Une maladie animale dévastatrice en ligne de mire

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Photo de Marwa morgan – Flickr

Le monde peut définitivement mettre fin à un fléau qui fait des ravages parmi les caprins et les ovins, libérant des centaines de millions de familles rurales d'une des plus grandes menaces qui pèsent sur leur sécurité alimentaire et leurs moyens d'existence.

La FAO et l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) présenteront une stratégie d'éradication totale de la peste des petits ruminants (PPR) d'ici 2030 lors d'une conférence internationale qui s'ouvre aujourd'hui à Abidjan, capitale de Côte d'Ivoire, où fut effectué le premier dépistage de la maladie dans les années 40.

La Peste des petits ruminants, qui s'est propagée rapidement au cours des quinze dernières années, est désormais présente dans environ 70 pays, de l'Asie du Sud et de l'Est à l'Afrique et au Proche-Orient, et risque de prendre pied en Europe si elle n'est pas maîtrisée. Elle peut tuer jusqu'à 90 pour cent des animaux infectés si les troupeaux ne sont pas vaccinés.

Jusqu'à présent, la peste bovine est la seule maladie animale à avoir été éradiquée. Au terme d'une campagne menée par la FAO et l'OIE en 2011, les deux organisations ont déclaré le monde libéré de ce fléau à l'origine de nombreuses famines.

"Si une avancée majeure comme l'éradication de la peste bovine peut être reproduite pour une autre grande maladie animale transfrontière telle que la PPR, l'impact positif sur les moyens de subsistance des agriculteurs, la sécurité alimentaire de toutes les communautés, les Objectifs du Millénaire pour le développement et le défi Faim Zéro des Nations Unies sera considérable", a déclaré le Sous-Directeur général de la FAO pour l'Afrique, Bukar Tijani, à l'ouverture de la Conférence internationale FAO et OIE pour la lutte et l'éradication de la PPR (31 mars-2 avril).

"Il est primordial, pour le succès de la campagne pour le contrôle et l'éradication de la PPR, de pouvoir compter sur des services vétérinaires solides et bien financés et des vaccins conformes aux normes internationales de l'OIE", a souligné le Directeur général de l'OIE, Bernard Vallat.

 

Un virus aux nombreux impacts

Selon les experts de santé animale de la FAO et de l'OIE, les outils techniques pour parvenir à l'éradication sont déjà disponibles. La PPR est un virus étroitement lié à la peste bovine, avec laquelle elle partage des traits qui en font une cible idéale pour une campagne d'éradication pure et simple. Un vaccin peu coûteux, sûr et fiable, existe, de même que des tests de diagnostic simples, tandis que le virus a une phase infectieuse relativement brève et ne survit pas longtemps en dehors de l'hôte.

Les avantages économiques liés à l'éradication complète de la PPR sont multiples. Quelque 2,1 milliards de petits ruminants dans le monde – 80 pour cent d'entre eux dans les régions affectées – représentent un atout important pour un tiers des ménages ruraux pauvres des pays en développement. Les caprins et les ovins s'adaptent aisément aux environnements rudes, ont besoin d'un faible investissement en capital fixe comme des étables, offrent des protéines et des produits laitiers toute l'année ainsi que des revenus tirés de la laine et des peaux, améliorent la fertilité du sol, et servent de "banque mobile". Comme ce sont les femmes qui sont souvent propriétaires ou s'occupent des chèvres et des moutons, les animaux ont un rôle important à jouer dans une plus grande égalité entre les sexes.

La maladie, qui provoque de fortes fièvres, une émaciation rapide et une détresse respiratoire, cause des pertes mondiales annuelles évaluées entre 1,45 et 2,1 milliards de dollars, un chiffre qui ne comprend pas les pertes indirectes liées aux restrictions commerciales et à la mobilité du bétail déclenchées par les épidémies.

La FAO et l'OIE soulignent également que la campagne soutiendra les systèmes vétérinaires du contexte local au niveau national.

Sans un effort concerté visant à l'éradication, le prix global à payer pour des vaccinations contre la PPR mal ciblées oscillera probablement de toutes façons entre 4 et 5,5 milliards de dollars au cours des 15 prochaines années. Dans cette fourchette, la FAO et l'OIE estiment que des efforts adéquatement ciblés et coordonnés peuvent être concentrés pour éliminer une fois pour toutes ce fléau sans devoir encourir les frais actuels liés à la répression des foyers de PPR ou de nouvelles incursions.

 

Il faut un engagement politique

La réussite de la campagne dépend de la volonté politique de fournir des ressources financières et humaines, notamment des mécanismes de diffusion efficaces pour livrer les vaccins et garantir la collaboration des populations vulnérables dans les zones rurales, ainsi que des chercheurs et sociétés pharmaceutiques.

Des représentants de quelque 70 pays participent à la conférence d'Abidjan, aux côtés de représentants des organismes donateurs, de la communauté scientifique, du secteur privé et de la société civile.

 

Source: FAO

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