À Montréal, la planification urbaine demeure en chantier

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Le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) tient à réagir au Schéma d’aménagement et de développement (SAD) qui vient tout juste d’être adopté par le comité exécutif; un document très important pour la vision d’aménagement du territoire de la métropole. Si le CRE-Montréal reconnaît des améliorations significatives, plusieurs éléments de la version préliminaire du SAD n’ont malheureusement pas été bonifiés. L’organisme considère que le SAD aurait dû comporter plus de consensus régionaux pour répondre aux défis d’aménagement contemporains. Advenant que le document soit approuvé par le gouvernement et la Communauté métropolitaine de Montréal, les défis resteraient nombreux. Le CRE-Montréal souhaite donc que les prochains documents d’urbanisme aillent plus loin dans les moyens de mise en œuvre du virage environnemental et de développement durable.

 

Un chantier urbanistique pour toutes les municipalités

Le SAD établit des volontés d’aménagement qui devront se traduire par des gestes concrets dans les documents de planification subséquents. C’est un véritable chantier urbanistique qui attend les différentes municipalités. En effet, les 16 municipalités qui composent l’agglomération de Montréal devront réviser leurs plans d’urbanisme, en concordance avec le SAD et dans l’idée d’aller plus loin et plus précisément dans les changements à la gestion urbaine. Considérant que l’urbanisme est une compétence d’arrondissement, au total, 35 plans d’urbanisme et chapitres seront à revoir : autant de points tournants pour le développement durable de l’île. L’adoption de ces plans d’urbanisme représente la prochaine étape importante de ce processus.

Pour le CRE-Montréal, puisque le SAD reste évasif à plusieurs endroits, les plans d’urbanisme seront l’occasion de préciser et de matérialiser des grandes orientations en paramètres d’aménagement qui auront une incidence directe sur les quartiers, leur verdissement et leurs qualités.

De grands défis se présentent donc afin d’assurer la cohérence entre les choix d’intervention, non seulement dans les dossiers sectoriels (tels que le transport, la protection de l’environnement ou le commerce), mais aussi en tenant compte des contraintes physiques du territoire et des aspirations du milieu.

 

Les espaces verts et bleus, des gains majeurs, un signal encourageant

En ce qui a trait aux espaces verts et aux milieux naturels, le SAD établit à 10 % la cible de protection des aires terrestres. Cet objectif constitue une avancée encourageante mais le SAD aurait pu se montrer plus ambitieux comme le recommandait d’ailleurs la Commission sur le schéma (cible de 12%). Avec ce nouvel objectif, la Politique de protection et de mise en valeur des milieux naturels, datant de 2004, devra faire l’objet d’une mise à jour afin de se donner les moyens d’atteindre la cible et de la dépasser.

Le CRE-Montréal se réjouit de la protection du golf de Meadowbrook et du bois Angell contre tout développement immobilier. Par contre, le CRE-Montréal ne comprend pas pourquoi, dans cette volonté de protéger ses espaces verts, le SAD change la vocation du Golf d’Anjou. L’affection industrielle de ce terrain vert est incohérente avec les gains faits par ailleurs et constitue un recul pour le patrimoine naturel montréalais. Cela est d’autant plus incompréhensible que le terrain est situé dans l’un des principaux îlots de chaleur de l’agglomération.

En matière de lutte aux îlots de chaleur urbains justement, le document complémentaire reste très vague et ne comporte pas de disposition précise quant aux mesures à mettre en œuvre. Néanmoins, le CRE-Montréal considère que le SAD marque une étape de plus vers la création d’une véritable Trame verte et bleue, en intégrant la réalisation d’un plan d’action et de financement. La réussite de ce projet repose sur la participation accrue des acteurs locaux et régionaux.

 

La mobilité toujours en travaux

En enchâssant les plans de transport dans leurs plans d’urbanisme, les municipalités auraient l’occasion d’harmoniser les choix d’infrastructures et de mobilité en cohérence avec la densification des quartiers et l’amélioration de la qualité des milieux de vie. Dans ce sens, la volonté répétée de doter les arrondissements de plans locaux de déplacements est encourageante tant cet outil a montré sa pertinence, notamment pour améliorer les déplacements à pied ou à vélo. Les ressources allouées pour leur réalisation et le rôle qui sera accordé aux acteurs locaux conditionneront la réussite de ces outils de planification.

Puisque la réfection de nombreuses rues et artères est prévue, le moment est tout choisi pour transformer l’espace public en valorisant l’expérience de marche sur les artères commerciales tout en améliorant l’intermodalité et les parcours inter-quartiers, et par conséquent, de le traduire dans les outils d’urbanisme.

Le réseau cyclable d’agglomération est un autre élément n’apparaissant pas dans le SAD. Par conséquent, le CRE-Montréal considère qu’il devrait être intégré à tous les plans d’urbanisme.  

 

La gestion durable du stationnement, encore en définition

Plusieurs éléments restent en suspens, telle que la très attendue Politique de stationnement, qui, on le comprendra, doit d’abord établir le portrait diagnostic de l’offre avant de définir des lignes directrices essentielles pour la question plus large de la mobilité à Montréal. Le CRE-Montréal salue l’obligation des municipalités de fixer des normes maximales de stationnement, de prévoir des exigences en matière de stationnement pour vélos et d’intégrer la question de l’accessibilité universelle.

Dans le dossier du stationnement, le SAD n’établit pas de critère de performance quantitatif et reste évasif quant aux cibles réelles. Souhaitons que des cibles ambitieuses soient fixées, comme par exemple l’obligation plus contraignante de respecter les critères de la norme BNQ lors de l’aménagement de stationnements de surface. Le CRE-Montréal recommande par ailleurs que les freins au développement durable, tels que l’imposition de ratios minimaux de stationnement infondés, soient levés, car ils sont au cœur de la dépendance à l’automobile et de la création d’îlots de chaleur urbains.

 

Les MontréalaisES, mobilisés pour l’aménagement durable

Le nombre et la qualité des mémoires déposés et des représentations auprès de la Commission témoignent de l’intérêt de la population montréalaise pour l’aménagement durable du territoire. Les prochaines étapes de planification devront doter les instances municipales d’outils d’urbanisme à la hauteur des attentes. Le CRE-Montréal, comme d’autres organismes montréalais, sera au rendez-vous pour appuyer les meilleures pratiques.

 

Source: CRE Montréal

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