Le Festival des mini-maisons annonce une nouvelle tendance en habitation au Québec

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Par Simon Paré

 

À Lantier, dans les Laurentides, se déroulait le premier Festival des mini-maisonsau Canada. De nombreux exposants, entrepreneurs, gestionnaires, investisseurs accueillaient les nombreux spectateurs venus de partout au Québec, voire même d’Europe. C’est directement sur le lieu du premier projet P3Dque la foule était conviée à choisir entre des visites de tiny houses, des jeux ou des conférences.

La « tiny house » demeure une appellation usitée dans le milieu de l’écoconstruction dû à son origine états-unienne. Cette origine, certains conférenciers l’attribue à Jay Shefer, l’instigateur du mouvement des tiny houses, pour d’autres, les mini-maisons s’imposèrent naturellement comme une nécessité après la crise économique de 2008 ou même avant en réponse au problème d’accessibilité des ménages américains à la résidence. Tout de même, ce qui semble faire l’unanimité à travers le mouvement, c’est qu’en construisant une maison différemment, l’on érige un mode de vie alternatif.

 

Des conférenciers inspirant

Un jeune couple ayant pour page Facebook Chicou Tiny Housenous ont entretenu sur leur nouvelle façon de vivre avec leur mini-maison portative à travers le Québec. Ayant parti de rien, ayant économisé avec de petits emplois, avec peu de compétences en construction, Yoan et Gaëlle se lancèrent à l’aventure. Gaëlle remet en question notre façon de vivre, de penser même lorsqu’elle dit « pourquoi avoir hâte d’aller au chalet ou au camping lorsqu’on peut vivre ainsi toute l’année ». Ces questionnements, ce sont les pistes de réflexion que le couple nous offre lors de la conférence, questionnements qui débouchèrent à leur choix actuel. Pour eux, il n’est pas normal de s’endetter pour se loger. Yoan et Gaëlle soulève tout de même le problème répété de ne pas pouvoir arrimer leur mini-maison où ils veulent. Auquel problème Gaëlle répond : « Il faut user de créativité, en Estrie par exemple, l’on nous permet de mettre notre Tiny dans un parc de maisons mobiles ».

Un autre conférencier, Martin Bisson, est propriétaire de Lumbec, une entreprise spécialisée dans les cabanons et abris extérieurs qui a élaboré et construit un prototype de mini-maison.  Pour M. Bisson « les gros entrepreneurs n’ont pas intérêt à populariser les micro-maisons ». Malgré cette phrase qui peut avoir les allures de slogan publicitaire, M. Bisson a été très sincère sur la réalité de ce marché. Ce que Lumbec propose c’est d’aider les particuliers qui veulent se faire construire une mini-maison. Car pour l’instant, trouver des constructeurs et fabricants n’est pas chose facile. D’ailleurs, la demande encore modeste pour ce type d’habitation fait que les coûts de construction sont pour l’instant relativement élevés. Sans compter que l’investisseur ne retrouvera pas à court terme son investissement s’il revend selon M. Bisson. À cela, se rajoute que l’entreprise ne se risque pas pour l’instant à fixer l’habitation sur un terrain vu que les législations municipales sont rarement claires sur leur désir de voir s’établir ou non ce type d’habitation sous leur juridiction.

 

De nombreux problèmes législatifs…

Le problème principal selon M. Bisson c’est que les municipalités peuvent décider de la superficie minimale que doit couvrir une habitation pour être conforme à sa loi. Elle va aussi pouvoir décider si l’habitation doit être fixe ou non, si oui, comment. Malgré cela, M. Bisson se fait optimiste en disant que « le lobby de la micro-maison au Québec, c’est vous autres ». Chaque individu à la chance de mettre une pression sur le politique afin de faire infléchir les conseils municipaux et départements d’urbanisme. Les mairies ne sont pas toutes fermées. À preuve, une représentante de la mairie des Saints-Martyrs-Canadiens à pris la parole à la fin de la conférence de M. Bisson en invitant les intéressés à bien vouloir présenter leur projet à la municipalité. Ceci étant dit, M. Bisson prévient que l’incompatibilité législative peut se rencontrer à d’autres niveaux, comme le Code national du bâtiment (non-conformité sur le nombre de pièce par exemple), la Commission des transports (poids maximal pour les remorques) et le Ministère de l’environnement (pour la gestion des eaux grises et noires).

 

Une visée politique

La voix la plus radicale politiquement a été portée par la conférence de l’entreprise d’économie sociale Habitat Multi Générations (HMG), organisatrice de l’événement. Pour le seul promoteur immobilier organisé en OBNL au Québec, il est inacceptable que 50% des ressources naturelles soient accaparées par l’industrie immobilière, qu’en 12 ans le prix des maisons à bondit de 150% et que 28,3% du budget des ménages soit consacré au logement. Surtout, dans un contexte économique de stagnation ou presque des salaires, selon HMG. Avec les P3D, ces projets intégrés d’habitation, le « fil conducteur est l’autonomie ». Par exemple, en développant des habitations passives l’on peut se passer davantage d’Hydro-Québec, en payant les mini-maisons à faible coûts l’on diminue notre dépendance envers les banques, en exploitant des serres et jardins communautaires l’on est moins dépendant des exportations de denrées venant de l’étranger.

Au final, Lantier était un dépaysement de par son éloignement, sa faune et sa flore, mais aussi par son mode de vie proposée.

 

Source: GaïaPresse

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