La collecte sélective et la consigne, des outils complémentaires

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L’Association des organismes municipaux de gestion des matières résiduelles (AOMGMR) est surprise des informations rendues publiques ce matin, relativement à certains aspects de l’étude du CREATE, mais satisfaite des orientations qui semblent se dessiner. En effet, l’organisme est en accord avec la coexistence du système de consigne et celui de la collecte sélective, ces outils étant considérés comme complémentaires.

Le verre fait partie des matières problématiques que l’on récupère dans le cadre de la collecte sélective et qui représente un défi particulier de mise en valeur. Comme le soulignait le président de l’AOMGMR, monsieur Réjean Pion : «Pour la majorité des centres de tri, cette matière est source de nombreux problèmes, notamment l’usure prématurée des convoyeurs et l’augmentation de la fréquence des bris d’équipement. Le verre recueilli via la collecte sélective est également une source de contamination croisée qui a pour effet de réduire la qualité de cette matière et des autres matières récupérées, entraînant conséquemment une diminution de leur valeur marchande. Avec un système de consigne des bouteilles de vin et de spiritueux, on réduirait de façon importante la quantité de verre dirigée vers les centres de tri. D’autre part, cette alternative favoriserait également une réduction du volume de verre qui est actuellement dirigé vers l’enfouissement…».

Bien que le programme de consigne ait démontré son efficacité pour d’autres contenants, on ne peut envisager la possibilité raisonnable de retirer du bac bleu, tout le verre qu’on y retrouve. Les pots, bocaux, ainsi que le verre spécialisé, notamment celui résistant à la chaleur et aux micro-ondes, devraient donc continuer d’être recueillis via la collecte sélective.

Dans le présent contexte, le taux de contamination de la matière qui entraîne une faible valeur marchande du verre mixte, les marchés limités pour la matière recueillie ainsi que les coûts de transport élevés ont contraint de nombreux centres de tri à diriger cette matière vers des lieux d’enfouissement technique (LET) afin qu’elle soit valorisée comme matériel de remblai et pour des travaux de génie civil, plutôt que recyclée. Actuellement, le verre suit un parcours linéaire qui va de l’extraction des matières premières à la fabrication de contenants servant à mettre en marché divers produits, notamment des boissons alcoolisées. Ces contenants sont récupérés par la collecte sélective et même s’ils sont triés, ils ne réintègrent pas l’économie circulaire, faute de débouchés accessibles et à valeur ajoutée. L’AOMGMR considère que cette situation doit être corrigée dans les meilleurs délais.

L’expérience a démontré que la consigne, sans faire appel à des fonds publics, permet non seulement le réemploi des contenants à remplissages multiples, mais elle assure également une valeur ajoutée de la matière récupérée à des fins de recyclage en limitant la contamination. D’ailleurs, les statistiques révèlent un taux de récupération supérieur pour les contenants consignés et les informations rendues publiques ce matin rappellent le récent sondage de Léger Marketing qui révèle que 89 % des québécois iraient rapporter leurs bouteilles de vin si elles étaient consignées. Cette méthode de récupération incarne deux grands principes qui sont à la base de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles, soient celui de la responsabilité élargie des producteurs (REP) et celui de l’utilisateur/payeur. Pour les municipalités, la gestion des matières résiduelles est plus qu’une responsabilité visant la mise en oeuvre de mesures pour l’atteinte d’objectifs de valorisation fixés par le gouvernement. C’est d’abord et avant tout une question de contrôle des nuisances et de salubrité publique. À cet effet la consigne a un impact indéniable, si on considère que les contenants consignés demeurent rarement bien longtemps dans les espaces publics (parcs, boisés, fossés, terrains vagues, etc.).

L’AOMGMR est d’avis que le maintien de la coexistence et de la complémentarité des deux systèmes de récupération des contenants, en l’occurrence la consigne et la collecte sélective, doit être favorisé. Dans ce contexte, il apparaît évident que les deux systèmes doivent cependant être modernisés, actualisés et optimisés. Des gestes devront être posés dans les meilleurs délais par le gouvernement afin de favoriser le recyclage du verre provenant des bouteilles de vin et de spiritueux, car cette portion des résidus de verre constitue un pourcentage important du verre actuellement en circulation. Pour ce qui est de la collecte sélective, elle devrait permettre de gérer une matière de meilleure qualité, tout en limitant le volume de verre récupéré par cette voie de collecte aux seuls contenants non pris en charge par la consigne, afin de transformer cette matière en produits à valeur ajoutée ou en favorisant son utilisation dans des marchés locaux. Des programmes de subvention pour la recherche et le développement de nouveaux débouchés devraient également être rendus disponibles.

En conclusion, l’Association des organismes municipaux de gestion des matières résiduelles est d’avis qu’il est essentiel que des moyens économiques suffisants et concrets soient mis de l’avant dès 2015 afin de dénouer l’impasse qui perdure depuis la fermeture des entreprises québécoises de valorisation du verre. Il faut cesser d’opposer la consigne à la collecte sélective municipale et il est plutôt temps d’envisager l’optimisation des deux modes de récupération des matières recyclables, en considérant la cohabitation et la complémentarité de ceux-ci, ainsi que le développement des marchés pour l’ensemble des matières recyclées.

 

Source: Association des organismes municipaux de gestion des matières résiduelles

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