Taxer les pesticides pour réinvestir dans les solutions en agroenvironnement

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Le 21 octobre dernier, Radio-Canada dévoilait que les quantités de pesticides vendus et leurs résidus retrouvés dans les cours d'eau du Québec atteignent des niveaux record, alors même que la province s'était fixée comme objectif d'en diminuer l'usage de 25% pendant la décennie 2011-2021. Force est de constater que l’inaction de l’état en agroenvironnement a des conséquences graves sur la santé des populations rurales et celle du public en général. La Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPÉ) et ses membres souhaitent partager leurs propositions pour inverser la tendance actuelle.
 
La CAPÉ propose au gouvernement du Québec d'instaurer une taxe sur les pesticides qui pourrait être modulée en fonction de l’indicateur de risque d’un pesticide. Selon le taux de taxation, cette mesure d’écofiscalité pourrait servir à dégager des montants allant jusqu’à 77 millions de dollars par année. Ces sommes devraient être réinvesties en agroenvironnement notamment dans le remboursement des frais de certification biologique, dans un réinvestissement en recherche agricole et au sein du ministère de l'agriculture du Québec (MAPAQ).
 
Le ministre de l'agriculture du Québec, M. Pierre Paradis, invoquait cette semaine le « droit de savoir du consommateur » et prônait un meilleur étiquetage des produits. La CAPÉ souhaite rappeler au ministre et à la population québécoise que l'appellation biologique, un terme réservé au Québec depuis 1997, permet aux consommateurs de faire des choix de consommation éclairés et bien informés. Le mode de production biologique interdit l'utilisation de pesticides et fertilisants de synthèse et d'organismes génétiquement modifiés; il prône une approche misant sur la santé des sols et des écosystèmes.
 
L'accroissement des superficies cultivées sous régie biologique engendre une réduction des ventes de pesticides et de la pollution qu'ils engendrent. La participation financière du gouvernement aux frais de certification biologique lancerait non seulement un message fort en faveur de la production biologique, elle contribuerait aussi à augmenter les superficies biologiques et la compétitivité des agriculteurs biologiques d'ici. « À l'aire du libre-échange, il est crucial que les producteurs biologiques québécois reçoivent un soutien semblable à celui offert à leurs voisins du sud, qui bénéficient d'un remboursement de 75% des frais de certification biologique» explique François Handfield, président de la CAPÉ. Un
consensus se dessine au Québec sur cette question alors que la CAPÉ a su rallier l'Union des producteurs agricoles (UPA) et l'Union paysanne (UP) à sa proposition.
 
À l'instar de l'UPA, la CAPÉ soutient qu’il faut réinvestir dans la recherche en agroenvironnement. Ce secteur a subi des coupures budgétaires de 90% depuis 2013. L'accompagnement aux producteurs et l'expertise disponibles au sein même du MAPAQ sont aussi en déclin et la CAPÉ croit fermement qu'un réinvestissement massif s'impose pour offrir au gouvernement et aux producteurs de toutes les régions une vision et des conseils indépendants des dictats de l'industrie agrochimique.
 
Finalement, la CAPÉ propose qu'un minimum d'un cours portant exclusivement sur les pratiques biologiques soit intégré au cursus scolaire des futurs agronomes. En effet, nombre de pratiques obligatoires en agriculture biologique sont transférables au mode de production conventionnel et peuvent contribuer à réduire l'utilisation des pesticides et augmenter la rentabilité des cultures pour les producteurs.
 
Source : Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique – CAPÉ
 
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