Déneiger de façon plus écologique

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Par Amaury Paul

 

Mots-clés : abrasif, hiver, déneigement, sel

 

Photo de Saperaud – Wikipedia commons

Le déneigement des rues durant la période estivale est source d’une grande pollution, à cause de l’épandage de chlorure de sodium. Sur les quelque 230000 kilomètres de voiries du Québec, près d’1,5 million de tonnes y sont épandues chaque année, selon les relevés du ministère des Transports. À l’échelle fédérale, ce sont près de 5 millions de tonnes qui sont consommés annuellement, faisant du Canada le deuxième plus gros consommateur au monde derrière les Etats-Unis. Y a-t-il moyen de déglacer les rues par des produits moins toxiques ?

 

Sel contaminant

Peu perceptible au premier abord, l’utilisation du chlorure de sodium pèse lourd sur l’environnement. Les résidus de sel qui s’envolent dans l’air impactent ainsi la végétation alentour. Ils peuvent également contaminer des milieux humides. Au printemps, des mares salines se forment le long des routes, ce qui peut avoir des effets sur la faune voisine. En définitive, l’utilisation du sel l’hiver a des conséquences négatives sur les nappes aquifères, le sol, la flore, la faune et les infrastructures.

Conscient de la problématique, Environnement Canada reconnaît en 2004 le caractère toxique du chlorure de sodium. Dès lors, des initiatives inspirées des Etats-Unis et du reste du Canada, moins nocives pour l’environnement, ont vu le jour.

 

Des fondants routiers dérivés de légumes

La société SEBCI Inc a ainsi mis au point au milieu des années 2000 l’Abra-Mag, un abrasif basé sur un concentré de maïs. Joint par GaïaPresse, Jacques Raymond, ingénieur à SEBCI Inc, détaille son produit. « L’idée, c’est de remplacer le chlorure de sodium » par un mélange de « chlorure de magnésium, de sucre, et un inhibiteur de corrosion ».

« Le liquide déglaçant va conférer à l’abrasif une humidité qui ne gèlera pas ». De fait, le liquide reste sur la route, quand le sel est fréquemment renvoyé sur ses bas-côtés. En outre, « un abrasif humide rend la route plus sécuritaire ».

L’Abra-Mag, selon lui, est efficace jusqu’à -35 degrés Celsius, quand le sel classique devient inopérant passé les -20 degrés.

Si Jacques Raymond admet que son coût est plus cher à l’achat, son efficacité rend l’investissement rentable, permettant de sauver « jusqu’à 20 % du volume total d’abrasif utilisé pendant l’hiver ».

 

De la même manière, Eco-Forma a développé un abrasif à base de « betteraves à sucre », explique son président, Joël Shugar. Baptisé Fusion, le déglaçant est « efficace jusqu’à -30 degrés, et reste actif plus longtemps sur la chaussée », poursuit le président d’Eco-Forma. Le produit peut être appliqué de façon préventive la veille de chute de neige. Il peut aussi être mélangé avec du sel ou du sable, permettant une « réduction incroyable de la quantité de sel qu’il faut appliquer. Pour une application conventionnelle, il faut 120 à 250 kilogrammes de sel par kilomètre de voie », poursuit-il. Avec Fusion, « 9 kilogrammes de sel par kilomètre de voie » suffisent.

Fusion est « peut-être un peu plus cher à l’achat au litre » que d’autres, reconnaît Joël Shugar. Toutefois, la concentration du produit permet de faire des économies à moyen et long terme.

Depuis quatre ans, le produit est utilisé sur le pont Olivier-Charbonneau sur l’autoroute 25. Un projet pilote est également en cours sur pour le pont Jacques-Cartier, et le ministère des Transports s’en sert déjà dans les Cantons-de-l’Est, en Gaspésie et à Cacouna. Des municipalités, comme Saint-Adèle, l’ont également adopté.

 

Signe que« les pressions sont fortes au niveau de l’environnement », comme l’explique Jacques Raymond, ces initiatives font des émules.

L’entreprise Bourget vient ainsi de mettre au point unsel déglaçant traité à l’aide d’une solution liquide et d’un additif naturel qui contient aussi un inhibiteur de corrosion. Mélangé, le sel est plus efficace malgré une quantité inférieure épandue sur les routes. Ce qui amène là aussi des économies à moyen et long terme, tout en impactant moins l’environnement.

 

Pour autant, il faut des « années pour convaincre les clients » conclut Joël Shugar. Le sel a encore de beaux jours devant lui. 

 

Source: GaïaPresse

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