 

Décarbonisation complète de l’économie mondiale

Plusieurs acteurs se sont prononcés en faveur d’une décarbonisation complète de l’économie mondiale. Il est vrai que la part du secteur de l’énergie renouvelable ne compose qu’environ 1/5 de l’énergie consommée dans le monde. Toutefois, des voix s’élèvent de partout dans le monde pour réclamer un accès universel, équitable et durable aux énergies propres.

L’utopie d’hier est en train de prendre forme sous nos yeux. Bien qu’il n’y ait pas de direction claire et encore des résistances de la part du puissant lobby fossile, la communauté internationale – guidée par des acteurs régionaux exigeants et des entrepreneurs visionnaires – se dirige lentement mais inéluctablement vers un futur entièrement basé sur l’énergie renouvelable. Après tout, il faut ramener à zéro net les émissions globales de dioxyde de carbone (CO₂) d’ici la fin du siècle[2].

 

Un combat à armes inégales

L’Agence internationale de l’énergie dresse un portrait du rapport de force inégal entre les industries fossile et renouvelable. En 2012, les énergies de type fossile bénéficiaient de subventions totalisant 544 milliards $ comparativement à 101 milliards $ pour l’énergie renouvelable[3]. Le Fonds monétaire international (FMI) va encore plus loin en tenant compte des subventions indirectes pour arriver à un total de 2 billions $[4] donnés à l’industrie des combustibles fossiles qui dérégulent le climat à l’échelle planétaire. Ces fonds seraient bien mieux dépensés dans le développement de l’énergie renouvelable, ce qui permettrait d’atténuer les impacts sur l’environnement et la santé publique.

Sur le plan socio-économique, l’énergie renouvelable est à la source de 6,5 millions d’emplois directs et indirects dans le monde[5]. Il y a donc moyen d’encourager cette source de prospérité en soutenant le mouvement mondial de désinvestissement des hydrocarbures et d’investissement massif dans les sources d’énergie renouvelable comme l’hydroélectricité, l’éolien, le solaire, la géothermie, les énergies marines et certains types de bioénergies[6]. Les États découvrent peu à peu le potentiel des politiques publiques axées sur ce type d’énergie, ce qui rend leur prix de plus en plus compétitif – dans certains cas à parité[7] – avec l’énergie fossile.

 

Des États proactifs

L’Union européenne à elle seule a généré plus d’un million d’emplois grâce à un objectif clair dans sa Directive d’énergies renouvelables[8]. Le Danemark produit déjà le tiers de son électricité par le vent et s’est fixé la cible d’atteindre 100% d’énergie renouvelable d’ici la moitié du siècle. Le chef de file scandinave démontre par ces objectifs avant-gardistes qu’il y a moyen d’assurer une « transition juste » en tournant le dos aux énergies fossiles tout en créant des emplois de qualité. Au pays des Pictes, le gouvernement écossais veut faire passer la part des énergies vertes dans sa production d’électricité à 100% d’ici 2020[9]. Enfin, le Costa Rica fait des émules après avoir mis en place une stratégie pour devenir carboneutre d’ici sept ans[10].

 

Les principaux obstacles au déploiement de l’énergie renouvelable

Tout n’est pas parfait sous le soleil. À ce jour, il y a encore des facteurs qui ralentissent le développement tous azimuts du secteur de l’énergie renouvelable. Comme les subventions à l’industrie de l’énergie fossile une concurrence déloyale aux énergies vertes, des institutions comme le FMI soutiennent qu’il faut taxer le carbone[11]. Ensuite, des défis technologiques nuisent au déploiement des réseaux d’énergies vertes, notamment le caractère intermittent de certaines formes d’énergie et les coûts associés à la construction de réseaux de distribution sur de longues distances pour rejoindre les foyers de population. Enfin, les gouvernements sont souvent frileux lorsque vient l’heure d’introduire des mesures de soutien aux énergies de source renouvelable par crainte de froisser le lobby fossile.

 

Source: AQLPA

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