Nouveau rapport de la SNAP : Plusieurs faiblesses dans la protection des milieux marins au Canada

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Dans son rapport annuel publié ce matin, la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) dresse un bilan de la protection des milieux marins au Canada. Constat doublement accablant cette année : non seulement le pays demeure-t-il l'un des pires en matière d'aires marines protégées (AMP), mais les AMP déjà existantes ont souvent une réglementation trop faible qui empêche une protection efficace de la biodiversité et qui prête à confusion.
 

Une réglementation peu contraignante 

L'objectif premier des aires marines protégées (AMP) étant la protection de la biodiversité, l'on pourrait s'attendre à ce que ces territoires marins bénéficient d'une protection accrue. Pourtant, le rapport révèle que plusieurs activités humaines néfastes ne sont pas interdites dans bon nombre d'AMP au Canada – y compris l’exploration pétrolière et gazière, la pêche commerciale à grande échelle ainsi que le dragage et le déversement de déchets.
Dans certains cas, il devient même difficile de distinguer en quoi les activités pratiquées à l'intérieur des AMP diffèrent de ce qui est permis à l'extérieur. Au total, à peine 0,11 % du patrimoine océanique canadien est entièrement fermé à toute forme d’activité extractive – une proportion moindre que celles de la Russie, de l'Afrique du Sud, ou encore de l'Arabie Saoudite.
« Il est scientifiquement démontré que de solides réseaux d’AMP favorisent la durabilité et la régénération des pêches. Des AMP correctement gérées peuvent également assurer la résilience des océans dans un contexte de lutte aux changements climatiques. Toutefois, nous craignons que la faiblesse de la réglementation canadienne ne permette pas d'atteindre ces bénéfices », constate Sabine Jessen, directrice national du programme Océans de la SNAP.
 

Prendre les bouchées doubles

Le Canada et le Québec étant tous les deux fortement déficitaires en AMP, les inquiétudes de la SNAP quant à la conservation marine sont plus fortes que jamais.
Selon Patrick Nadeau, directeur général de la SNAP Québec, il faut d'abord accroître significativement le territoire marin protégé :
« Le Québec compte seulement deux aires marines protégées qui représentent tout juste 1 % de son patrimoine marin. Qu'attend-on pour protéger des sites comme les Îles-de-la-Madeleine, l'Estuaire maritime et le Banc des Américains, qui sont à l'étude depuis de nombreuses années et dont la biodiversité est irremplaçable? ».

M. Nadeau fonde par ailleurs beaucoup d'espoir dans la Stratégie maritime du gouvernement québécois qui doit être dévoilée incessamment : « Avec des investissements de 1,5 milliards d'ici 2020, nous osons croire que la Stratégie maritime comprendra des mesures pour rattraper le retard en matière d'aires marines protégées. On ne peut construire un plan économique sur le dos du Saint-Laurent sans se préoccuper de la santé de cet écosystème ».

Des efforts devront aussi être engagés quant à la réglementation déficiente qui encadre les AMP partout au Canada.
« Nous recommandons que les gouvernements fédéral et provinciaux adoptent une approche beaucoup plus proactive afin de mettre en place des règlements clairs et rigoureux pour les aires marines protégées, afin qu’elles soient à la hauteur de leur désignation », fait valoir Sabine Jessen.

Cela demandera notamment de revoir la législation fédérale afin d'y interdire les activités néfastes actuelles et à venir.


Pour télécharger le rapport complet (en pdf) cliquez ici

 

Source: SNAP Québec

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