Boule de flèches et autre pyramide de l’écodécision

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Par Éliane Brisebois
Journaliste indépendante et candidate à la maîtrise en sciences de l’environnement de l’UQAM

 

S’il y a une image qui vient à l’esprit lorsque l’on pense à l’œuvre de l’écologiste Pierre Dansereau, c’est souvent la fameuse « boule de flèches », ce modèle qui représente les différentes interactions entre les composantes des écosystèmes. Mais les représentations et le matériel visuel issus des travaux du chercheur ne se limitent pas à cette schématisation. Photographies d’expédition et de voyage, cartes, dessins botaniques et autres modèles font partie d’une exposition présentée du 6 au 8 mai au Cœur des sciences de l’UQAM dans le cadre de la Semaine Pierre-Dansereau en sciences de l’environnement.

Plusieurs panneaux qui composent cette exposition ont été repris de ce qui avait été produit à l’occasion du100eanniversaire de naissance de Pierre Dansereau, en 2011. L’ensemble de l’exposition résulte du travail de la cartothèque de l’UQAM, en collaboration avec le Département de géographie et le Service des archives de l’université. Les panneaux illustrent et expliquent différents moments et travaux de recherche de la carrière de Dansereau, de la «Boule de fèches», en passant par l’Expédition Baird à l’île de Baffin en 1950, jusqu’à ses travaux sur l’éthique environnementale et sa pyramide de l’éco-décision.

L’exposition permet également de découvrir des cartes de l’Amérique du Nord et du Sud illustrant la structure de la végétation mondiale selon la classification de cette dernière parDansereau. Cette représentation a le mérite d’offrir un portrait de la végétation mondiale du 20e siècle et peut servir de référence dans un contexte de changements climatiques, précise Daniel Garneau, qui travaille à la cartothèque de l’UQAM.

Le géographe a été collaborateur de Pierre Dansereau pendant 22 ans, après que celui-ci ait été son directeur de mémoire à la maîtrise en sciences de l’environnement. La cartographie de la structure de la végétation continent par continent est l’un des premiers travaux que Dansereau lui a confié. «Ces cartes n’ont malheureusement jamais été publiées… M. Danserau voulait les intégrer dans son opus magnum — il avait désigné comme ça la suite de son œuvre Biogeography — mais finalement, il aimait mieux dire oui aux étudiants qui venaient le solliciter pour diriger leurs mémoires ou thèses. Alors il repoussait toujours et travaillait de temps en temps sur son livre… Il y a une portion de ce travail qui est maintenant aux archives [de l’UQAM], mais j'ignore le pourcentage du travail accompli par rapport à ce qu'il prévoyait faire », raconte M. Garneau.

Pour avoir passé autant d’années auprès de Dansereau, ce dernier connaît maintes histoires et anecdotes de la vie du grand scientifique. Le panneau sur l’expédition en Terre de Baffin fait un « clin d’œil à une étape importante de la carrière de Dansereau », rapporte M. Garneau qui précise que ce sont les publications résultant de ce voyage qui ont permis au chercheur de se faire une place dans la communauté scientifique internationale. Invité à titre d’écologiste et de botaniste, M. Dansereau était alors accompagné de sa femme, Françoise Masson, qui agissait à titre de peintre pour représenter les paysages du Nord et de cuisinière pour l’équipe de scientifiques.

« En terre de Baffin, il y a un passage… À cette époque, la toponymie ne permettait pas de nommer des lieux du nom d’une personne si elle était encore vivante, explique Daniel Garneau. Lors de ce séjour-là, à un moment donné, M. Dansereau était à un bout d’un passage, d’un canyon, et sa femme était à l’autre bout pour faire une toile. Ils se sont rejoints quelque part à mi-chemin et, pour souligner cette rencontre, on a nommé le lieu “Revoir Pass” en leur honneur, car on n’avait pas pu l’appeler Dansereau ».

Outre les panneaux de l’exposition, des œuvres écrites par Pierre Dansereau et d’autres liées à sa carrière, dont des livres rares et La flore laurentienne du frère Marie-Victorin, sont présentées à la bibliothèque centrale et à celle des sciences de l’UQAM. Des livres aux cartes du monde, toutes les façons sont bonnes pour découvrir le pionnier de l’écologie qu’était Dansereau.

Pour consulter la programmation de la Semaine Pierre-Dansereau en sciences de l’environnement : https ://pierredansereau.uqam.ca

 

Source : Gaïa Presse

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