Stratégie maritime du Québec: Neuf milliards d’investissements, trop peu pour l’environnement

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La Fondation David Suzuki réserve un accueil mitigé à la stratégie maritime annoncée aujourd’hui par le gouvernement du Québec. Bien qu’elle appuie le recours accru au cabotage et au transport maritime comme alternative au transport routier, elle déplore la timidité de la stratégie en matière de protection du fleuve Saint-Laurent et de ses écosystèmes et s’inquiète des impacts potentiels d’un transport accru d’hydrocarbures et de trafic à fort tonnage sur le fleuve.

 

Pour Karel Mayrand, directeur général de la Fondation pour le Québec : « Le fleuve Saint-Laurent est un joyau environnemental qui coule dans nos veines : il est la source d’eau potable de 43 % des Québécois et abrite 27 000 espèces, soit une biodiversité plus grande que celle de la mer de Caraïbe. Il est déplorable que malgré des investissements prévus de 9 milliards $, rien de concret ne soit prévu pour améliorer la qualité de l’eau du fleuve ou protéger ses écosystèmes. »

 

La stratégie maritime reporte à 2020 l’objectif de porter à 10 % la superficie d’aires marines protégées dans le Saint-Laurent sans proposer de calendrier ou d’investissements précis à cet égard. Pour M. Mayrand : « la cible de 10 % est connue depuis des années et rien n’a encore été fait. Des projets d’aires marines protégées comme le banc des Américains sont prêts à être créés. Qu’attend-on encore? » La Fondation rappelle que le fiasco du projet de port pétrolier à Cacouna aurait été évité si une aire marine protégée avait été créée pour protéger la pouponnière des bélugas.

 

La Fondation rappelle également que la multiplication par quatre des quantités de pétrole transportées dans la vallée du Saint-Laurent et sur le fleuve par pétrolier, convois ferroviaires ou oléoducs soulève de nombreux risques pour les écosystèmes du fleuve et l’eau potable des Québécois. En partenariat avec WWF-Canada et la SNAP-Québec, la Fondation a publié une cartographie de ces risques en février 2015 qui conclut que le développement du transport pétrolier dans le bassin du Saint-Laurent ajoute des pressions cumulatives incompatibles avec le maintien de l’intégrité de ses écosystèmes. À cet égard, l’annonce de la création d’un centre d’expertise sur les déversements de matières dangereuses aux iles de La Madeleine ne réduira en rien les risques pour les Québécois ou les écosystèmes.

 

La Fondation est préoccupée par le développement du pôle logistique Vaudreuil-Soulanges qui empiètera sur le territoire de la Ceinture verte du Grand Montréal et sur les meilleures terres agricoles du Québec. La Fondation s’inquiète finalement que l’intensification du trafic maritime mène à des pressions accrues pour procéder au dragage du lit du fleuve afin d’augmenter le tonnage des navires. Un tel dragage serait désastreux pour les écosystèmes du fleuve, notamment celui du lac Saint-Pierre.

 

Source: Fondation David Suzuki

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